Années 1940. Une famille de paysans pauvres du Nordeste fuit la sécheresse et la famine. Après une éprouvante marche dans le Sertão, elle parvient jusqu'à la maison délabrée de Tomas, un ami parti tenter sa chance en d'autres contrées. Fabiano, le chef de famille, est embauché comme vacher auprès d'un fazendeiro ayant employé Tomas. La vie n'est guère facile et Fabiano a contracté une dette auprès de son patron. Un dimanche, avant une fête folklorique, Fabiano est provoqué aux cartes par un agent de police. Bien qu'ayant gagné régulièrement, il est frappé et traîné en prison. Libéré, il se remet au travail. Mais, la sécheresse sévit à nouveau. Le couple de paysans et leurs enfants repartent sur les chemins, cherchant désespérément des terres fertiles...
Fiche technique
Titre du film : Sécheresse
Titre original : Vidas Secas (littéralement : Vies sèches)
« Vidas Secas est un projet ancien lorsque son éclat contribue à assurer le triomphe futur du Cinema Novo »[2] : entrepris en 1960, le tournage est interrompu, en raison de violentes pluies diluviennes, et repris deux ans plus tard. La version cinématographique du roman de Graciliano Ramos, due à Nelson Pereira Dos Santos, épouse un parti pris de sobriété et de dépouillement. Le film préserve l'aspect documentaire et fantastique du roman. « Le paysage précis et hallucinatoire, que décrit Ramos, est le véritable héros du livre. C'est lui qui commande l'action ou le vouloir des hommes », écrit Marta Mosquera[3].
Le titre original du film est, par ailleurs, significatif. « Il indique que la matière filmique de Pereira Dos Santos veut être avant tout une description d'ordre phénoménologique, de vies multiples ayant comme dénominateur commun la sécheresse. » Celle d'un Sertão« aride et poussiéreux, tout un hiver bourdonnant, aveuglant et chaud, sur lequel la sécheresse donne au décor [...] une présence fantômatique. L'enfer, à coup sûr, selon l'imagerie chrétienne et folklorique du Brésil. » Puis, celle d'une vie animale, titubante et assoiffée, composée de « bovins, tournant des têtes affolées et mourantes vers d'impossibles rêves d'eau. » Et, vie humaine, finalement, peu différente des autres : « Les hommes ici vivent et survivent, suivant le rythme des saisons, partagés entre l'espérance des pluies et le dégoût de la sécheresse. »[4] Vie monotone et sans issue. « Fabiano, sa femme et ses enfants sont des prototypes d'humains misérables, ravalés aux formes de l'existence primaire, exploités à la fois par le despotisme des propriétaires terriens et celui du sertão, asséchés dans un univers tragique dont l'implacabilité devient le symbole même de la destinée. »[5]
Vidas Secas« a la rigueur d'une épure et l'émotion s'y distille avec mesure. »[6]« Sa force est censée jaillir de la description documentaire la plus nue », écrit Jacques Lourcelles[7].
C'est, surtout, en raison de son réalisme critique - réquisitoire accablant sur la condition paysanne dans le Nordeste brésilien entre 1940 et 1942 - que le film se rattache à l'esprit du Cinema Novo. Nelson Pereira Dos Santos rappelait, pour sa part, le caractère toujours brûlant du sujet : « Le roman Sécheresse a été écrit avant la guerre... C'est toujours la même chose, ce qui a changé ce sont quelques apparences. On y voit des camions et des jeeps, mais les relations entre les travailleurs et les propriétaires terriens sont identiques. »[8]