Japarov est diplômé de l'Institut d'État kirghiz de la culture physique en 1991 avant de travailler dans le secteur pétrolier[1].
Parcours politique
Député
En 2005, il est élu au Parlement avec le parti Kelechek. Il est réélu en 2007 sous l'étiquette du parti présidentiel Ak Jol(en). Après la révolution de 2010, il est réélu, cette fois sous l'étiquette d'Ata-jourt où il devient rapidement l'un des membres les plus influents[1].
En 2012, il devient président du groupe parlementaire Ata-jourt[2]. Le , Kamtchybek Tachiev, Sadyr Japarov et Talant Mamytov organisent une manifestation à l'extérieur du parlement pour réclamer la nationalisation de la mine de Kumtor. Ils sont arrêtés dans la foulée. Le , il est condamné à un an et demi de prison[3]. Le , le tribunal de seconde instance relaxe les trois prévenus. Le , la Cour suprême les condamne à un an et demi de prison. Ayant déjà purgé une partie de la peine, ils sont libérés[4]. Le , il est déchu de son mandat de député par la commission électorale[5].
Exil
En 2015, alors qu'il est en exil en Pologne[6], il rejoint Mekentchil[7], qu'il dirige jusqu'en 2017[8]. Il vit ensuite entre Chypre, le Kazakhstan, la Russie et la Turquie[9].
Emprisonnement
En , à son retour d'exil, il est arrêté, accusé d'être le commanditaire de la prise d'otage du gouverneur de Karakol en , alors qu'il se trouvait à l'extérieur du pays[10],[11]. Il déclare que son arrestation est motivée politiquement[12]. En , il est retrouvé mutilé dans sa cellule dans ce qui est perçu comme une forme de protestation[1]. En , il est condamné à onze ans et demi de prison[10].
Pendant sa détention, il perd son père en , sa mère en 2019 et son fils dans un accident de la route la même année à l'âge de 27 ans[10],[14].
Élections législatives de 2020
Il est à la tête de Mekenchil qui présente une liste pour les élections législatives du [15], mais qui n'obtient aucun siège au Conseil suprême. Le parti manque ainsi de peu la barre des 7 % et d'obtenir ainsi des députés[16].
Premier ministre
Par intérim
Les résultats du scrutin débouchent sur des manifestations au cours desquelles, le , Japarov est libéré et désigné Premier ministre par intérim par le Parlement[17],[18]. Ses partisans proposent de le nommer président en remplacement de Sooronbay Jeenbekov[19]. Sa nomination est cependant contestée par le Conseil de coordination[20]. Il déclare que la Cour suprême l'a acquitté dans la foulée[21], mais ces informations sont démenties quelques jours plus tard[22].
Il annonce l'organisation d'élections législatives dans les deux à trois mois[20].
Le , le Parlement se réunit à nouveau et approuve le gouvernement de Japarov à l'unanimité[23]. Le poste de président du Parlement étant vacant, il doit assurer l'intérim à la tête de l'État à la suite de la démission prochaine du président Jeenbekov[24]. L'ascension de Japarov est néanmoins vue d'un mauvais œil par certains observateurs qui voient dans la nomination d'un homme emprisonné pour enlèvement d'un fonctionnaire une montée du pouvoir criminel au Kirghizistan[25]. L'élection de Japarov est cependant contestée par une partie des députés[26]. Almazbek Baatyrbekov a été nommé Premier ministre par intérim par le président Jeenbekov[27]. Le décret de nomination de Japarov est envoyé le au président pour signature[28]. Celui-ci le retourne au Parlement[29].
Peu après son élection, il propose une réforme constitutionnelle[30] avant la tenue d'élections législatives et présidentielle[31].
De plein exercice
Sa désignation est de nouveau approuvée par le Parlement le [32] et le président signe son décret de nomination dans la foulée[33]. Selon David Gaüzere, chercheur associé de l’Institut de recherche Montesquieu et spécialiste du pays, « le choix de Sooronbaï Jeenbekov est stratégique. Pour Jeenbekov, mettre en avant Japarov, issu du nord, donne une bonne image du pays à la communauté internationale. Il présente une égalité trompeuse entre le président et le Premier ministre. Japarov est issu du nord du Kirghizistan, et Jeenbekov du sud ; or, le pays est fracturé entre ces deux régions. Nommer Japarov Premier ministre, c’est renvoyer un symbole d’unité »[34].
Alors que Japarov réclame sa démission immédiate, le président Sooronbay Jeenbekov annonce qu'il ne quittera son poste qu'après la tenue des nouvelles législatives[35],[36]. Il démissionne finalement le lendemain[37].
Président de la République
Par intérim
Dans la soirée du , arguant que le président du Parlement a décliné le poste, il annonce assurer l'intérim à la tête de l'État[38]. Le lendemain, il se rend au Parlement en compagnie de son prédécesseur pour proposer des législatives en décembre[39].
Il démissionne le pour pouvoir se présenter et se place en retrait de ses fonctions de Premier ministre[41],[42].
Le scrutin est une large victoire pour Japarov, qui l'emporte dès le premier tour[43],[44]. Après son élection, il annonce des législatives pour le mois de mai[45]. Il déclare par la suite que « la minorité doit se soumettre à la majorité » et une « dictature de la loi » alors que la mission d'observation de l'OSCE note une inégalité des chances des candidats[46],[47].
Transition et investiture
Peu après la présidentielle, deux candidats malheureux, Abdil Seguizbaïev, ancien chef des services de sécurité en 2017 et Koursan Assanov, ancien ministre de l'Intérieur en , sont arrêtés, de même que l'ancien Premier ministre Muhammetkaly Abulgazev[48].
Fin 2020, il propose une série d'amendements constitutionnels visant à renforcer les pouvoirs du président en faisant passer le pays d'un régime parlementaire à un régime présidentiel, ainsi qu'à supprimer la limitation à un seul mandat présidentiel de six ans[58],[59]. La proposition d'amendement provoque des manifestations dans le pays[60].
Le jour même de la présidentielle de janvier 2021 qui voit l'élection de Japarov, un référendum a lieu sur la nature du système politique, présidentiel ou parlementaire. L'option d'un passage à un régime présidentiel l'emporte à une large majorité, validé par le taux de participation, qui franchit de peu le quorum exigé[61],[62]. Peu après son élection, celui-ci annonce que la nouvelle constitution sera rédigée dans les deux mois[63], puis soumise au référendum[64].
Le , le texte est présenté par la Convention constitutionnelle au Parlement[65]. L'assemblée vote le projet le par 94 voix pour, six contre et vingt abstentions, et fixe sa mise à référendum au suivant. Le vote franchit la majorité qualifiée des deux tiers requise[66].
La nouvelle constitution est approuvée à une large majorité. Malgré un faible taux de participation, celui-ci dépasse le quorum de 30 % requis[67]. Les résultats définitifs sont alors attendus d'ici le 2 mai[68]. Le président Sadyr Japarov signe son entrée en vigueur le 5 mai[69].