Suroît est un mot venant du normand qui désigne le sud-ouest. Son nom est une déformation de surouêt, lui-même déformation de su' ouêt (calqué sur norouêt, le noroît), ancienne prononciation de sud-ouest.
Le suroît est le nom donné par les marins au vent de sud-ouest sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique. Vent marin doux et humide[1] qui présente généralement un caractère stable et une vitesse régulière (en moyenne 60 km/h avec des pointes en rafales pouvant atteindre 130 km/h), il souffle sur tout le littoral de l'Espagne à la Normandie. Au passage d'une perturbation circulant d'ouest en est entre l'anticyclone des Açores et la dépression d'Islande, le vent d'abord de sud bascule rapidement au sud-ouest (le suroît, mervent ou méruéant en breton) à l'avant du front chaud de la perturbation, qui se marque par un ciel bas, des pluies tièdes et fines (type crachins) et parfois des vents forts (tempêtes de suroît en hiver à l'origine des grandes houles du large). Puis il bascule à l'ouest (kornog en breton)[2] entre le front chaud et le front froid, et au nord-ouest (Noroît) à l'arrière du front froid, ce qui apporte, après quelques éclaircies[3], un temps instable avec des averses, parfois du grésil et du vent sous la forme de rafales qui dégagent le ciel[4] avant l'établissement possible d'un anticyclone[5].
Les perturbations circulant d'ouest en est entre l'anticyclone des Açores et la dépression d'Islande sont ainsi une fabrique du vent qui amène les entrées maritimes[6]. Le suroît « emporte loin à l'intérieur des terres des embruns chargés de sel qui se déposent sur les herbages, préservant l'équilibre alimentaire des bovins, et donnant à la gastronomie française ses incomparables agneaux prés salés. Chaud et humide, empruntant l'axe du Gulf Stream, il génère des microclimats subtropicaux dans sa zone d'influence. Deuxième vent, par ordre de force, dans le secteur breton, il est à prendre en compte pour les sorties en mer et les plans de campagnes de pêche, car c'est un vent “poissonneux”. C'est le vent rêvé de tous les navigateurs mais il entre aussi en compte dans le schéma des études et des investissements pour le développement des énergies éoliennes »[7].
Au Canada, le suroît est un vent de vallée venant de l'amont du Saint-Laurent vers l'aval. Il est généralement annonciateur de temps chaud. Il est opposé au nordet, qui remonte le fleuve.
En Bretagne et sur la côte normandem un suroît est aussi un chapeau en toile cirée portée par les marins pêcheurs. Son rebord forme une gouttière qui dirige l’eau de pluie sur le dos et non dans le cou. À ne pas confondre avec le « bob », en coton.
Notes et références
↑« Ces nuages et cette humidité viennent se bloquer sur les hauteurs du centre-Bretagne et un vent plus sec en aval du relief permet aux Côtes-d'Amor, nord de l'Ille-et-Vilaine et nord du Finistère de bénéficier temporairement d'un temps plus sec et plus doux qu'ailleurs » (effet équivalent au foehn). Cf « Les vents bretons : ça souffle », sur meteo.bzh, .
↑Ce vent d'ouest devient au printemps « Ar Gazeg Veurzh » (la jument de Mars), vent tempétueux des grandes marées d'équinoxe.
↑L'apparition de ces éclaircies peut faire penser au retour du beau temps mais le dicton marin "Dans un coup de vent de suroît, veille l'aube et la saute au noroît" rappelle que le ciel de traîne amène de nouveaux cumulonimbus qui apportent le noroît.
↑D'où le dicton marin : « vent de noroît, balai du ciel, beau temps après arc-en-ciel ».
↑Yann Brekilien (dir.), La Bretagne, éditions d'Organisation, , p. 46.
↑L'entrée maritime est une masse d'air qui arrive depuis la mer et entre sur les terres.
↑Honorin Victoire, Petite encyclopédie des vents de France, JC Lattès, , p. 322.