Le film est centré sur l'histoire de Suzume, une jeune fille de 17 ans vivant dans une ville tranquille de la région de Kyushu, au sud-ouest du Japon. Un jour, Suzume rencontre un jeune homme à la recherche d'« une porte ». Les deux se séparent et Suzume trouve une vieille porte dans des ruines dans la montagne. Lorsque Suzume ouvre la porte, elle est attirée à l'intérieur. Des « portes du désastre » commencent à ce moment à s'ouvrir à travers le Japon, déclenchant des séismes.
Le film est un voyage à travers le Japon dans lequel Suzume doit fermer et verrouiller les « portes du désastre » une par une pour arrêter les catastrophes, mais également une aventure dans le monde moderne vers la maturité et l'émancipation d'une jeune fille[1].
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données Allociné et IMDb.
Le film est produit par le studio CoMix Wave Films et réalisé par Makoto Shinkai. La conception des personnages est l'œuvre de Masayoshi Tanaka, l'animation est dirigée par Kenichi Tsuchiya et la direction artistique donnée par Takumi Tanji[1],[4].
Une phase de planification du projet a d'abord lieu entre janvier et . Ensuite, entre avril et août de la même année, le studio se consacre à l'écriture des scripts, puis aux storyboards entre et . La production de l'animation commence en [5],[6].
Animation
Comme pour les autres films de Makoto Shinkai, les personnages et les arrière-plans sont dessinés à la main en 2D, puis complétés par de l'animation 3D. Dans ce film, un effort particulier est effectué sur les couleurs et l'éclairage. Au lieu d'utiliser les trois palettes habituelles — matin, journée et nuit — chacune des 2 000 scènes du film est travaillée individuellement pour s'approcher des petites variations observées au moindre mouvement dans la réalité[7].
Attribution des voix
L'héroïne, Suzume, est doublée par l'actrice Nanoka Hara tandis que Sōta Munakata est doublé par l'idolHokuto Matsumura. Tous deux réalisant leurs débuts en tant que doubleurs avec ce rôle. Nanoka Hara est sélectionnée parmi 1 700 candidates[8].
Le , les douze premières minutes du film sont diffusées sur la chaîne de télévision japonaise ntv[9]. Au Japon, le long-métrage sort en salle près d'un mois plus tard, le [6]. Dès minuits, onze cinémas de l'archipel auront le privilège de débuter les projections. Par ailleurs, les spectateurs des salles japonaises ont la possibilité de demander à recevoir un livret exclusif à propos du film, intitulé « Shinkai Makoto Hon », contenant « une interview du réalisateur, ses premières idées pour le film, ainsi que pour Les Enfants du temps et Your Name. ; ainsi qu'une interview/conversation entre Shinkai et les comédiens de doublage Nanoka Hara et Hokuto Matsumura. »[10].
Début décembre 2022, Crunchyroll, Sony Interactive Entertainment, Wild Bunch et Eurozoom, ont annoncé la diffusion du film d'animation dans les salles de cinémas (hors Asie) pour le printemps 2023, entre le 12 avril (France, Malte) et le 14 avril (Belgique, Canada, etc.)[11]. Tous les pays éligibles à la diffusion du long-métrage n'ont pas été confirmés. Les quatre sociétés se sont réparti les zones de diffusions : Crunchyroll s'occupe par exemple de l'Amérique du nord et s'associe aux autres pour la diffusion en Europe francophone et germanophone[11]. En France, ce sont Crunchyroll et Eurozoom qui distribuent le film sur l'ensemble du territoire[12].
En France, le site Allociné propose une moyenne de 3,8⁄5, fondée sur 29 critiques de presse[13].
Pour Sylvestre Picard (Première), « Suzume est avant toute chose un fabuleux road trip adolescent ». Le critique salue la « vraie leçon de cinéma » donnée par le réalisateur qui ne se retrouve pas piégé par son scénario, mais au contraire « surf » sur l'idée de base. « De la même façon, Suzume désamorce la hantise de la destruction, qui n’est plus vue comme un châtiment ». Le critique estime que le film permet à son réalisateur de dépasser définitivement son précédent Your Name. pour se réinventer totalement, en racontant « quelque chose de très compliqué de la façon la plus simple qui soit »[14].
« En fin de compte, Suzume se suffit à lui-même et n’a pas besoin de nos longs commentaires alambiqués : le film affirme tout simplement que la force créatrice est autant question de création que de destruction. Autant nigimitama qu’aramitama. »[14]
— Sylvestre Picard
Déborah Lechner (Écran Large) s'est montrée très enthousiaste à l'égard du long-métrage, et résume sa critique ainsi : « Si Your Name. a tout de l'œuvre matricielle de Makoto Shinkai, Suzume est, dans la continuité, un aboutissement plus lumineux, qui laisse entrevoir un renouveau artistique qu'on a déjà hâte de découvrir. »[15].
Erwan Lafleuriel (IGN France), y voit un bon film. Il résume sa critique ainsi : « N'oublions pas que nous allons mourir. En attendant, on peut passer un bon moment au cinéma avec le dernier Makoto Shinkai, toujours aussi beau visuellement, et soufflant un vent de liberté qui charrie toute la tendresse pour un peuple et son pays. »[16].
Pour Arthur Nicolle (Le Journal du Geek), « Sans être un chef-d'œuvre inégalé, Suzume est une belle surprise qu'il serait dommage de rater. Makoto Shinkai est un expert de la corde sensible et propose un voyage onirique doublé d'un beau récit de passage à l'âge adulte qui nous touche en plein cœur. »[17].
La semaine de sa sortie, Suzume ravit la première place du box-office japonais à One Piece Film: Red. Après trois jours de projection — le film sort le vendredi —, le film a réalisé 1,33 millions d'entrées pour 1,88 milliards de yens générés, soit 38,7 % d'entrées et 47,4 % de bénéfices de plus que Your Name., autre film de Makoto Shinkai, sur la même période[20].
Après 87 jours d'exploitations, Suzume franchit la barre symbolique des 10 millions d'entrées au Japon, pour plus de 4 milliards de yen de recette. Le film est alors en 4e position du box-office de l'année et devient le « 22e film le plus lucratif du Japon, et le 10e film d'animation le plus lucratif de tous les temps, au Japon. » ; il parvient à égaler les records déjà établis par Les Enfants du temps et Your Name., précédents films du même réalisateur[20].
France
Pour son premier jour d'exploitation en France, Suzume a réalisé 44 210 entrées, dont 22 127 en avant-première, pour un total de 891 séances proposées[21]. En comptant pour ce premier jour les avant-premières, le film se positionne en troisième place du box-office des nouveautés pour sa journée de démarrage, derrière 10 jours sans maman (50 836) et devant Les Complices (12 106)[22].
Au bout d’une première semaine d’exploitation dans les salles françaises, le long-métrage totalise 181 032 entrées, pour une sixième place au box-office, derrière Je verrai toujours vos visages (199 416) et devant Sur les chemins noirs (108 694)[23]. En semaine 2, le long-métrage d'animation passe en huitième place du box-office français avec 128 662 entrées supplémentaires, derrière le drame français Je verrai toujours vos visages (166 148) et devant Le Royaume de Naya (92 831)[24].
Un mois et demi après sa sortie, le film atteint les 500 000 entrées en France, soit deux fois plus que Your Name. et est un record pour Makoto Shinkai[25].
Chine
Après 10 jours d'exploitations dans les salles chinoises, Suzume devient le plus gros succès de l'animation japonaise sur ce territoire, engrangeant plus de 11 milliards de yens, soit dans les environs de 80 millions de dollars américains. S'il est le plus gros succès japonais en terme d'animation, il reste à ce moment-là le second long-métrage japonais, toutes catégories confondues, ayant rencontré le plus de succès en Chine[26].
Au bout de trois semaines, le film dépasse les 105 millions de dollars américains, pour 21,64 millions d'entrées sur le territoire de la Chine continentale[27].
Corée du Sud
En Corée, le film devient le plus rentable de l'année 2023 (dès la mi-avril), avec plus de 5 millions d'entrées et environ 39 millions de dollars de recette. Il est alors le film japonais ayant vendu le plus de tickets sur le territoire[28].
L'histoire devait initialement être celle de deux filles voyageant ensemble sur fond de romance homosexuelle, et non celle de deux personnages de sexes opposés. Makoto Shinkai se dit « fatigué des romances classiques entre un garçon et une fille et estime en avoir fait le tour avec Your Name. ». Toutefois, son producteur refuse, arguant que l'audience japonaise n'est pas prête pour ça. Contraint de modifier son histoire, Makoto décide de changer l'histoire en un voyage d'une fille et d'une chaise, afin de rester suffisamment éloigné d'une romance classique[7],[33],[34].
Un film inspiré par les séismes de 2011
Le film se déroule dans un Japon marqué par les impacts du séisme subi en 2011, un séisme dévastateur ayant mené à la mort de 19 000 personnes et à l'accident nucléaire de Fukushima. Suzume en est une rescapée qui part vivre chez sa tante. Dans le film, cet événement est expliqué par l'existence d'un ver vivant dans le « Monde éternel ». Les désastres se produisent lorsque ce ver parvient à sortir par les portes que Suzume doit refermer[35].
Certains des survivants de cet événement remercient Makoto Shinkai pour l'avoir abordé, tandis que d'autres lui en veulent d'aborder pour du divertissement un événement aussi dramatique[36].
Thème de la mère décédée
La mort des parents est un ressort tragique courant dans l'animation japonaise. Ce thème se retrouve dans Suzume où la mort de la mère de Suzume, introduite dès le début du film, occupe une place importante de l'histoire bien que peu de scènes soient montrées. Suzume entretient un lien fort avec sa mère et souhaite suivre ses pas en devenant une infirmière comme elle. Elle hérite de sa mère une volonté de se sacrifier pour les autres, celle-ci ayant perdu la vie en partant aider les victimes du séisme. Ce désir est ce qui la motive à suivre Sōta à travers le Japon pour fermer les portes[37].
Lorsque Sota et Suzume regardent les photos de Daijin sur Twitter pour le retrouver, une personne l'a comparé au film Si tu tends l'oreille, une autre production du studio[38].
Tout au long du périple, on peut voir le chemin parcouru à plusieurs reprises lorsque Suzume vérifie sa géo-localisation avec son portable. Or, il s'avère que la ville côtière où débute l'histoire, bien qu'elle ne soit pas nommée, est Miyazaki. Difficile de ne pas y voir un clin d'œil subtil à Hayao Miyazaki, l'un des deux créateurs du studio Ghibli.