Le terme de tactique est issu du grec "Taktikos" ("qui concerne l'arrangement, spécialement l'organisation ou l'alignement d'une troupe").
La tactique désignait aussi la science de construire les machines des anciens, « qui lançaient les flèches, les dards, les pierres et les globes à feu » par la force des arcs bandés, bascules et contrepoids. Héron de Byzance et Végèce ont écrit à propos de ces machines et elles ont été décrites et dessinées par Juste Lipse.
La tactique militaire est l'art de conduire une bataille. On en distingue plusieurs niveaux :
la tactique générale[4], tactique d'ensemble[5] ou tactique des trois armes[5] s'appliquant à l'ensemble des forces militaires présentes sur le champ de bataille, organisées en ordre de bataille. Elle consiste à la coordination synergique de l'action des différentes armes lors de la bataille. C'est donc la tâche des commandants d'unités interarmes, soit des commandants de divisions, de corps d'armée, d'armées et de groupes d'armées.
Ces dimensions de la tactique furent théorisées par Jomini ou Grouard[5]. Aussi, on retrouve le concept de grande tactique[5], aujourd'hui oublié et qui ne fait plus parti de la tactique mais de l'art opératif[5].
On parle d'attaque frontale lorsque des forces militaires attaquent d'autres forces militaires de front, sur le centre de leur dispositif tactique. Ce genre d'attaques est souvent meurtrier et risqué mais peu difficile à mettre en œuvre.
Ces tactiques d'enveloppement, se déroulant davantage sur les ailes qu'au centre, s'opposent à l'attaque frontale. Elles nécessitent une manœuvrabilité importante que permet la cavalerie légère notamment. De même, l'infanterie, composante majoritaire d'une armée, ou l'artillerie peuvent jouer un rôle important dans le cas de tir en enfilade par exemple.
La manœuvre de flanquement est une attaque menée sur un ou plusieurs flancs d'une force adverse. Dans le cas d'une attaque menée sur les deux flancs, on parle de mouvement en tenaille ou de double-enveloppement. Si cette manœuvre risquée aboutit, la force adverse peut se retrouver cernée selon deux directions voire encerclée, ce qui réduit considérablement sa manœuvrabilité et son aptitude à se défendre ou à retraiter. De fait, l'encerclement correspond une manœuvre consistant à encercler, à entourer une armée. Il s'agit d'un risque majeur pour une armée. Mais cette tactique est difficile à appliquer et nécessite la plupart du temps une supériorité numérique.
La bataille de Marathon (-490), comme celle du Yarmouk (636) donne lieu à un double-enveloppement. La tactique zoulou de la "corne de buffle" correspond également à cette manœuvre. La bataille d'Austerlitz (1805) voit se produire une attaque de flanc qui tourne au désastre ce qui montre parfaitement le risque que constitue cette manœuvre. Lors de la seconde bataille de Bull Run, les nordistes subissent le flanquement des hommes de Longstreet. A la bataille de Chancellorsville (1863), le général Lee décide de séparer en deux son armée, en nette infériorité numérique, et mène avec succès, une attaque de flanc. Pour ce qui est de l'encerclement, cela ne correspond pas à une période historique particulière mais si elle fut davantage couronnée de succès durant l'Antiquité. Alexandre le Grand utilise la tactique dite "du marteau et de l'enclume" aux batailles de Granique (-334) et d'Issos (-333) qui n'est autre qu'un encerclement par les ailes. Hannibal Barca encercla son adversaire à la bataille du Tessin, à celle de la Trébie mais c'est la bataille de Cannes (-216) qui fournit l'exemple le plus célèbre d'encerclement. Hannibal est lui-même encerclé à la bataille de Zama. Beaucoup plus tard, l'armée française se retrouve encerclée par les prussiens à Sedan (1870).
On retrouve également la tactique de l'ordre oblique. L'armée est alors disposée de façon à engager le combat par l'une de ses ailes, en refusant l'autre aile à l'ennemi. L'aile renforcée lance l'attaque, bientôt soutenue par le centre, et cherche l'enveloppement de l'ennemi.
Le tiraillement est une tactique qui a prouvé son efficacité lors des guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Elle consiste en l'utilisation de tirailleurs. Ce sont des troupes d’infanterie légère envoyées en avant du front en ordre dispersé (≠ordre serré) pour tirer fréquemment sur l’ennemi sans ordre et l’harceler, infligeant souvent plus de pertes aux adversaires. Durant l'Antiquité, il existait des formes anciennes de tiraillement, notamment à travers les vélites.
La tactique de la caracole implique une disposition des cavaliers sur plusieurs rangs. Le premier rang, arrivé à portée de tir, fait feu sur l’ennemi, puis se replie derrière en dernier rang pour recharger. Les rangs suivants font de même.
Le cercle cantabrique consiste à former un cercle rotatif autour de l'ennemi tout en l'harcelant en lançant des traits (javelots, flèches) sur lui.
Cette tactique consiste à concentrer ses attaques, charges et bombardements à un endroit pour le faire faiblir et craquer pour in fine créer une ouverture dans le dispositif ennemi. Pour y faire face, il est important de disposer d'une réserve de bataille, capable d'intervenir rapidement pour combler la brèche. La réserve sert également, du côté des assaillants à exploiter la brèche créée, pour par exemple pénétrer(en) dans le dispositif adverse et lancer une manœuvre sur les arrières.
Pour réussir cette tactique, il peut être intéressant de concentrer beaucoup de troupes sur son centre comme cela a pu être fait par Pélopidas à la bataille de Tégyres. De cette façon, le dispositif peut être pénétré comme à la bataille de Chéronée.
Les embuscades et les diversions constituent des sortes de pièges pouvant être utilisés à des fins tactiques. Ces tactiques, certes anciennes, peuvent être utilisés aujourd'hui encore. Lors d'une embuscade, des embusqués se dissimulent pour attaquer les forces ennemies par surprise lorsqu'il passe devant leur position. La diversion constitue quant à elle une tactique et une stratégie de manipulation de l'adversaire destinée à détourner son attention et éventuellement ses troupes du point que l'on veut l'attaquer pour le prendre par surprise.
« Progresser séparément, frapper en groupe ». Telles furent les paroles de Moltke l'Ancien (1800-1891), qui prônaient une dispersion des forces lors d'une attaque avant une concentration. De cette façon, les attaques étaient moins prévisibles, par conséquent, les adversaires ont peu de temps pour réagir et renforcer les troupes attaquées. Cette tactique de dissimulation, pouvant être utilisée à une échelle opérative voire stratégique, peut être employée dans le cadre d'une manœuvre de flanquement ou d'une percée par exemple. Elle fut notamment utilisée par Napoléon durant la campagne d'Italie (1796-1797) ou par Moltke durant la guerre austro-prussienne (1866), en particulier à la bataille de Sadowa.
On parle de contre-attaque lorsque des forces militaires, défendant un assaut de leurs adversaires, lancent à leur tour un assaut. En cause, pendant leur assaut, les attaquants peuvent être devenus vulnérables en se plaçant eux-mêmes dans une position défavorable qui peut être liée à l'épuisement, la désorganisation, l'isolement, la rupture des lignes de communication ou encore la suffisance.
Utilisée dans la phase statique de la Première Guerre mondiale, elle est formalisée par l'armée allemande avant d'être à son tour reprise par les alliés et l'armée française en particulier avec l'arrivée au pouvoir de Clemenceau. Elle vise à répondre aux offensives massives sur de larges proportions du front. Elle relève du principe d'économie et de concentration des forces.
La défense élastique, c'est d'abord l'aménagement du terrain, en première ligne, mais aussi à l'arrière. Dans un contexte de guerre de tranchées, des bastions, redoutes, positions fortifiées, équipés de mitrailleuses sont installés. À l'arrière, les moyens sont mis en œuvre pour organiser le casernement des réserves et leur déplacement rapide sur les différents secteurs du front.
Lorsque l'offensive se produit, plutôt que de casser l'attaque, les troupes de ligne reculent en bon ordre sur des positions préparées à l'avance, tout en ralentissant l'ennemi. Les places fortes, quant à elles, tiennent. Leur rôle est de :
ralentir la progression pour donner à l'État-major le temps de diriger les réserves sur le secteur du front attaqué ;
segmenter en plusieurs pointes et canaliser l'attaque ennemie vers les points où le défenseur qui a concentré ses troupes va commencer la contre-attaque.
Lorsque les pointes de l'ennemi sont là où on veut les voir, et lorsque les troupes pour la contre-attaque sont rassemblées, le défenseur prononce la contre-offensive pointe après pointe avec le maximum de ses réserves afin d'obtenir un rapport de force favorable sur le point de la contre-attaque pendant que le reste des unités ennemies s'embourbe.
Un enveloppement vertical consiste en un déploiement de troupes aéroportés afin d'encercler l'adversaire. Cette tactique vit ses débuts aves le développement des parachutistes (notamment les Fallschirmjäger). Les premières opérations d'envergure notables ont lieu pendant la Seconde Guerre mondiale et constitue une part importante de la Blitzgrieg. On peut citer la prise du Fort d'Eben-Emael et la bataille des Pays-Bas ou encore le parachutage en Crète.
Conçus pour la section d'infanterie (36 combattants) à trois groupes de combat face à une dizaine d'ennemis, le principe des trois mouvements de base peut aussi bien être appliqué par un groupe de combat face à un binôme de soldats, que par une compagnie face à une section. Dans ce dernier cas, l'appui sera réalisé par la troisième dimension : artillerie, aviation, flotte côtière (on parle alors d'appui feu naval).
Le but de la manœuvre est de se rendre maître d'un point du terrain. Dans l'ordre de mise en œuvre, nous avons : appui, couverture, débordement. Après reconnaissance du terrain environnant l'ennemi par un chef de groupe ou par le chef de section, les trois groupes partent du même point.
Le groupe d'appui fait face immédiatement à l'ennemi. Il s'agit pour lui d'immobiliser l'ennemi pendant le déplacement des deux autres groupes. Le deuxième groupe assure la couverture des deux autres en surveillant une autre direction potentiellement dangereuse. Il peut servir de réserve. Le troisième groupe contourne largement la position adverse en profitant de la couverture du deuxième. Au moment où le groupe d'appui ouvre le feu ou intensifie le tir sur l'objectif, le troisième groupe donne l'assaut par le flanc. Une fois le troisième groupe arrivé à proximité de l'objectif, le premier groupe reporte son tir sur un autre secteur du terrain pour éviter les tirs amis.
Le Blitzkrieg (signifiant en allemand « guerre éclair ») est une tactique offensive visant à emporter une victoire décisive par l'engagement localisé et limité dans le temps d'un puissant ensemble de forces mécanisées, terrestres et aériennes dans l'optique de frapper en profondeur le moral des soldats, la capacité militaire, économique ou politique de l'ennemi. Cherchant l'encerclement, la guerre éclair fut notamment utilisée par les allemands lors de la campagne de France (1940) ou les russes lors de leur invasion de l'Ukraine (2022).
Déplacements en "Tiroir"et en "Perroquet"
Le "Tiroir" constitue une tactique de progression en appui mutuel entre deux personnes ou unités militaires, la première avançant, couverte par la seconde qui la rejoint ensuite.
Le "Perroquet" suit à peu près le même principe, la première personne ou unité militaire avançant, couverte par la seconde, puis la seconde avançant en dépassant le premier pendant que ce dernier le couvre.
Ces deux tactiques sont d'abord utilisées lors de la guerre de 1870 et sont toujours d'actualité.
Utilisée pendant la guerre de Sécession dans le cadre de sièges à Vicksburg et au Cratère, puis massivement pendant la Première Guerre mondiale, elle consiste à creuser des galeries jusque sous les positions de l'ennemi pour ensuite les faire sauter en y plaçant des mines.
Les soldats sont disposés en une file, écartés les uns des autres de quelques pas de façon à couvrir les flancs. Elle est utilisée dans le cadre de mouvements en terrain découvert[9].
Les soldats sont organisés en deux files de façon à pouvoir à la fois couvrir le flanc gauche et le flanc droit. Elle est employée pour défendre des assauts ennemis[9].
Tiroir
En ligne et à l'arrêt, les soldats doivent se placer de façon à couvrir chaque angle de vue.
Le soldat ou l'unité de tête guide les deux autres, ce qui leur permet d'effectuer un tir de couverture sur le front et les côtés. Très efficace, elle assure la sûreté maximale car elle permet de répondre aux feux d'où qu'ils viennent, cependant, son déplacement est lent[9].
Deux soldats ou unités, souvent mieux armés, sont placés en avant, couverts par le troisième soldat ou la troisième unité. Le déplacement est également lent[9].
L'idée est de concentrer un maximum de puissance de feu sur le plus petit front possible, de façon à submerger toute défense en face. Elle est composée de blindés qui constituent l'avant-garde de l'assaut et d'infanterie qui suivent leur avancée et se déploient de chaque côté afin de protéger les flancs de l'offensive.
C'est une formation fixe rarement utilisée, très large, avec un sergent à sa tête et deux à six soldats sur les côtés en arc de cercle, avec un soldat en queue de peloton pour assurer les arrières[9].
Exemples de batailles
Plusieurs batailles sont restées célèbres pour leur dimension tactique, notamment :
On y retrouve peu de batailles contemporaines, car à cette époque, les batailles sont très peu décisives. Idem pour les batailles médiévales, où les tactiques sont moins élaborées.
La bataille d'El-Alamein s'est déroulée entre la côte de la Méditerranée et la dépression de Quantara, sans possibilité de manœuvre opérative, et offre un exemple parfait de tactique telle que la considéraient les grecs depuis Marathon.
Les grandes phases tactiques de la bataille d'El Alamein
Disposition des forces le .
Attaque anglaise à 22h le .
Contre-attaque de l'Axe le à 18h.
Échecs britanniques le .
Réorganisation des troupes entre les deux offensives
Début de l'opération Supercharge : assaut des Australiens contre Thompson Post.
L'attaque du .
Début du repli de Rommel le .
Disposition des troupes de l'Axe après l'ordre d'Adolf Hitler de rester sur place au soir du . On voit que le Deutsche Afrikakorps tient la position devant le saillant, la division Ariete se trouve au sud.
Ultime offensive britannique, on voit que la division Ariete est tournée au sud et donc encerclée. Les autres troupes arrivent à progresser sauf les Australiens
Grands tacticiens
Les tacticiens sont des militaires qui ont apporté des innovations à la tactique militaire ou, du moins, qui un certain talent dans cette discipline.