La famille Lefèvre descend de la dynastie des Castelain, anoblie par Joseph II. Théo Lefèvre est né dans un milieu bourgeois. Son père, Étienne Lefèvre, est né à Menin où il fait une partie de ses études. Il est ensuite à Namur à la faculté Notre-Dame et à Louvain. C’est un avocat à la cour d’appel de Gand et un démocrate-chrétien francophone actif dans le Parti catholique. Ce dernier est connu auprès de la bourgeoisie gantoise catholique. Il se marie à Maria Rogman en 1911. Cette dernière est la fille d’un oculiste et elle est originaire de Saint Nicolas-Waes. Ensemble ils ont trois enfants dont Théo et deux autres garçons[2]. Théo évoque souvent le souvenir de ses parents à différents moments de sa vie et dans diverses circonstances. Il doit à son père la responsabilité et le sentiment social et à sa mère l’éducation culturelle et sociale[3].
En 1944, Théo Lefèvre se marie à Bruges avec Marie José Bilieart (1918-1998). Ils donnent naissance à trois enfants : Marie Caroline en 1946, Étienne en 1949 et Pascale en 1959 [1].
Enfance et parcours scolaire
Durant la Première Guerre mondiale, Théo tombe malade. Le diagnostic des médecins ne lui laisse que quelques mois à vivre. Il est alors envoyé à la campagne au couvant des Chanoinesses de Saint Augustin. Il a 4 ans et demi. Il finit par guérir et c’est dans ce couvent qu’il reçoit les bases spirituelles qu’il garde tout au long de sa vie [2].
À la suite de la mort de son père en 1921, Théo part s’installer avec sa mère et ses frères à Hillegem. Il est envoyé au pensionnat Saint-Joseph d’Alost de 1926 à 1928. Son comportement et ses mauvais résultats scolaires amènent ses professeurs à lui conseiller de changer d’école. En 1928, il retourne à Gand avec sa famille. Il y continue ses études au Collège Saint Liévain. Il finit sa rhétorique le et à la suite de cela il demande à sa mère de l’envoyer en Hollande, à La Haye, pour y améliorer son néerlandais. Ensuite, il part faire ses études universitaires. Il choisit d’étudier le droit à l’université de Gand. En 1937, Théo devient docteur en droit[3].
Durant ses études universitaires Théo s’inscrit à la Gé catholique qui est un mouvement rassemblant beaucoup de francophones. Il veut flamandiser ce mouvement mais il n’y parvient pas. Il va alors militer au sein d’organisations socio-culturelles dont la Katholieke Vlaamse studentenvereniging qu’il préside de 1933 à 1936. Il milite également au sein de mouvements de jeunesse politiques dont le Jeudgfront de 1937 à 1945[4].
Après ses études de droit, Théo devient avocat et travaille comme secrétaire de la Christian Employers Organization en Flandre Orientale[5].
Débuts professionnels
En 1940, Théo débute comme avocat à la Cour d’appel de sa ville natale. A cette même époque débute la Seconde Guerre mondiale. Durant cette dernière il écrit parfois des petits articles dans la couverture du journal clandestin « Vrij », il participe au mouvement national royaliste et il s’engage dans la résistance armée[5].
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Théo Lefèvre fonde avec de Clerck, de Saegher, van Eslande et Breyne le groupe « het Westen ». Le but de ce groupe est de réorganiser le Parti catholique et de rénover sa doctrine[2].
En 1946, il devient représentant CVP de l’arrondissement Gand-Eeklo[4].
Théo est en faveur du retour du Roi Léopold III lors de la question royale. Lorsque le Roi revient en Belgique, Théo lui rend visite pour lui demander de ne pas abdiquer. Cependant, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1950, le Roi fait publier un communiqué où il demande au Parlement de voter la loi qui autorise la passation du pouvoir à son fils Baudoin. Le PSC est surpris et comme personne n’ose défendre cette transmission de pouvoir, on demande à Théo Lefèvre de la défendre devant l’Assemblée. En septembre 1950, à la suite de la question royale il est choisi comme président du Parti PSC-CVP contre Van Hemelrijk à la majorité des deux tiers. Il reste à la tête de ce gouvernement plus de 10 ans, jusqu’en mai 1961[2].
En plus de son intérêt pour l’Europe, Théo Lefèvre s’intéresse aussi à l’Amérique latine. Le pays qui attire le plus son attention est le Chili et il va avoir une amitié avec le président de l’époque, Eduardo Frei[2].
En tant que président du PSC, Théo Lefèvre est attendu à Laeken par le Roi car ce dernier lui demande de devenir formateur du gouvernement à venir. Théo accepte et après la fin du gouvernement Eyskens, le , Théo Lefèvre devient premier ministre du gouvernement Lefèvre-Spaak jusqu’au . Son gouvernement est composé d’une majorité sociale-chrétiennesocialiste. Ce dernier est appelé le « Gouvernement du bélier » car les opposants vont s’attaquer aux différentes réformes que ce gouvernement a introduit dans plusieurs domaines[2]. Parmi ces dernières, on retrouve la loi sur l’expansion universitaire, la réforme d’assurance maladie invalidité, la réforme fiscale, les lois linguistiques sur l’administration et l’éducation ou encore l’établissement de la frontière linguistique. En 1965, le gouvernement Lefèvre a également lancé une procédure de révision de la Constitution[7].
En ce qui concerne la réforme fiscale, Théo veut instaurer un système pour limiter la fraude et pour que la fortune mobilière soit taxée aussi fortement que les revenus de travail. Mais son but n'est pas atteint et sa réforme est fortement critiquée car elle n’a pas rapporté les revenus supplémentaires et elle a encouragé l’inflation. De même, les autres réformes qu’il a instaurées coûtaient également beaucoup d’argent[2].
À la suite des problèmes des communautés, les problèmes linguistiques et la guerre des 6 communes proches de l’arrondissement de Bruxelles-Capitale, Paul-Henri Spaak demande à Théo Lefèvre de présenter sa démission. Théo se rend démissionnaire chez le Roi mais celui-ci refuse qu'il démissionne. Il lui demande de reprendre en main sa majorité et Théo finit par trouver un compromis : accorder des facilités aux 6 communes[2].