Théologie naturelleLa théologie naturelle (du latin, theologia naturalis) est un courant théologique qui consiste à connaître Dieu à partir de l'expérience du monde, autrement dit de la nature, ici entendue comme concept. DoctrineToutes les religions qui voient dans les phénomènes ordinaires ou extraordinaires qui les entourent, des manifestations du sacré ou de divinités, dessinent un cadre naturel au sein duquel se nouent les théologies[1]. Le concept de nature est une notion polysémique, à multiples sens. Pour ne pas complexifier le contenu, l'article présent le comprendra dans le sens intuitif de l'environnement physique et biologique qui entoure et que perçoivent les hommes. On[Qui ?] peut envisager deux positions extrêmes (et donc caricaturales), qui constituent des déviations théologiques et la position conforme à l'orthodoxie de toutes les traditions[non neutre] :
Théologie bibliqueEn théologie biblique, les textes concernant la création et les relations de Dieu au monde sont multiples, et peuvent être trouvés dans d'autres livres que celui de la Genèse[2].
L'idée d'une création ex nihilo (à partir du néant) est tardive et furtive. Elle prendra son sens dans le contact des juifs et des chrétiens avec la métaphysique grecque. La Seconde Alliance, plus centrée sur le salut de l'homme et la personne du Christ, est moins sensible à une théologie de la création. On notera toutefois deux pistes essentielles à l'évolution future de la théologie :
Plus globalement, le christianisme biblique, héritier en cela du judaïsme et des courants de la Sagesse orientale, qui fonde son intuition et son développement sur l'alliance historique et cosmique de Dieu avec l'humanité, exprime une vision très positive de la nature. La résurrection n'est pas une survie d'une âme désincarnée, mais bien la renaissance du corps et de tout le tissu lié à son existence dans un environnement naturel. C'est seulement sous l'influence de la gnose et d'un néoplatonisme dégénéré que le mépris de la chair et du corps va surgir et derrière ce mépris, une désacralisation puis un désenchantement de la nature qui prendra tout son essor à partir de la modernité. Théologie classiqueAu cours de la Réforme protestante au XVIe siècle, puis la naissance de la modernité, la théologie a été entraînée dans les nouveaux paradigmes apparus à cette époque. Elle subit notamment les effets des multiples dualismes apparus dans la philosophie et la culture : séparation esprit-matière, corps-âme, sujet-objet, culture-nature etc. La théologie notamment va développer un dualisme « nature-surnature » qui va vider la nature de son contenu : on ne sait plus trop ce que signifie la relation entre création et nature.
Bref, la nature ne parle plus. Les objets inanimés n'ont plus d'âme, et avec les progrès des sciences, ce sont aussi les objets animés qui la perdent.
La question de la création du monde va glisser et se réduire à celle de la création de l'homme. Désormais, c'est la situation existentielle de l'homme dans une nature morte ou indifférente qui va recouvrir l'ancienne représentation où le cosmos parlait de Dieu. La théologie orientale est restée fidèle aux intuitions patristiques. L'univers parle toujours de Dieu par signes, et la théologie des icônes (pour laquelle les images, moyennant un certain nombre de contraintes, ouvrent sur le divin) offre une bonne analogie de cette fidélité. Théologie contemporaineL'évolution des sciences de la nature d'une part, la montée des philosophies du sujet et de leurs dérivées d'autre part, a déstabilisé les théologies anciennes et classiques de la nature[3]. Les sciences ont découpé le réel pour l'étudier en de multiples spécialités, selon des méthodologies toutes aussi multiples. Les représentations globales sont devenues difficiles à imaginer et plus encore à construire. Les philosophies du sujet ont montré qu'il devenait quasiment impossible, sans de multiples précautions épistémologiques, de se représenter une réalité ultime. Les médiations phénoménologique ou herméneutique sont devenues indispensables. L'expérience a quand même été tentée. Trois penseurs sont à remarquer :
D'autres théologiens se risquent de plus en plus dans cette voie : on mentionnera par exemple Alexandre Ganoczy, auteur de Dieu, l'homme et la nature et de Dieu créateur, homme créateur, Jean-Michel Maldamé ou Karl Rahner, auteur d'un essai Sciences, évolution et pensée chrétienne dont il reprend des thèses dans sa vaste somme en douze tomes « écrits théologiques ». Pour le théologien Jacques Arnould, l'époque moderne et le développement des sciences qui la caractérise n'ont pas conduit au déclin prédit par ceux qui souhaitaient la victoire de la raison humaine sur les mythes et les croyances religieuses[réf. nécessaire]. Sans doute, certaines des formes qu'elle a prises du XVIe siècle à nos jours sont-elles sujettes à critique, en particulier pour excès de concordisme, surtout avec la tradition judéo-chrétienne. La théologie naturelle n'en conserve pas moins la mission de penser le monde sans recourir a priori au Dieu créateur et d'offrir ainsi des bases solides au dialogue entre science et foi[5]. Critiques de la théologie naturelleLes idéaux de la théologie naturelle n'ont pas échappé à la critique. Beaucoup se sont opposés à l'idée de la théologie naturelle, mais certains philosophes ont eu une plus grande influence sur la population. Ces idéaux ont été largement discrédités sous l'influence de David Hume, Emmanuel Kant, Søren Kierkegaard et Charles Darwin. Les dogmatiques de l'Église de Karl Barth se sont également fortement opposés à l'ensemble de la théologie naturelle. Le Dialogue concernant la religion naturelle de David Hume a joué un rôle majeur dans la position de Hume sur la théologie naturelle. Les idées de Hume découlent fortement de l'idée de croyance naturelle. Il a été dit que "la doctrine de Hume sur la croyance naturelle permet que certaines croyances soient justifiées par tous les hommes sans tenir compte de la qualité des preuves qui peuvent être produites en leur faveur". Cependant, l'argument de Hume découle également de l'argument sur la conception. L'argument de la conception vient du fait que les gens sont étiquetés comme étant moralement bons ou mauvais. L'argument de Hume prétend que si nous nous limitons à l'idée du bien et du mal, nous devons également l'attribuer au concepteur. Hume déclare : "Je permettrai que la douleur ou la misère chez l'homme soit compatible avec une puissance et une bonté infinies dans la divinité... Une simple compatibilité possible n'est pas suffisante. Vous devez prouver ces attributs purs, non mélangés et incontrôlables...". Hume défend l'idée d'une déité moralement parfaite et exige des preuves pour tout autre chose que cela . Les arguments de Hume contre la théologie naturelle ont eu une grande influence sur de nombreux philosophes . Immanuel Kant et Søren Kierkegaard avaient tous deux des idéaux similaires en matière de théologie naturelle. Les idéaux de Kant se concentraient davantage sur le dialecte naturel de la raison tandis que Kierkegaard se concentrait davantage sur le dialecte de la compréhension. Les deux hommes suggèrent que "le dialecte naturel mène à la question de Dieu". Kant soutient fortement l'idée que la raison conduit aux idées de Dieu en tant que principe régulier, tandis que Kierkegaard soutient fortement que l'idée de compréhension conduira finalement à devenir la foi. Ces deux hommes affirment que l'idée de Dieu ne peut exister uniquement sur la base de la raison, que le dialecte et les idéaux se transcenderont en foi. La critique de Charles Darwin sur cette théorie a eu un impact plus large sur les scientifiques et les roturiers. Les théories de Darwin ont montré que les humains et les animaux se sont développés par un processus évolutif. L'idée de ce processus soutenait qu'une réaction chimique se produisait, mais elle n'avait aucune influence de l'idée de Dieu. Karl Barth s'est opposé à l'ensemble de la théologie naturelle. Barth a fait valoir que "en partant d'une telle expérience, plutôt que de la révélation gracieuse par Jésus-Christ, nous produisons un concept de Dieu qui est la projection du plus haut que nous connaissons, une construction de la pensée humaine, divorcée de l'histoire du salut". Barth soutient que Dieu est limité par la construction de la pensée humaine s'il est divorcé du salut. Barth reconnaît également que Dieu est bien informé grâce à sa grâce. L'argument de Barth découle de l'idée de foi plutôt que de raison. Notes et références
Voir aussiArticles connexes
Bibliographie
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