The Hours raconte une journée cruciale des vies respectives de trois femmes de différentes époques, dont les destins sont interconnectés par le roman de Virginia Woolf, Mrs Dalloway.
Dans son journal de 1922, celle-ci écrit : « J’y esquisse une étude de la folie et du suicide ; le monde vu par la raison et la folie côte à côte. » Le film retranscrit cette juxtaposition de la vie ordinaire et des souffrances morales incommunicables.
Virginia Woolf (Nicole Kidman), grande romancière du début du XXe siècle, accablée par la maladie mentale, s'ennuie à Richmond, dans la banlieue de Londres, au Royaume-Uni, où son mari Leonard l'a emmenée pour qu'elle se repose de l'agitation de Londres. Elle commence une nouvelle œuvre, Mrs Dalloway, qui sera la plus grande réussite de sa carrière. Le film débute et finit par son suicide dans la rivière proche. Elle laisse à son mari un mot où elle le remercie pour sa patience et lui dit qu'elle n'aurait pu être plus heureuse.
Laura Brown (Julianne Moore), mère au foyer dans l'Amérique des années 1950, souffre d'angoisses et d'un mal-être profond. Enceinte de son second enfant, elle lit le roman Mrs Dalloway et comprend que le suicide mettrait fin à ses tourments. Son jeune fils, Richie, est le seul à percevoir la fragilité de sa mère et en est bouleversé. Laura choisit finalement de vivre mais au prix de l'abandon de sa famille, abandon dont elle ne regrette pas l'ignominie puisqu'il est commandé par l'instinct de survie.
Clarissa Vaughan (Meryl Streep), éditrice de New York au XXIe siècle, en couple lesbien avec Sally, s'occupe depuis des années de son meilleur ami et ancien amant Richard Brown (le petit Richie, fils de Laura) atteint du sida. Elle organise une réception en l'honneur du prix littéraire reçu par Richard. Mais celui-ci, dans l'après-midi précédant la cérémonie, se défenestre sous les yeux de Clarissa. Richard l'appelle Mrs Dalloway car elle est effectivement la version moderne de Clarissa Dalloway, l'héroïne de Virginia Woolf, qui s'interroge sur le bonheur et s'enlise dans une existence futile.
Cette section peut contenir un travail inédit ou des déclarations non vérifiées (novembre 2017). Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit.
Le roman de Michael Cunningham, The Hours, reprend le titre que Virginia Woolf voulait initialement donner à son roman, Mrs Dalloway.
Le roman de Virginia Woolf utilise la même structure que Ulysse de James Joyce : une journée. Le récit est organisé autour de l'idée du temps qui s’écoule. Il n'y a pas vraiment d'histoire (c'est une constante de ses romans et elle le revendique[7]). Il s'agit davantage d'une déambulation, aussi bien physique que mentale[8].
Le roman de Michael Cunningham est construit de la même façon, en créant de surcroît un réseau de correspondances entre les époques et les personnages dans lequel le roman de Virginia Woolf tient une place de choix.
Comme Mrs Dalloway, Clarissa Vaughan remplit le vide de sa vie en organisant des réceptions (« pour couvrir le silence » lui dit Richard). Elle ne fait pas partie des personnes qui ont le courage de changer leur vie ou d'y mettre fin.
Richard, atteint du sida, fait comprendre à son amie Clarissa qu'il ne peut plus longtemps rester en vie pour elle. D'ailleurs elle pourra enfin vivre pour elle-même. Il se jette par la fenêtre.
Septimus Warren Smith, le poète, qui figure probablement le double masculin de Mrs Dalloway dans le roman de Woolf, se suicide également[9]. Virginia Woolf écrivait bien sûr à propos d'elle-même : l'exaspération de Septimus contre ses médecins fait écho à la peur de la folie de Virginia, incomprise par ses propres médecins[10].
Michael Cunningham introduit entre Clarissa Vaughan et Dalloway, qui s'agitent sans choisir, et Richard et Septimus, qui choisissent la mort, un troisième personnage, Laura Brown, qui choisit la vie. Elle n'a pas eu le courage de se tuer, mais pour échapper à ses angoisses et à sa vie, elle a abandonné mari et enfants.
↑« J’avoue que j’ai passablement peur de la folie ; et de faire preuve de trop d’habileté » Virginia Woolf, Journal Entrée du dimanche 7 septembre 1923