Thomas de Cantimpré (aussi écrit Cantinpré) ou Thomas Cantipratanus Brabantus ou Thomas Cantipratensis est un théologien, hagiographe et encyclopédiste, né en 1201 près de Bruxelles et mort le [1].
Biographie
Né Guillaume Henri de Leeuw-Saint-Pierre en 1201 près de Bruxelles, il appartenait à une famille noble du Brabant, dont le père était allé combattre en Palestine à la suite du roi d'Angleterre, Richard, et qui, à son retour, l'envoya vers 1206 aux écoles de Liège. Thomas y fait la connaissance de Jacques de Vitry qui y prêchait. En 1217, il devient chanoine de l'ordre de Saint-Augustin, à l'abbaye de Cantimpré, située près de Cambrai. Il y reste plus de quinze ans et y reçoit la prêtrise. En 1232, il entre dans l'ordre de Saint Dominique à Louvain. L'année suivante, il part à Cologne pour poursuivre ses études théologiques sous l'égide d'Albert le Grand. Quatre ans plus tard, il se rend à Paris où il continue sa formation. Il retourne à Louvain en 1240 où il enseigne la philosophie et la théologie. Il y est mort entre 1263 et 1293, mais plus probablement en 1272[2].
Ouvrages
Bonum universale de apibus
Son œuvre la plus importante est le Bonum universale de apibus, un ouvrage en deux livres rempli d'histoires édifiantes et merveilleuses sur les plus saints personnages de son pays. C'est une « œuvre d'édification morale et spirituelle appuyée d'exemples et de similitudes tirées de la vie des abeilles[3] », qui sont utilisées de façon allégorique. Sa rédaction se situe entre 1256 et 1263. Dans cet ouvrage, il est le premier à théoriser une raison aux meurtres rituels dont les Juifs étaient alors de plus en plus accusés : pour lui, les Juifs, souffrant d'hémorragies (depuis leur interpellation à Ponce Pilate : « Que son sang soit sur nous, et sur nos enfants[4] »), se seraient vu prédire par « un des leurs, jouissant de la réputation de prophète, » que « seul le sang chrétien (solo sanguine Christiano) » pourrait les soulager de ce mal. Pour Thomas de Cantimpré, les Juifs, « toujours aveugles et impies », ont alors pris cette prophétie à la lettre et commencé à récolter du sang chrétien par le moyen de meurtres rituels. Or, selon lui toujours, le vrai sens de la prophétie était que seul le sang de Jésus-Christ (symboliquement bu lors de l'Eucharistie), et non le sang de n'importe quel chrétien, pouvait agir. Le seul remède pour les Juifs était donc, selon la logique de Thomas, la conversion[5],[6].
Dans cet ouvrage, Thomas mentionne la thèse blasphématoire des trois imposteurs (Moïse, Mahomet, Jésus), qu'il attribue à son contemporain, le théologien Simon de Tournai, et qui aurait valu à ce dernier d'être frappé d'une crise d'épilepsie qui l'aurait rendu muet[7].
Est également raconté dans cet ouvrage le miracle eucharistique de Douai que Thomas affirme avoir lui-même constaté, et dont l'assemblée aurait été témoin[8].
Liber de Natura Rerum
Il est aussi l'auteur du livre encyclopédique Liber de Natura Rerum dont la première rédaction date de 1237-1240, mais qui a été remanié par la suite. Il s'agit d'une compilation d'auteurs anciens en 19 livres réalisée avec moins de finesse et d'esprit critique que celle de Vincent de Beauvais. La deuxième édition date de 1244 et comprend 20 livres[9] : 1. l'anatomie du corps humain, 2. l'âme, 3. les hommes monstrueux d'Orient, 4 les animaux quadrupèdes, 5.les oiseaux, 6. les monstres marins, 7. les poissons, 8. les serpents, 9. les vers, 10. les arbres communs, 11. les arbres aromatiques et médicinaux, 12. les propriétés des plantes aromatiques et médicinales, 13. les sources, 14. les pierres précieuses, 15. les sept métaux, 16. les sept régions célestes, 17. la sphère et les sept planètes, 18. les mouvements de l'air, 19. les quatre éléments, 20. les éclipses et les mouvements sidéraux.
Hymne en l'honneur du bienheureux Jordan (mort en 1227)
Éditions
(la) Thomæ Cantipratani, Bonum universale de apibus, Baltazaris Belleri, , 176 p. (lire en ligne)
(la) Thomas Cantipratanus, Miraculorum et exemplorum memorabilium sui temporis libri duo ... a mendis expurgati et notis illustrati opera Georgii Colveneri, Baltazar Beller, (lire en ligne)
Thomas de Cantimpré (trad. Vincent Willart), Le bien universel ou les abeilles mystiques. Traduit du latin par R. P. Frère Vincent Willart, Bruxelles, J. Vanden Horicke, , 620 p. (lire en ligne)
Liber de natura rerum, éd. Helmut Boese(de), Berlin/New York, Walter de Gruyter, 1973
↑Étienne Henri Josué du Puy de Montbrun, Recherches bibliographiques sur quelques impressions néerlandaises du quinzième et du seizième siècles, S. et. J. Luchtmans, , 99 p. (lire en ligne), p. 44 « L' auteur de cet ouvrage traduit du latin, Thomas de Cantimpré ou Catimpré n'est pas inconnu. Il se nommait avant son entrée en religion Guillaume Henri de Leeuw-Saint-Pierre, à savoir du lieu Leeuw-Saint-Pierre près de Bruxelles, où il est né vers l'an 1201. Après s'être enfroqué dans l'abbaye de Catimpré pas loin de Cambray, il prit le nom de Thomas Cantipratanus Brabantus et fut d'abord chanoine régulier de St Augustin, puis ailleurs religieux de l'ordre de St Dominique. Il est mort vers 1280. »
↑Charles Victor Langlois, Antoine Rivet de la Grange, François Clément, Pierre Claude François Daunou, Charles Clémencet, Joseph Victor Le Clerc, Barthélemy Hauréau, Paul Meyer, Mario Roques, Charles Samaran, Maurists, Histoire littéraire de la France : ouvrage commencé par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint Maur, et continué par des membres de l'Institut, Imprimerie nationale, , p. 177. Disponible sur Google Livres
↑Baudouin Van den Abeele, « Diffusion et avatars d'une encyclopédie: le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré », dans G. de Callataÿ et B. Van den Abeele, Une lumière venue d'ailleurs, Louvain-la-Neuve, Brepols, 2008, p. 142.
↑Steven Justice, « Eucharistic Miracle and Eucharistic Doubt », Journal of Medieval and Early Modern Studies, vol. 42, no 2, , p. 313-315 (ISSN1082-9636, lire en ligne, consulté le )
↑Benoît Beyer de Ryke, « Thomas de Cantimpré », Dictionnaire du Moyen Âge. Sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink P.U.F., , p. 1391-1392
↑Baudouin Van den Abeele, « Diffusion et avatars d'une encyclopédie: le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré », dans G. de Callataÿ et B. Van den Abeele, Une lumière venue d'ailleurs, Louvain-la-Neuve, Brepols, 2008, p. 158.