Ne doit pas être confondu avec l'escroc Tony Peillon.
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Tony Meilhon, né le à Nantes, est un criminelmultirécidiviste français. Il a en 2019 passé plus de 23 ans en prison, soit plus que la moitié de sa vie.
Tony Meilhon interjette appel et, au terme d'un nouveau procès qui se tient du au à la cour d'appel de Rennes[2], il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans, sans mesure de rétention de sûreté.
Biographie
La mère de Tony Meilhon est violée à l'âge de quinze ans par son propre père : de ce viol est né un garçon, le demi-frère aîné de Tony. Elle se marie avec Jacques Meilhon dont elle a trois enfants : un garçon, une fille et Tony. Le mari reconnaît l'enfant qui était né de l'inceste[3]. Lorsque Tony Meilhon est âgé de 3 ans, ses parents se séparent, sa mère fuyant un mari alcoolique et violent qui, selon ses dires, la « forçait » à avoir des enfants — dont Tony, dernier des quatre[4].
Cinq ans plus tard, sa mère se remet en couple. Tony ne s'entend pas avec son beau-père qui le bat, est rejeté par sa mère, et idéalise son père[5]. Il redouble, puis est placé en foyer, à 13 ans, par l'aide sociale à l'enfance. Il le vit comme un abandon, et fugue régulièrement.
Lors du procès en première instance pour le meurtre de Laëtitia Perrais, le psychiatre Bruno Millet décrit la jeunesse de Tony Meilhon comme marquée par son « incapacité » à se « conformer aux règles de la vie sociale[6]. » Le jeune homme pratique l'école buissonnière, la délinquance, consomme précocement de l'alcool, du haschich et de la cocaïne. Impulsif, intolérant à la frustration, il multiplie les délits et est arrêté plusieurs fois, à partir de ce moment-là, pour des braquages, des cambriolages et du trafic de stupéfiants. Il est incarcéré pour la première fois à 15 ans.
Le , sortant de son travail dans un hôtel-restaurant de La Bernerie-en-Retz (station balnéaire au sud de Pornic, dans la Loire-Atlantique), où elle est apprentie, Laëtitia Perrais rejoint Tony Meilhon. Le lendemain, Jessica Perrais, la sœur jumelle de Laëtitia, qui vit avec elle depuis 2005 en famille d'accueil, chez les Patron — elles ont toutes deux été placées en famille d'accueil par les services sociaux[9] découvre le scooter renversé à quelques dizaines de mètres de leur domicile, et prévient la police de sa disparition.
Tony Meilhon, arrêté le , est placé en garde à vue. Les enquêteurs retrouvent dans le coffre de sa 106 blanche du sang (celui de Laëtitia Perrais) et, dans son téléphone portable, des photos de Laëtitia Perrais prises sur la plage où ils ont fait connaissance. Dans le pré où est garée la caravane, ils trouvent un caddie carbonisé qui contient un couteau, une hache, une scie à métaux et une boucle d'oreille appartenant à Laëtitia Perrais. Meilhon nie toute implication. Dans sa cellule de garde à vue, il chante « Oh Laëtitia, qu’est-ce que t’étais bonne, je me suis pas ennuyé oh la la, ton petit corps, ça vaut trente ans de prison. […] Oh Laëtitia la gendarmerie n’a rien pu faire pour toi[10]. » , aveux enregistrés par un gendarme avec son smartphone.
Une découverte imprévue l'incite à avouer en partie : sur les indications de l'ex-petite-amie de Meilhon, qui révèle aux gendarmes le lieu où il aime pêcher, des plongeurs retrouvent le la tête et les membres sciés de Laëtitia Perrais dans le Trou Bleu, un étang situé à Lavau-sur-Loire (Loire-Atlantique) au lieu-dit La Garenne. Le tronc est manquant[11].
Le une promeneuse découvre le tronc de la jeune femme flottant sur l'étang de Briord : avec le réchauffement du printemps, la putréfaction a fait remonter le corps malgré le parpaing auquel il est lesté[11],[12],[13].
Interrogé, Meilhon soutient dans un premier temps qu'il a heurté involontairement Laëtitia Perrais avec son scooter[14]. La croyant morte, il aurait « maquillé cet accident en crime », hypothèse qu'il qualifie lui-même par la suite de « farfelue »[2].
Au terme de l'enquête, les gendarmes de la section de recherches d'Angers parviennent à établir que, dans la nuit du au , Meilhon emmène Laëtitia Perrais dans plusieurs bars[15] puis la ramène dans sa caravane où il habite. Il l'incite à boire, fumer un peu de haschich et même sniffer de la cocaïne. Alors que Meilhon est un cocaïnomane notoire, il est possible que cette consommation de cocaïne ait constitué une première pour Laëtitia Perrais[15]. Il veut coucher avec elle, mais elle refuse, si bien qu'il la viole. Elle envoie un message vocal à un ami, l'informant qu'elle vient de subir un viol[15]. Tony Meilhon la ramène jusqu'à son scooter, à La Bernerie-en-Retz, mais réalise qu'elle risque de porter plainte pour viol. Il décide alors de la rattraper avec sa voiture et la renverse à quelques dizaines de mètres de l'entrée de sa maison. Il la met dans son coffre, l'emmène dans un bois où il l'étrangle et la poignarde plus de quarante fois[16],[17]. Puis il démembre son corps et le jette dans deux étangs distants de 50 kilomètres : le tronc dans un premier étang, la tête, les bras et les jambes sous 8 mètres d'eau dans le Trou bleu, à Lavau, dans une nasse de grillage à poule.
Les experts judiciaires indiquent que la victime a été frappée, mortellement étranglée, puis poignardée à une quarantaine de reprises avant d'être découpée, sans qu'il soit possible de déterminer si elle a été violée[18],[19].
Procès et condamnations
Procès en première instance
Lors de son procès en première instance, en , Tony Meilhon reconnaît en partie les faits qui lui sont reprochés[17],[6]. Il impute cependant à un complice inconnu les parties les plus atroces de son crime[20],[17]. Les experts-psychiatres décrivent Tony Meilhon comme un homme intelligent et responsable de ses actes, à la personnalité psychopathique[6]. Lui-même se complaît à se décrire comme « un monstre[15] ». Au terme du procès, la Cour d'assises de Loire-Atlantique reconnaît Tony Meilhon coupable du meurtre et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de vingt-deux ans de sûreté et d’une demande de rétention de sûreté[21]. Cette condamnation suit les réquisitions de l'avocat général Florence Lecoq[22]. Tony Meilhon fait appel de sa condamnation, dans le but d'obtenir la suppression de la rétention de sûreté lors du deuxième procès[15],[22].
Procès en appel
Ce verdict, sans la mesure de rétention de sûreté, est confirmé en seconde instance, en 2015, par la Cour d'appel de Rennes. Le 6octobre 2016, il écope d'une nouvelle année en prison pour avoir intentionnellement incendié sa cellule le 21 septembre 2016[23],[24].
Parallèlement, Gilles Patron, assistant familial en Loire-Atlantique, est mis en examen le pour « viols et agressions sexuelles par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction ». Alors que cet homme appelait à la plus grande sévérité à l’encontre des délinquants sexuels, plusieurs jeunes femmes, dont Jessica Perrais, l'accusent d'agression sexuelles. Incarcéré en , Gilles Patron est finalement remis en liberté en mai suivant, avec un bracelet électronique. Le , la cour d’assises de Loire-Atlantique le condamne à huit ans de prison pour viols et/ou agressions sexuelles sur cinq victimes dont Jessica Perrais, placée chez lui depuis l'âge de 13 ans. Le verdict est assorti d’une mesure de suivi socio-judiciaire de cinq années avec injonction de soins, sous peine de trois années supplémentaires d’emprisonnement, une privation de dix ans des droits civiques et l’inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Cette condamnation a fait naître le soupçon qu'il aurait pu aussi abuser de Lætitia[25]. En juin 2017, il conteste son placement en isolement et fait une demande de réparation à l'État, laquelle sera rejetée.
Tony Meilhon met le feu à sa cellule pour protester contre le refus de l'administration carcérale de lui fournir du tabac[26]. Pour ce geste il est condamné à un an supplémentaire de prison et 4 420 euros de dommages[27].
Le , il dépose par l'intermédiaire de son avocat des demandes et réclame des indemnisations à hauteur de 8 000 euros[28] afin de protester contre les conditions de détention qui lui interdisent de travailler en cellule[29]. Il demande également l'annulation de son inscription au répertoire des détenus particulièrement signalés (DPS) et demande l'indemnisation des périodes de placement en isolement au motif des préjudices subis.
Retentissement politique
Quand il assassine Laëtitia Perrais, en janvier 2011, Tony Meilhon est sorti de prison depuis un an. Il aurait dû être encadré par un suivi judiciaire, que les magistrats et un personnel social débordé n'ont pu mettre en place[7]. Lorsque le président de la RépubliqueNicolas Sarkozy déclare, en référence à ce meurtre « Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés », le crime devient une affaire d'État. Ses propos provoquent une révolte sans précédent de magistrats qui observent une grève de dix jours dans toute la France. Le rapport du Conseil de la magistrature montre que le service d'application des peines de Nantes, qui comptait trois juges, en réclamait deux, et que le service d'insertion et de probation de Loire-Atlantique était en sous-effectif, ces dysfonctionnements étant connus depuis longtemps par l'administration centrale. Finalement, la sanction tombe : les magistrats ne sont pas sanctionnés, mais le ministre de la Justice Michel Mercier révoque de ses fonctions Claude-Yvan Laurens, alors directeur interrégional des services pénitentiaires de Rennes. L'intéressé est nommé inspecteur des services pénitentiaires.
↑Bernard Laine, Alexandra Riguet, Enfants en souffrance...la honte, Fayard, , p. 134.
↑rédaction Europe1, « Tony Meilhon met le feu à sa cellule en Normandie », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
↑rédaction Europe1, « Tony Meilhon écope d'un an de prison supplémentaire pour avoir incendié sa cellule », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
↑rédaction Europe1, « Tony Meilhon, le meurtrier de Laetitia Perrais, demande 8.000 euros de réparations à l'État », Europe 1, (lire en ligne, consulté le )
↑rédaction Télégramme, « Nantes - Affaire Laetitia. Tony Meilhon demande 8.000 € à l'Etat pour ses conditions de détention », Le Telegramme, (lire en ligne, consulté le )