Une soupe aux herbes sauvages est une adaptation assez fidèle du livre autobiographique éponyme d'Émilie Carles, une institutrice en contact permanent avec le milieu populaire dont elle est issue. Elle y raconte la vie des montagnards, qui dépend des récoltes et de la santé du bétail, évoquant notamment les travaux quotidiens et les améliorations apportées par le progrès aux villages éloignés.
C'est d'abord un témoignage sur la vie des paysans des Hautes-Alpes dans la première moitié du XXe siècle : les longues veillées d’hiver et l’entraide dans les moments difficiles, les premiers poêles à charbon, le raccordement au réseau électrique, l'amélioration de l’équipement ménager.
L'institutrice s’efforce de travailler selon son idéal, pour que ses élèves développent leurs propres talents, aiment l’étude et respectent les valeurs morales : solidarité, respect d’autrui, responsabilité individuelle. Dans ce livre, elle décrit avec enthousiasme son espoir de voir le monde devenir meilleur.
Le mouvement lancé dans les Alpes par Émilie Carles pour protéger la vallée de la Clarée est aussi raconté. Dans les années 1970, un projet de voie rapide passant par la vallée de la Clarée, pour aller de Fos-sur-Mer et Marseille à Turin (Italie) mobilise les habitants. Le bruit court alors que la voie rapide pourrait même devenir ensuite une autoroute sous le col de l'Échelle[4], selon René Siestrunck, qui deviendra maire de Val-des-Prés (de 1990 à 1995 et de 2008 à 2014)[4], tandis qu'un projet de station de ski est aussi évoqué[4].
Émilie Carles, craignant qu’une telle voie rapide ne devienne une autoroute, source de gêne, de pollution et de dommages à la nature dans ce remarquable environnement, travaille alors à créer une association de protection de la vallée avec de simples slogans comme « Des moutons, pas des camions ! », « La vallée de la Clarée aux paysans ! », « Laissez les montagnards tranquilles ! ». S'ensuivent des affiches, des tracts, des pétitions, des audiences à la préfecture. Le , Émilie Carles est à la tête d’une manifestation à Briançon, où elle réussit à réunir 300 manifestants et 13 tracteurs, venus de leurs villages malgré les heures de travail perdues en pleine saison de fenaison.