L'université de Picardie Jules-Verne (UPJV) est une université française créée en 1969, dont le siège est à Amiens mais qui dispose de campus dans plusieurs villes de la région des Hauts-de-France : Amiens, Beauvais, Creil, Laon, Saint-Quentin, Cuffies-Soissons. Son nom officiel selon le code de l'éducation est université d'Amiens[1].
Histoire
1804-1942 : l'école de santé et une éphémère faculté des lettres
L'histoire de l'université de Picardie Jules-Verne remonte au début du XIXe siècle, sous le Consulat. L'école de santé est organisée à partir de , à l'initiative de la Société médicale d'Amiens et de la commission administrative des hospices d'Amiens. L'inauguration a lieu le 22germinalan XII () et les cours commencent le 15vendémiairean XIII ()[2]. L'école est installée à l'Hôtel-Dieu, le laboratoire d'histoire naturelle et le jardin des plantes servant pour les cours de botanique. L'école forme alors essentiellement des officiers de santé.
En 1808, le décret organisant l'Université impériale fait d'Amiens le siège d'une académie. Elle doit donc théoriquement abriter une faculté des lettres et une faculté des sciences. En fait, seule la faculté des lettres voit le jour le . Elle est toutefois supprimée avec une dizaine d'autres par une décision du Conseil royal de l'instruction publique, confirmée par une ordonnance de Louis XVIII le [3].
À la suite de la réorganisation des études de médecine en 1820-1821, l'école de santé est soumise au régime universitaire et prend le nom « d'école secondaire de médecine et de pharmacie[4] ».
En 1840-1841, une nouvelle réforme transforme « l'école secondaire » en « école préparatoire de médecine et de pharmacie ». L'établissement est rattaché à l'académie de Douai mais reste financé par la commune et le département[5]. En 1883, la ville installe rue Henri-IV (en face de la cathédrale), une annexe comprenant notamment des laboratoires.
La loi du supprime le titre d'officier de santé, obligeant tous ceux qui veulent faire de la médecine à obtenir le titre de docteur. Dans ces conditions, certains élus estiment que l'école préparatoire n'a plus lieu d'être. Un débat acharné, au cours duquel Jules Verne prend la défense de l'école, a lieu au conseil municipal qui décide finalement du maintien de l'école préparatoire par 13 voixcontre 12[6].
En 1896, les cours sont transférés dans le quartier Saint-Leu et l'annexe de la rue Henri-IV est abandonnée. Les étudiants de médecine ne peuvent suivre à Amiens que le certificat de physique, chimie et sciences naturelles puis les trois premières années de médecine, après quoi ils doivent rejoindre une faculté (Paris ou Lille) pour le doctorat[7].
En 1918, les combats proches de la première guerre mondiale conduisent à transférer brièvement l'école préparatoire d'Amiens à Rouen. En revanche, les bombardements de 1940 entraînent la destruction complète de l'Hôtel-Dieu et des locaux de l'école. Les cours sont alors déplacés à l'ancien évêché, actuelle École supérieure de commerce d'Amiens[8].
1942-1971 : développement des formations universitaires et création de l'université
En 1942, pour pallier les difficultés d'accès aux UFR de droit de Lille et de Paris, un enseignement juridique est créé à Amiens par convention entre la ville, l'université de Lille et la faculté de droit de cette ville. Ces enseignements s'installent à leur tour dans l'ancien évêché[9].
Par un décret du , l'école préparatoire de médecine et de pharmacie est transformée en « école nationale de médecine et de pharmacie », qui a le statut d'institut d'université et est rattachée à la faculté de médecine de Lille[10]. Cette école s'installe progressivement dans de nouveaux locaux, situés rue Frédéric-Petit, dans l'ancien collège des Prémontrés.
En 1958, l'offre de formation est complétée par la création d'un collège scientifique universitaire (CSU) et d'une école supérieure de lettres, rattachés également à Lille. Il se constitue la même année un informel « centre universitaire d'Amiens » chargé des questions communes à l'ensemble des formations.
Dans les années qui suivent, l'enseignement universitaire d'Amiens cherche à gagner en autonomie en souhaitant devenir une université à part entière. Cependant, les services du ministère refusent de créer une université dans une ville qui n'est pas le siège d'une académie[11].
La difficulté vient des hésitations des représentants du département de l'Aisne qui se sentent plus proches de Reims que d'Amiens et revendiquent, si une nouvelle académie doit être créée, d'en fixer le siège à Saint-Quentin, jugée plus centrale. Si la demande ne reçoit pas d'écho favorable du gouvernement, le ministre de l'Éducation nationale promet toutefois à la ville la création d'un enseignement supérieur scientifique, ce qui sera chose faite en 1964 avec la création d'un CSU[12].
En 1964, le premier recteur de l'université, Robert Mallet du haut de la tour Perret, décide de construire cette université sur les actuels terrains au sud d'Amiens[13].
Cette même année 1964 voit finalement la création de l'académie[14], notamment grâce à l'intervention de Robert Mallet qui en devient recteur. C'est aussi en 1964 que sont inaugurés les bâtiments du CSU à Saint-Leu, à l'emplacement de l'ancien Hôtel-Dieu.
En 1965, le conseil des établissements d'enseignement supérieur est créé et un premier Guide de l'étudiant est publié[15]. Les enseignements de lettres et de droit s'installent à leur tour rue Frédéric-Petit.
C'est à cette époque également que commencent les travaux de construction du campus, prévus pour abriter, à terme, la totalité des formations universitaires, ce qui ne se produira pas.
En 1966, l'école nationale de médecine et de pharmacie est érigée en faculté de médecine, mais le même décret prévoit la suppression progressive des enseignements de pharmacie[17]. La nouvelle faculté reste rattachée à l'université de Lille.
Au cours des événements de mai 1968, les collèges juridique, scientifique, littéraire s'autoproclament facultés[18].
Devant les revendications et à la suite des modifications législatives intervenues entre-temps (loi Faure), le gouvernement revient sur sa décision prise en 1966 et crée une faculté mixte de médecine et de pharmacie à Amiens.
Finalement, le , l'université d'Amiens est créée par un arrêté. Elle regroupe :
Un conseil provisoire est chargé de gérer l'université et surtout d'élaborer les nouveaux statuts. Le conseil décide en de changer le nom de l'université en université de Picardie, ce qui donne lieu à des contestations de ceux qui pensent qu'il pourrait y avoir d'autres universités en Picardie. La nouvelle université obtient cependant gain de cause sur la question du nom.
Les statuts sont finalement approuvés par un arrêté du , donnant lieu à l'élection des premiers conseils statutaires (conseil d'administration et conseil scientifique) et celle du premier président de l'université, Dominique Taddeï, le .
Depuis 1971 : développement et transformations de l'université de Picardie Jules-Verne
Depuis 1971, l'université s'est développée en gagnant en intérêt auprès des étudiants picards, qui peuvent désormais suivre leurs études à Amiens voire dans d'autres villes de la région jusqu'au troisième cycle.
L'université s'est ainsi implantée dans les trois départements de Picardie, notamment à Beauvais et à Soissons.
À Amiens, les enseignements de droit et de lettres ont rejoint le campus en 1971.
Pour les UFR de médecine et de pharmacie (distinctes depuis 1974), l'installation au campus reste longtemps un projet[20], mais devant les divers retards pris, il est finalement décidé en 1987 de les déplacer à l'ancien hospice Saint-Charles[21]. Commencée à partir de 1991, l'installation s'achève avec l'ouverture de la bibliothèque en 2002[22].
Les UFR de droit et d'économie ont retrouvé le centre-ville à partir de 1997.
Depuis , le pôle « humanités » (Lettres, Langues, Histoire-Géographie, INSPE,), autrefois implanté au campus sud, a pris ses quartiers à la Citadelle d'Amiens. Parallèlement, on y trouve une bibliothèque universitaire, un restaurant CROUS ainsi que deux autres points de restauration. Toujours en 2018, l'université est à la pointe sur les études de genre en France, en relation avec l'Université Autonome de Barcelone et le Musée Picasso, notamment par les études sur Picasso et sa relation avec les femmes, avec le concours d'artistes internationales contemporaines telles qu'Eulàlia Valldosera[23].
Historique des présidents
Liste des présidents de l'Université de Picardie Jules Verne
Implantations de l'université de Picardie dans la région Hauts-de-France Préfecture de région. Préfectures de département.
Les services centraux de l'université se trouvent à Amiens comme la plupart des enseignements et des équipes de recherche. L'UPJV à Amiens est organisée en pôles situés en différents lieux.
Pôle Campus
Le pôle « Campus » (Chemin du Thil, allée P. Grousset et avenue des facultés - Amiens sud) regroupe :
l'UFR des SHSP ;
l'UFR des STAPS ;
l'IUT d'Amiens.
Le Campus du Thil, le plus ancien de l'université, est implanté au sud-ouest de la ville, dans ce qui était à l'époque de sa construction une plaine céréalière[26].
Pôle Saint-Leu
Le pôle « Scientifique Saint-Leu » (rue Saint-Leu) regroupe :
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Recherche
Pour la recherche, l'UPJV dispose de 35 équipes de recherche reconnues par le ministère, 6 sont associées au CNRS, 2 à l'INSERM et 1 à l'INERIS. Ces unités sont impliquées dans trois champs disciplinaires : Sciences (12 unités de recherche), Santé (11 unités de recherche) et les Sciences humaines et sociales (12 unités de recherche), chacune étant organisée autour de thèmes fédérateurs assurant la lisibilité de l'offre de recherche de l'UPJV.
Classement
Le Center for World University Rankings a classé l'Université de Picardie 871e université du monde et 49e de France.
La notation reflète une globale qualité d’enseignement qui combine les données sur la réputation des institutions de recherche et d'enseignement.
Classement mondial, source CWUR, sur 1000 universités
L'Université de Picardie Jules Verne est aussi impliquée dans la vie associative et notamment dans les projets associatifs menés par les étudiants. Elle offre à toutes les associations le demandant et répondant aux critères un agrément qui leur permet ensuite d'obtenir des subventions ou de participer à la vie étudiante de l'université.
L'AEBJV, Association Étudiante Beauvais Jules Verne, présente sur le site de Beauvais est conçue pour favoriser la vie étudiante en proposant des activités diverses dans un esprit d’échange et de partage.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Stéphane Coutant, Naissance et constitution de l'université de Picardie (1960-1971) (mémoire de DEA en sciences de l'éducation), Amiens, .
Fabien Leroy, L’Histoire de l'hôpital d'Amiens de 1926 à 1966 et de l'école de médecine d'Amiens de 1804 à 1966 (thèse d'exercice), , 80 p..
Églantine Némitz, Histoire de l'École de santé d'Amiens : de l'École pratique aux facultés de médecine et de pharmacie (1804-2004) (thèse d'exercice), Amiens, , 213 p.
Agence d'Évaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur (AERES), AERES-S1-Picardie, Rapport d'évaluation, , 32 p.
Simon Texier, L'université construit la ville. Architectures de l'Université de Picardie Jules-Verne, Amiens, Encrage éditions, , 176 p. (ISBN978-2-36058-174-0)