Le Vocabulaire européen des philosophies (sous-titré Dictionnaire des intraduisibles) est un dictionnaire encyclopédique du lexique philosophique, réalisé sous la direction de Barbara Cassin[1]. Il étudie quelque quatre mille termes ou expressions dans une quinzaine de langues principales.
En s'inscrivant dans la pluralité des langues, le Vocabulaire européen des philosophies voudrait éviter ces deux écueils que sont le « globish » et le « nationalisme ontologique »[2]. Le premier de ces termes est emprunté à Jean-Paul Nerrière[3] pour désigner le tout-à-l'anglais (global english) ; la seconde expression a été forgée par Jean-Pierre Lefebvre[4] pour désigner la position heideggerienne selon laquelle l'allemand et le grec seraient les deux langues philosophiques par excellence, une position démentie par l'article dans le même ouvrage par Alain Badiou sur la nature essentiellement philosophique du français. Le Vocabulaire européen des philosophies rejette donc l'idée d'une traduction univoque. C'est ce qu'indique le sous-titre : par « intraduisibles » il ne faut pas entendre ce que l'on ne peut pas traduire (et, par conséquent, ce qui n'a jamais été traduit), mais, bien au contraire, ce que l'on ne cesse pas de traduire[5].
En inscrivant son projet dans l'étude de la différence des langues, le Dictionnaire des intraduisibles se revendique aussi bien du Vocabulaire des institutions indo-européennes de Benveniste[6] que du concept deleuzien de « déterritorialisation[7] ».
↑Cf. Don't speak English, parlez Globish, Eyrolles, 2e éd. mise à jour et complétée, 2006.
↑Cf. « Philosophie et philologie : les traductions des philosophes allemands », in Encyclopédia universalis, Symposium, Les Enjeux, 1, 1990, p. 170.
↑On retrouve ici l'esprit de la collection « Points bilingues » que dirigeaient Alain Badiou et Barbara Cassin aux Éditions du Seuil et dont l'objectif était de présenter « des textes [...] "intraduisibles", toujours à retraduire » (cette phrase figurait en tête de chaque volume de la collection). On retrouve également cette idée dans l'exergue de l'édition que Barbara Cassin a donné de Parménide, Sur la nature ou sur l'étant : la langue de l'être ?, Paris, Seuil, 1997, p. 9.
↑Paris, Minuit, 1969, 2 vol. Cf. Vocabulaire européen des philosophies, « Présentation », p. XVII.[source insuffisante]
↑Cf. Ibid., p. XX; ou encore Barbara Cassin, « Sophistique, performance, performatif », Bulletin de la société française de philosophie, octobre -décembre 2006, p. 27 sq.
↑Cette liste renvoie aux auteurs qui ont collaboré à un nombre important d'articles ou dont le nom figure comme une entrée de Wikipédia. Une liste exhaustive des différents collaborateurs figure en tête de l'ouvrage (p. VIII-XIII).
Voir aussi
Bibliographie
Jean-Pierre Lefebvre, « Philosophie et philologie : les traductions des philosophes allemands », in Encyclopédia universalis, Symposium, Les Enjeux, 1, 1990, p. 170.
François Trémolières, « Vocabulaire européen des philosophies (dir. B. Cassin) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le [1]