Il est représenté sous les traits d'un être difforme[8], avec une tête d'animal. Les traits de cet animal sont le plus souvent interprétés comme ceux d'un chien (voire, plus précisément, de xoloitzcuintle, le chien nu mexicain)[4],[9] ; cependant, selon Patrick Johansson, les traits du visage de Xolotl peuvent également être interprétés comme ceux d'une chauve-souris, notamment en raison de la ressemblance entre sa représentation dans la planche 65 du Codex Borgia et une céramique mexica représentant une chauve-souris, mais aussi en raison d'une hypothèse étymologique attribuant l'origine du nom nahuatl Xolotl au tének, langue huaxtèque dans laquelle il aurait pu être formé par l'association des mots « jol » (« grotte ») et « ōt » (« étoile »), en référence à l'association de Xolotl à la chauve-souris[10].
Fonctions
Sa fonction principale est d'accompagner chaque nuit le soleil dans l'inframonde[8], ainsi que « l'âme » (teyolia) des défunts au Mictlan (le territoire des morts).
Il est également le protecteur des êtres qui lui étaient associés : les jumeaux (humains, animaux et même végétaux, dans le cas des épis de maïs doubles) et les êtres considérés comme monstrueux (albinos, bossus, proteidae et chiens nus)[11].
Les Aztèques pouvaient sacrifier, lors des rituels funéraires, un xoloitzcuintle représentant le dieu Xolotl (ixiptla), pour accompagner et guider le « teyolia » du défunt dans l'inframonde, jusqu'au Mictlan. Dans les actuels États mexicains de Colima, de Michoacán et de Jalisco, on retrouve fréquemment dans les tombes anciennes des statues en céramiques représentant le dieu Xolotl[12].
Calendrier divinatoire
Dans le calendrier divinatoire aztèque (tonalpohualli), Xolotl préside au dix-septième jour, celui du signe « ollin » (« Mouvement »), comme on peut le voir dans le Codex Borgia et dans le Codex Vaticanus B[13]. Cette association avec le signe « ollin » peut être liée à son rôle de sacrificateur dans la version du mythe du cinquième soleil (également désigné par le même signe « ollin »), où il sacrifie les autres dieux pour mettre le soleil en mouvement, ou, selon Cecelia Klein, à son rôle d'étoile du soir poussant le soleil vers les ténèbres à la fin du cycle vénusien-solaire[13] célébré tous les 52 ans lors de la cérémonie du feu nouveau.
Dans le récit de la naissance du Cinquième soleil, telle qu'elle est rapportée par Bernardino de Sahagún, Xolotl joue un rôle peu flatteur. Comme, après sa création, le soleil restait immobile, les dieux décidèrent qu'ils devaient mourir pour le faire bouger. Le dieu du vent se chargea de les tuer, mais Xolotl tenta de se soustraire à son sort et s'enfuit. Il se cacha d'abord dans un champ de maïs où il se changea en double épi, qu'on appelle xolotl en nahuatl. Ayant été reconnu, il s'enfuit à nouveau et se changea en maguey double appelé mexolotl. Après avoir été débusqué une deuxième fois, il se changea en «poisson appelé axolotl»[15] - en fait l'amphibien que l'on nomme encore aujourd'hui axolotl. Cette fois il fut pris et tué.
Toutefois, dans l'Historia eclesiástica indiana de Gerónimo de Mendieta, c'est Xolotl et non Quetzalcoatl qui va au Mictlan chercher les os dont les dieux ont besoin pour créer une nouvelle humanité[16]. Dans le même ouvrage, selon Mendieta, Xolotl est le sacrificateur et non une des victimes au moment où les dieux sont immolés lors de la création du Cinquième soleil[17].
Bibliographie
Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer, Le monde des Aztèques, Paris, Riveneuve éditions,
(es) Gerónimo de Mendieta, Historia eclesiástica indiana, Mexico, Consejo Nacional para la Cultura y las Artes,
Bernardino de Sahagún (trad. Denis Jourdanet et Remi Siméon), Histoire générale des choses de la nouvelle-Espagne, Paris, G. Masson,