Ses habitants sont appelés les Yussois ou Yutzois[1] et sont au nombre de 17497 en 2022.
Géographie
L’agglomération yussoise occupe depuis l’Antiquité un endroit stratégique, le côté alluvionnaire (rive droite) du coude de la Moselle qui opère à cet endroit son grand virage en direction du Rhin. La ville est entourée de plusieurs collines : le Selvert (207 m), la côte des Roses (ou côte d’Illange, 219 m), Kollom (194 m) et le Galienberg. Elle est constituée de trois bans : Basse-Yutz, Macquenom et Haute-Yutz. Les deux premiers s’étendent principalement dans la plaine de la Moselle (155 m) tandis que le quartier de Haute-Yutz occupe le flanc du Selvert.
La commune est située dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par la Moselle, la Moselle canalisée, le ruisseau le Helpert et le fossé des Remparts de Thionville[Carte 1].
La Moselle canalisée, d'une longueur totale de 135,2 km, prend sa source dans la commune de Pont-Saint-Vincent et se jette dans la Moselle à Kœnigsmacker, après avoir traversé 61 communes[3].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,6 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 16,7 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 781 mm, avec 12,6 jours de précipitations en janvier et 9,1 jours en juillet[4]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Malancourt », sur la commune d'Amnéville à 11 km à vol d'oiseau[6], est de 10,2 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 884,1 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 39,3 °C, atteinte le ; la température minimale est de −17,9 °C, atteinte le [Note 1],[7],[8].
Au , Yutz est catégorisée centre urbain intermédiaire, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[11].
Elle appartient à l'unité urbaine de Thionville[Note 2], une agglomération intra-départementale regroupant douze communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 3],[12],[13]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Luxembourg (partie française), dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[13]. Cette aire, qui regroupe 115 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[14],[15].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (47,9 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (35 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
zones urbanisées (34,3 %), terres arables (17,5 %), forêts (15,7 %), prairies (13,7 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (9 %), eaux continentales[Note 5] (2,8 %), zones agricoles hétérogènes (2,5 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (2,4 %), mines, décharges et chantiers (2,2 %)[16]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Haute-Yutz : Oberieutz (1606), Itz (1686), Yeutz, Yeut-Haute (XVIIIe siècle), Yutz la Haute (1793), Intz Haute (1801), Ober-Jeutz (1871-1918). Ober-Geits en allemand[18]. Uewer-Jäiz et Ower-Jäiz en francique lorrain.
D'après la seconde forme ancienne latinisée, le nom de Yutz est apparemment issu du latin judex, judicium au sens de « lieu de justice, tribunal »[19], cependant ce genre de latinisation est le plus souvent fantaisiste. Il s'agit plutôt d'un toponyme gallo-roman composé à partir de l'anthroponyme germanique Judo, suivi du suffixe -icium[20] ou plutôt (-i)-acum réduit par la suite à -icium, d'après la forme contemporaine, c'est-à-dire *Judiacum (-ensis dans la forme la plus ancienne est un suffixe latin ajouté pour marquer l'origine, la provenance, mais n'a rien à voir avec le toponyme). Les toponymes gallo-romans en -iacum sont souvent basés sur un nom de personne germanique à l'époque du Bas Empire. Par contre, la germanisation plus tardive du toponyme n'est pas liée à son étymologie[19].
On prononçait « Basse-Ius » et « Haute-Ius » avant la fusion de 1971 et on prononce à nouveau le [t] depuis que la commune porte le nom de Yutz tout court.
Sobriquet
Surnom à propos des Yussois : Die Muertentrippler (ceux qui piétinent sur les carottes)[21], selon les dires des communes voisines, les gens de Yutz étaient des grands consommateurs de carottes et réservaient une grande place à leur plantation.
Histoire
Avant notre ère : présence des Celtes sur le site de Yutz attesté par la découverte des oenochoes et stamnos à Basse-Yurtz.
IIe - IVe siècle après notre ère : Judicium est un bourg « industriel » gallo-romain de potiers (sigillées), de tuiliers et de briquetiers exportant leurs produits par chalands sur la Moselle. On aurait retrouvé des sigillées de Yutz sur le limes prouvant que l’officine de Yutz fournissait les armées romaines du Rhin.
IVe siècle : première trace de civilisation chrétienne à Yutz.
VIe - VIIIe siècle (époque austrasienne) : Judicium est le chef-lieu d’un vaste comté.
VIIIe siècle : Charlemagne choisit d’installer son palais de villégiature en face de la ville de Judicium, sur la rive gauche, donnant naissance à Thionville. À chaque séjour impérial, sa suite campe sur la rive droite. L’empereur et sa cour alimentent l’économie de Judicium qui demeure chef-lieu de comté.
1650 : première mention écrite de la confrérie de Saint-Nicolas (saint Nicolas est le patron des pêcheurs), confrérie de pêcheurs devenue société mutualiste pour toute la population locale à la suite des ravages de la guerre de Trente Ans. Cette confrérie qui a survécu à la Révolution française existe toujours. Elle est aujourd’hui l’une des plus vieilles institutions de France.
1815 : destruction de Haute-Yutz et de l’église conciliaire sur décision du général « vandale » Léopold Hugo afin d’établir un périmètre de sécurité autour du couronné de Yutz (fortifications bastionnées datant du XVIIIe siècle). Le village fut reconstruit sur la partie de son territoire en dehors du rayon de défense de la tête du pont[19].
1882 : création à Yutz de la première caisse Raiffeisen de Moselle. Deviendra Crédit mutuel après le retour à la France.
Fin XIXe siècle / début XXe siècle : l’installation de la brasserie Saint-Nicolas, d’une usine de métallurgie, d’ateliers du chemin de fer et d’un camp militaire font « exploser » la population de Yutz qui connaît son premier essor urbain.
Années 1920 : plusieurs aviateurs français célèbres (Henri Guillaumet, Jean Mermoz…) stationnent au champ d’aviation de Yutz dans le cadre de leur service militaire.
En 1810, le village de Macquenom fut rattaché à Basse-Yutz.
Comme les autres communes de l'actuel département de la Moselle, Yutz est annexée à l’Empire allemand de 1871 à 1918. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les jeunes Mosellans sont incorporés dans l'armée impériale allemande. Beaucoup de jeunes gens tomberont au champ d'honneur sous l’uniforme allemand, sur le Front de l’Est, mais aussi à l’Ouest, en particulier en France et dans les Flandres. Sujets de l'Empereur depuis près d'un demi-siècle, les Mosellans accueillent avec joie la fin des hostilités et la paix retrouvée. Yutz redevient française.
Le maire sortant Patrick Weiten (étiqueté UDI) a été réélu le (dès le premier tour) avec 81,87 % des voix.
Résultats des élections municipales à Yutz :
Au 1er tour des élections cantonales, le , le taux de participation est faible : 36,32 %. On peut également compter 0,45 % de bulletins blancs ou nuls.
Patrick Weiten recueille 63,44 % des voix, contre 12,98 % à son adversaire socialiste Yannick Williot, lequel devance de peu le candidat investi par le FN Gilbert Garni, qui obtient 12,1 % des suffrages exprimés. Patrick Weiten et Yannick Williot sont en ballottage en raison d'une trop forte abstention. Le 2e tour, le , voit Patrick Weiten recueillir 74,87 % des voix, tandis que Yannick Williot en récolte 25,13 %. Patrick Weiten est donc réélu conseiller général de la Moselle dans le canton de Yutz.
Patrick Weiten a ensuite été élu président du conseil général de la Moselle. Philippe Slendzak, 11e vice-président de la communauté d'agglomération Portes de France-Thionville, délégué aux finances, est élu maire de Yutz, en remplacement de monsieur Weiten, qui ne pouvait pas cumuler deux fonctions exécutives. Patrick Weiten est désormais le 1er adjoint au maire de Yutz.
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[30],[Note 6].
En 2022, la commune comptait 17 497 habitants[Note 7], en évolution de +7,09 % par rapport à 2016 (Moselle : +0,52 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
Les œnochoés de Basse-Yutz, exceptionnels, d’époque celte, retrouvés vers 1920 à Basse-Yutz lors des travaux de création de la voie de chemin de fer sont exposés au British Museum de Londres.
Lieux et monuments
Édifices civils
Moules et sigillées gallo-romains remarquables d’une officine de potiers de Yutz, exposées au Musée du Pays thionvillois qui leur consacre toute une salle à la tour aux Puces de Thionville.
Parc du fort d’Illange : ensemble fortifié allemand (Feste) construit sous le règne du KaiserGuillaume II surplombant la Moselle et dont les abords entourés de végétation luxuriante ont été aménagés en circuit de promenade sur les bans communaux de Yutz et d’Illange.
Vieux Macquenom : ensemble de fermes agricoles et de maisons de pêcheurs formant ancien village (XVIIIe et XIXe siècles). Ce lieu ce nommait Maken Howen en 1439. Il se nomme également Mackenhofen en allemand et Mackenowen en francique lorrain.
Maison des Bains (galerie publique communale).
La salle Bestien : salle de fêtes municipale d’époque 1900.
Quelques exemples remarquables de villas de période wilhelmienne.
Brasserie Saint-Nicolas, puis de Basse-Yutz (Yeutzer-Bräu), élevée en 1898, désaffectée en 1986, largement détruite en 1997. De cette époque datent : bureau, laboratoire, atelier de fabrication, entrepôt industriel, logement patronal, cantine et cheminée (détruite). Un magasin industriel et la conciergerie datent du début du 3e quart du XXe siècle. Brasserie désaffectée depuis 1986, les installations (cuves à fermentation, chaudières) ont été démontées puis envoyées en Chine pour réutilisation. L'alimentation en eau de la brasserie se faisait à partir de puits situés à Haute-Yutz. Au début du XXe siècle, la glace destinée à la fabrication de la bière était entreposée au 1er niveau de l'atelier de fabrication (utilisé par la suite pour le stockage de la bière) ; à cet effet, les murs du bâtiment de 60 cm d'épaisseur (mesure estimée) comportent un vide central destiné à assurer une régulation frigorifique nécessaire à la conservation de la glace. La brasserie employait 120 personnes en 1954.
Édifices religieux
Église paroissiale Saint-Joseph de Haute-Yutz, construite en 1963 par l’entrepreneur Loutzweiler, d’après les plans de l’architecte Martinez de Thionville, à côté de l’ancienne église paroissiale Sainte-Ursule. Elle est élevée au titre de sanctuaire diocésain le [32].
Église ancienne Sainte-Ursule de Haute-Yutz, construite au XIXe siècle. après la destruction du village de Haute-Yutz en 1815, elle est aujourd’hui désaffectée.
Église paroissiale Saint-Nicolas de Basse-Yutz. Située à l’angle de la rue Jean-Jaurès et de la Grand’Rue, l’église primitive située à l’entrée Ouest du village où se tint un concile en 846, fut reconstruite en 1571 puis détruite en 1815 par le général Hugo pour faciliter la défense de Thionville. Reconstruite en 1822 par l’entrepreneur Guillemand, d’après des plans de l’architecte Derobe, elle est détruite par un incendie en 1890. Reconstruite en 1892 à l’initiative du curé Michel, elle est agrandie en 1925 et détruite en 1944 par les bombardements. Elle est à nouveau reconstruite en 1958. La nouvelle église est l’un des plus grands édifices religieux d’architecture contemporaine en région Lorraine, modèle unique des années 1950. Originalités : vitraux de Camille Hilaire (chœur et nef), façade de Casazza (vitraux et mosaïque), baptistère et campanile.
Église Sainte-Croix à Yutz-Cité, exemple d’architecture religieuse dans le pur style des années 1930. Originalité : intérieur structuré par des arcs diaphragmes.
Statue monumentale de saint Nicolas (XIXe siècle). Cette statue était l'emblème de la brasserie de Basse-Yutz et se trouvait sur la façade de l'édifice. Lors de la destruction de la brasserie, elle a été transférée dans le jardin de l'église Saint-Nicolas de Basse-Yutz.
Temple protestant réformé, rue de la République, inauguré en 1929. Situé dans un parc, le temple est un édifice en croix grecque.
Croix monumentale à Haute-Yutz rue du Vieux-Bourg. Croix érigée après 1815, à l’emplacement du village de Haute-Yutz détruit en juin 1815 par le général Hugo pour faciliter la défense de Thionville ; le croisillon a été remplacé lors du déménagement de la croix à l’occasion de la construction de l’autoroute A31.
Croix monumentale Bildstock à Haute-Yutz rue Pasteur. Croix peut-être érigée au XVIe siècle ; et restaurée au XIXe siècle.
Croix monumentale à Haute-Yutz 186 rue du Président-Roosevelt. Croix érigée en 1824, date portée sur un cartouche sur la face antérieure du fût.
Croix monumentale Bildstock à Haute-Yutz, rue de la Mairie : christ en croix ; Vierge ; saint Hubert ; saint Pierre.
Croix monumentale à Haute-Yutz, rue de la Mairie. Croix érigée en 1825, date portée sur le socle, pour la commune de haute Yutz en souvenir de la chapelle démolie par fait de guerre.
Croix monumentale Bildstock à Basse-Yutz, au 145 Grand’Rue : christ en croix ; Vierge ; Vierge de Pitié ; saint Eloi ; sainte Barbe.
Croix monumentale à Basse-Yutz, au 105 rue des Romains. Croix érigée en 1829 (date portée sur la face antérieure du socle) pour François Jaclo et Catherine Nobs son épouse.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite de banlieue lorsqu'elle n'est pas ville-centre, à savoir que sa population est inférieure à 50 % de la population de l’agglomération ou de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Thionville comprend une ville-centre et onze communes de banlieue.
↑Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
↑Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations de référence postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population de référence publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑« Qualité des eaux de rivière et de baignade. », sur qualite-riviere.lesagencesdeleau.fr/ (consulté le ) - Pour recentrer la carte sur les cours d'eau de la commune, entrer son nom ou son code postal dans la fenêtre "Rechercher".
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cBouteiller, Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle : comprenant les noms de lieu anciens et modernes, rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, Paris, Imprimerie nationale.
↑ ab et cPublications de la Société pour la Recherche et la Conservation des Monuments Historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, Volume 18, Imprimerie-Librairie V. Buck, 1863.
↑Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des Noms de lieux en France, Librairie Guénégaud 1978. p. 737.
↑Passé-Présent : La Moselle dévoilée No 6 (Juin-Juillet-Août 2012)
↑« 1944-1945, Les années Liberté », Le Républicain Lorrain, Metz, , p. 14.
↑« Le nouveau maire est une femme », Le Républicain Lorrain, (lire en ligne) « Engagée depuis 2014 dans la vie politique locale, Clémence Pouget a été élue ce dimanche 28 juin maire de Yutz. ».