Le scrutin voit une forte hausse de la participation et une victoire du Parti social-démocrate de l'ancienne ministre fédérale de la Famille Franziska Giffey, qui confirme son résultat de et devance Les Verts, seule formation à progresser clairement et qui prend la deuxième place à l'Union chrétienne-démocrate.
Deux mois après la tenue du scrutin, Franziska Giffey conclut un accord de gouvernement avec Les Verts et Die Linke, reconduisant ainsi la coalition rouge-rouge-verte au pouvoir depuis cinq ans. Elle est élue bourgmestre-gouverneure le .
Contexte
Les élections précédentes en 2016 voient la victoire du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) — au pouvoir depuis à travers diverses coalitions — qui arrive en tête malgré des résultats moindres qu'en 2011. L'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) enregistre quant à elle un fort recul, tandis que l'AfD effectue une percée. Du fait de la loi électorale qui attribue 30 sièges complémentaires, 160 députés sont finalement élus.
À l'issue des négociations sur la formation d'un gouvernement de coalition, le bourgmestre-gouverneur Michael Müller est reconduit le 8 décembre 2016 à la tête d'une alliance rouge-rouge-verte réunissant au SPD les partis Die Linke et Alliance 90 / Les Verts (Grünen), en lieu et place de la Grande coalition qui unissait précédemment le SPD à la CDU. C'est alors la seconde coalition de ce genre au niveau d'un Land, et la première dirigée par un membre du SPD[1].
Chaque électeur dispose de deux voix : la première (Erststimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription, selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, la ville comptant un total de 78 circonscriptions ; la seconde voix (Zweitstimme) lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau de la ville ou de son arrondissement, la ville disposant de 12 arrondissements.
Lors du dépouillement, l'intégralité des 130 sièges est répartie en proportion des secondes voix entre les partis ayant remporté au moins 5 % des suffrages exprimés au niveau de la ville ou au moins une circonscription. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci. Pour les partis ayant présenté leurs listes au niveau des arrondissements, la répartition proportionnelle est répétée pour chaque arrondissement.
Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, il conserve ces mandats supplémentaires et des mandats complémentaires sont attribués aux autres partis afin de rétablir une composition de la Chambre des députés proportionnelle aux secondes voix.
L'Alliance 90 / Les Verts (Grünen) prévoit d'investir sa cheffe de file lors d'un congrès organisé le . La députée régionale Bettina Jarasch(de), qui fait acte de candidature au début du mois d'octobre, devient la seule postulante après les renoncement des favorites, la sénatrice à l'Économie Ramona Pop et la présidente du groupe parlementaire Antje Kapek(de)[5]. Finalement organisé le , le conclave du parti écologiste consacre effectivement Bettina Jarasch sans aucun vote contre[6].
Le , le député fédéral et président de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne dans la capitale, Kai Wegner, indique qu'il souhaite mener la campagne de son parti lors des élections régionales et renonce donc à se représenter pour un nouveau mandat au Bundestag[7]. Sa candidature est confirmée huit mois plus tard, au cours d'un congrès où il reçoit l'approbation de 92,7 % des délégués chrétiens-démocrates pour tenter de s'installer au Rotes Rathaus[8].
Lors d'une réunion organisée le , le comité directeur de Die Linke désigne comme candidat Klaus Lederer(de), sénateur à la Culture de la coalition rouge-rouge-verte au pouvoir et déjà chef de file en 2016. Sa nomination doit être entérinée en par un congrès de la fédération berlinoise du parti[9].
Le président du groupe parlementaire du Parti libéral-démocrate (FDP) Sebastian Czaja(de) est choisi le par un congrès régional dématérialisé pour mener la campagne de son parti, comme il l'avait fait cinq ans auparavant. Il reçoit en effet le soutien de 94 % des délégués[10].
Le suivant, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) se réunit en congrès afin de choisir son candidat au poste de bourgmestre-gouverneur. Avec 89,5 % des suffrages exprimés par les délégués en sa faveur, la présidente régionale du parti Kristin Brinker(de) — en poste depuis trois mois après avoir battu la députée fédérale Beatrix von Storch — est désignée pour mener campagne en qualité de cheffe de file électorale[11].
La journée électorale est marquée par un chaos logistique : les électeurs doivent parfois patienter plus d'une heure pour voter, certains bureaux de vote disposent des bulletins de vote d'une circonscription différente, les contraignant à fermer et à déclarer nuls les mauvais bulletins glissés dans l'urne, et le ravitaillement en bulletins est perturbé par la tenue concomitante du marathon[15].
Analyse
Électorale
Occupant le poste de bourgmestre-gouverneur de Berlin depuis vingt ans, le Parti social-démocrate l'emporte à nouveau, devançant Les Verts et l'Union chrétienne-démocrate[16]. Si le parti écologiste réalise son meilleur résultat, que les sociaux-démocrates stagnent, et que les chrétiens-démocrates progressent légèrement, l'Alternative pour l'Allemagne connaît un net recul, le tout dans un contexte de nette hausse de la participation en raison de la concomitance des élections fédérales et d'un recours historiquement élevé au vote par correspondance[17].
La cheffe de file du SPD Franziska Giffey peut en théorie bâtir quatre coalitions différentes : une coalition « kényane » unissant les trois partis arrivés en tête, mais compliquée à mettre en œuvre en raison des désaccords entre écologistes et chrétiens-démocrates sur les infrastructures, le climat et la sécurité ; une coalition « allemande » avec l'Union chrétienne-démocrate et le Parti libéral-démocrate, conforme au projet centriste défendu par la candidate du Parti social-démocrate mais qui risque de se heurter à la base militante de son parti, plus à gauche ; une coalition « en feu tricolore » associant le SPD, les Grünen et le FDP, peu envisageable à cause des divergences de vue sur le logement et l'aménagement ; ou reconduire la coalition « rouge-rouge-verte » au pouvoir depuis cinq ans, dont 38 % des Berlinois se disent satisfaits et que 44 % présentaient comme leur option post-électorale favorite, selon un sondage pré-électoral[18].
Cependant, elle doit se résoudre six jours plus tard à cette seconde option en raison de l'opposition des écologistes à gouverner avec les libéraux, et conclut avec les deux autres partis de gauche un accord-cadre en 19 points qui servira de base aux négociations de coalition[22]. Le comité directeur du SPD approuve le soir-même l'ouverture des négociations[23], suivi quelques heures plus tard par la commission régionale des Grünen[24] et le lendemain par la conférence extraordinaire de la Linke[25].
Les trois formations présentent le leur accord de coalition, centré sur la lutte contre le réchauffement climatique, contre la pauvreté, le renforcement du système de santé et la hausse des salaires. L'élection du nouveau gouvernement régional est programmée le suivant, après la ratification du pacte par les trois partis concernés[26].