Les élections régionales de 2021 en Saxe-Anhalt (en allemand : Landtagswahl in Sachsen-Anhalt 2021) se tiennent le , afin d'élire les 83 députés de la 8e législature du Landtag, pour un mandat de cinq ans. En application de la loi électorale, 97 députés sont finalement élus.
À peine un mois après le scrutin, la CDU, le SPD et l'Alliance 90 / Les Verts (Grünen) annoncent avoir conclu un accord pour constituer une « coalition kényane », la première à associer leurs trois partis au niveau gouvernemental[2]. Reiner Haseloff est réélu ministre-président par le Landtag le par 47 voix favorables au second tour de scrutin — une de plus que sa majorité — après avoir échoué au premier tour avec 41 suffrages, trois de moins que la majorité requise[3].
Le , le Landtag adopte la proposition de sa présidente Gabriele Brakebusch(de) de reporter de trois mois les futures élections régionales et de les convoquer le . Cette modification du calendrier électoral est approuvée par les partis de la coalition au pouvoir mais rejetée par l'AfD et Die Linke, qui siègent dans l'opposition[4].
Chaque électeur dispose de deux voix : la première (Erststimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le Land comptant un total de 41 circonscriptions ; la seconde voix (Zweitstimme) lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau du Land.
Lors du dépouillement, l'intégralité des 83 sièges est répartie proportionnellement aux secondes voix entre les partis ayant remporté au moins 5 % des suffrages exprimés au niveau du Land. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci.
Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, il conserve ces mandats supplémentaires et la taille du Landtag est augmentée par des mandats complémentaires distribués aux autres partis pour rétablir une composition proportionnelle aux secondes voix.
Campagne
Le président régional de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) et ministre de l'Intérieur Holger Stahlknecht indique au début du mois de qu'il souhaite être chef de file aux prochaines élections régionales, mais qu'il renoncera si le ministre-président Reiner Haseloff ambitionne de postuler pour un troisième mandat[6]. Le , Reiner Haseloff indique sa volonté d'être de nouveau candidat chef de file de l'Union chrétienne-démocrate après s'être entretenu avec Stahlknecht[7]. Sa candidature est approuvée lors d'une conférence régionale organisée à Dessau-Roßlau le par 94,9 % des voix des délégués[8].
Cornelia Lüddemann(de), présidente du groupe parlementaire de l'Alliance 90 / Les Verts (Grünen), dit en sa volonté de mener la campagne écologiste, la ministre de l'Environnement Claudia Dalbert(de) ayant elle pour souhait de continuer à siéger au gouvernement après le scrutin[9]. Lors d'un congrès régional organisé le à Halle-sur-Saale, les Grünen approuvent à 85 % l'investiture de Cornelia Lüddemann comme cheffe de file, confiant la deuxième place de la liste de candidats à leur président Sebastian Striegel[10].
À l'occasion d'un vote des militants du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) dont les résultats sont publiés le , la présidente du groupe parlementaire Katja Pähle(de) est investie cheffe de file avec 55 % des suffrages exprimés. Le score de son concurrent Roger Stöcker, professeur de sciences politiques qui recueille plus de 42 % des voix, est remarqué en raison de son absence de notoriété, de mandat et d'expérience électorale[11].
Deux jours seulement après que le SPD a organisé le vote de ses adhérents, Die Linke organise une conférence régionale qui rassemble le président régional, le comité directeur et les présidents des fédérations locales. À cette occasion, le dirigeant du parti dans le Land Stefan Gebhardt(de) propose que la vice-présidente du groupe parlementaire au Landtag Eva von Angern(de) conduise la campagne de la gauche radicale en . Cette candidature est approuvée à l'unanimité[12] puis ratifiée le lors d'une convention régionale organisée à Schönebeck[13].
Le , l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) choisit son président de groupe parlementaire Oliver Kirchner(de) pour emmener sa campagne aux élections de 2021. Il reçoit l'approbation de 87 % des délégués au congrès régional organisé à Magdebourg, marqué par une fausse alerte à la bombe[15].
Contrairement à ce que les sondages semblaient indiquer, l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) sort grande vainqueure du scrutin et devance nettement l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). La CDU doit ce résultat autant à la crainte d'une possible victoire de l'AfD et de l'image que cela donnerait de la Saxe-Anhalt qu'à la popularité du ministre-présidentReiner Haseloff, et ce alors que les scandales, la gestion fédérale de la pandémie et des déclarations polémiques auraient pu la mettre en difficulté. L'AfD perd ainsi la quasi-totalité de ses mandats de circonscription, passant de quinze à un seul et comptera désormais moins d'un quart des députés au Landtag, perdant par la même sa capacité à saisir la Cour constitutionnelle. À gauche de l'échiquier politique, tous les partis subissent une défaite électorale ou politique, puisque Die Linke et le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) enregistrent leurs pires résultats régionaux et que l'Alliance 90 / Les Verts (Grünen) échoue à progresser fortement[20],[21].
Au lendemain du scrutin, le comité directeur régional de la CDU décide à l'unanimité de proposer des entretiens exploratoires au SPD, au FDP et aux Grünen. Ces derniers indiquent à cette occasion ne pas vouloir rééditer la « coalition kényane » qu'ils forment depuis cinq ans avec les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates, tout en se disant ouverts à une « coalition jamaïcaine » avec les libéraux-démocrates. Tant le SPD que le FDP signalent leur disponibilité pour entamer des discussions avec la CDU, le Parti libéral soulignant qu'ils n'ont pas l'intention d'être « une roue de secours » dans un attelage où leurs voix ne compteraient pas, en référence à une alliance tripartite avec l'Union chrétienne-démocrate et le Parti social-démocrate où ces deux formations détiendront l'exacte majorité absolue au Landtag[23].
Le , la CDU entreprend des entretiens exploratoires avec le SPD, le FDP et les Grünen afin de déterminer dans quelle mesure il serait possible d'ouvrir des négociations en vue de former un gouvernement de coalition[24]. Après deux semaines de rencontres, un rapprochement s'opère entre l'Union chrétienne-démocrate et le Parti libéral-démocrate, qui nécessite cependant un troisième allié pour disposer de la majorité absolue des députés[25]. Y associer les sociaux-démocrates constitue la solution favorite des chrétiens-démocrates, mais suscite des réticences chez les libéraux-démocrates dans la mesure où les deux autres partis sont majoritaires sans eux ; la CDU aurait cependant proposé au FDP d'inscrire dans l'éventuel accord de coalition un engagement formel de ne pas utiliser cette majorité bipartite en cas de désaccord au sein de l'entente à trois[26].
Une réunion à trois entre l'Union chrétienne-démocrate, le Parti social-démocrate et le Parti libéral-démocrate se tient le [27]. Leurs dirigeants révèlent le lendemain vouloir poursuivre leurs échanges, relevant de nombreux points d'accord entre eux sur la question budgétaire, la santé ou les infrastructures[28]. Après un accord unanime des comités directeurs de la CDU et du FDP le pour ouvrir formellement des négociations de coalition[29], un congrès du SPD réuni à Leuna donne un feu vert identique à la majorité des délégués le lendemain[30].
Un accord de coalition est conclu et présenté publiquement le suivant, prévoyant notamment un fonds de relance de l'économie de 1,5 milliard d'euros, l'augmentation des effectifs de la police régionale, la réalisation d'importantes infrastructures de transport et la confirmation de la sortie définitive du charbon à horizon . Dans le cadre de la répartition des ministères, le Parti social-démocrate abandonne le ministère de l'Économie au profit du ministère du Climat et de l'Énergie. La ratification de cette entente est soumise au vote des adhérents sociaux-démocrates pendant une durée de quatre semaines, ce qui renvoie l'investiture de Reiner Haseloff par le Landtag au [31]. La direction régionale du SPD annonce le que, sur les 60 % des adhérents ayant pris part au vote interne, 63,4 % se sont exprimés en faveur de l'accord de coalition avec la CDU et le FDP[32].
Reiner Haseloff est investi ministre-président pour un troisième mandat le par le Landtag, l'emportant au second tour par 53 voix sur 97 après avoir échoué au premier avec 48 suffrages favorables, soit un de moins que la majorité requise[33].
↑(de) « Reiner Haseloff tritt erneut als CDU-Spitzenkandidat in Sachsen-Anhalt an », Der Spiegel, (lire en ligne, consulté le ).
↑(de) « Mit fast 95 Prozent: CDU schickt Haseloff als Spitzenkandidaten für Landtagswahl ins Rennen », Mitteldeutscher Rundfunk, (lire en ligne, consulté le ).
↑(de) « Wählerwanderung, Wahlbeteiligung, Hochburgen: 6 Erkenntnisse aus den Daten zur Wahl », Mitteldeutscher Rundfunk, (lire en ligne, consulté le ).
↑(de) « Soziale Gruppen », sur www.forschungsgruppe.de (consulté le ).