Étienne-Jean Delécluze, né le à Paris et mort le à Versailles, est un peintre et critique d’art français.
Biographie
Fils de Jean-Baptiste, architecte connu pour sa contribution à l’hôtel de Salm[a], Delécluze est devenu, à partir de 1797, à 16 ans, l’élève de David. Il a décrit dans ses Mémoires, en 1855, l’atelier où se fit son apprentissage pendant trois à quatre ans. Au nombre des élèves favoris de celui-ci, il a été le seul invité au dernier repas que celui-ci a pris en France, en 1816, avant son départ en exil pour Bruxelles pour cause de régicide. L’ouvrage Louis David, son école et son temps décrivant sa carrière et son école, qui en est sorti en 1855, est encore considéré comme un ouvrage de référence[1].
Principalement peintre d’histoire, peu de ses tableaux ont été conservés. Il a exposé avec un certain succès, notamment au Salon[b], de 1808 à 1814[3]. Peu après, il renonce à ses ambitions artistiques pour se consacrer au roman, l’histoire de la Renaissance et la critique théâtrale et artistique. Chargé de la critique des œuvres d’art dans le Lycée Français[4], il est ensuite passé au Moniteur universel et de là, en 1822, au Journal des débats politiques et littéraires, dirigé par les frères Bertin, et dont il a été pendant plus de quarante années le collaborateur infatigable. Outre ces publications, il a également fourni pendant des décennies des articles à l’Artiste, la Gazette des beaux-arts, la Revue des deux mondes, la Revue française et la Revue de Paris[5]. Il sera un auteur prolifique. Sainte-Beuve a placé son Justine de Liron, « un roman vrai comme la vie et surprenant comme la réalité[6] », histoire d’amour très originale, au rang des meilleures études de la passion féminine[7].
Dans les années 1820, il reçoit le dimanche à deux heures dans le « grenier » de son domicile du 1 rue Chabanais[c], des artistes, des peintres et des architectes comme : Ludovic Vitet, Sainte-Beuve, Stendhal, Prosper Mérimée, Paul-Louis Courier, etc. qui y conçoivent un « romantisme réaliste » qui cherche un compromis avec le classicisme et s’oppose à l’emphase hugolienne[d]. Mérimée et Stendhal y testent leurs premières œuvres[8].
Défenseur d’Ingres, il reconnait, en 1833 dans le Journal des débats au peintre romantiquePaul Huet, dont la Vue générale de Rouen de Paul Huet a été récompensée par une médaille au Salon de la même année[9], « de grands efforts », mais lui reproche « de poursuivre la vérité avec trop d’acharnement[e] », mais surtout de « négliger absolument le dessin[10] ».
Fréquentant le salon de Juliette Récamier[12], il y a rencontré le tout-Paris littéraire, entre autres Honoré de Balzac dont la réputation d’écrivain commençait à prendre de l’ampleur[13]. Il en rend compte dans Souvenirs de soixante années[14].
Il était l’oncle de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc dont il a été le premier professeur de dessin[15].
Le , Me Jean-Marc Delvaux a présenté en vente aux enchères, salle 5, de l’hôtel Drouot, un album de dessins de Delécluze, no 72 du catalogue, intitulé Voyage en Italie, 1823-24, Angleterre, 1826.
Le , chez Sotheby’s, Paris, un album de dessins et un carnet de Delécluze, nº 81 du catalogue : Album de 72 vues d’Auvergne et Carnet des explications des dessins faits en Auvergne en 1821 (achat musée d'art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand).
Romans, contes et nouvelles : Mademoiselle Justine de Liron - Dona Olympia - La Première Communion - Le Mécanicien Roi - Flavie - Syligaitha - Ginévra (Nouvelles éditions, revues et corrigées), Paris, Gervais Charpentier, , p. xx-589, 19 cm (lire en ligne sur Gallica).
Critique
Florence et ses vicissitudes : 1215-1790 (avec une carte de Florence et neuf portraits de célèbres Florentins), Paris, Charles Gosselin, , 2 vol. (lire en ligne), « t. 2 ».
Luigi da Porto, Roméo et Juliette : nouvelle traduite en français et suivie de quelques scènes traduites de la Juliette de Shakspeare, Paris, Sautelet, , xii-227, in-12 (lire en ligne sur Gallica).
Dante Alighieri : ou, la poésie amoureuse, Paris, A. Delahays, , 2 vol. ; 19 cm (lire en ligne), « t. 2 ».
↑Ceci lui vaudra les railleries de Théodore Silvestre, dans son Histoire des artistes vivants français et étrangers, études d’après nature, p. 273-277[2].
↑Manuel Jover, Écrits et propos sur l’art, Paris, Hermann, coll. « Savoir. Sur l’art », , 177 p. (ISBN978-2-70566-579-1, lire en ligne), p. 121, note 22.
↑Petra ten-Doesschate Chu et Jennifer Milam, Beyond Chinoiserie : Artistic Exchange between China and the West during the Late Qing Dynasty (1796-1911), Leyde, Brill, , 340 p. (ISBN978-9-00438-783-6, lire en ligne), p. 96.
↑Bulletin du bouquiniste, Paris, Auguste Aubry, , 758 p. (lire en ligne), p. 471.
↑Carol Adlam et Juliet Simpson, Critical Exchange : Art Criticism of the Eighteenth and Nineteenth Centuries in Russia and Western Europe, New York, Peter Lang, , 420 p., 23 cm (ISBN978-3-03911-556-3, OCLC248537566, lire en ligne), p. 372.
↑Charles Asselineau, « Viollet-le-Duc », Le Bibliophile français : gazette illustrée des amateurs de livres, d’estampes et de haute curiosité, Paris, Bachelin-Deflorenne, vol. 2, , p. 333-42 (lire en ligne, consulté le ).
↑Sainte-Beuve, Nouveaux portraits et critiques littéraires, t. 1, Paris, Hauman, Cattoir et Cie, , 317 p., 3 vol. ; 16 cm (OCLC715923732, lire en ligne), p. 6.
↑Georges Lafenestre, « Paul Huet et le paysage français », Revue des Deux Mondes, Paris, vol. 6e période, no 3, , p. 830-61 (lire en ligne, consulté le ).
↑Revue des Deux Mondes, vol. 3, Paris, Au bureau de la Revue des deux mondes, (lire en ligne), p. 845.