Moulay Abdelhafid[1] (en arabe : مُولَاي عَبْد ٱلْحَفِيظ, amazighe : ⵎⵓⵍⴰⵢ ⵄⴱⴷ ⵍⵃⴰⴼⵉⴺ), ou éventuellement Moulay Abdelhafid ben Hassan[1], né en 1876 à Fès (Maroc) et mort le en exil à Enghien-les-Bains (France), est le sultan alaouite qui a régné au Maroc du jusqu'à son abdication le . Fils du sultan Hassan ben Mohammed (Hassan Ier) et de Lalla Aliya al-Settatiya, il est le frère du sultan Moulay Abdelaziz, auquel il succède.
Son abdication illustrée par Le Petit Journal, Paris, no 1136, 25 août 1912.
Né en 1876[2] à Fès, Moulay Abdelhafid a de grandes connaissances en théologie en devenant maître de la Tariqa Tijaniyya[3],[4], du goût pour l'écriture poétique et à son actif la rédaction de plusieurs ouvrages[2].
Il est khalifa de Marrakech, la capitale du Sud[2]. Opposé aux accords d'Algésiras, mais également motivé par le pouvoir, il destitue son frère, le sultan Moulay Abdelaziz, avec l'aide de Madani El Glaoui (1860-1918), son futur ministre de la Guerre puis Grand Vizir. D'abord proclamé sultan à Marrakech contre son frère, le , son autorité, en tant que commandeur des croyants, ne peut s'imposer qu'à partir de son investiture à Fès, la capitale du Nord, par la beïa[2] — acte d'allégeance — du [5] (« [alors] établie et signée par ceux qui « lient et délient » : les dignitaires du makhzen, le corps des oulémas, les chérifs et les notables », et écrite par l'alem de Karaouyine Ahmed ben Mouaz[6]).
En 1910, il crée le premier ordre honorifique civil et militaire du Maroc, l’Ordre du Ouissam hafidien, ordre à 5 classes sur le modèle de l’Ordre de la Légion d’honneur. L’ordre sera supprimé et remplacé en 1913 par l’Ordre du Ouissam alaouite.
En 1911, alors qu'il contrôle de plus en plus mal l'intérieur du pays, il se retrouve assiégé à Fès par des soulèvements populaires et sollicite l'aide française. Le général Moinier, à la tête d'une armée de 23 000 hommes, le libère le . La situation est irréversible et aboutit au traité franco-marocain de Fès, qu'il signe le , le Maroc se retrouvant désormais sous protectorat.
Le sultan dit qu'il ira jusqu'à mettre fin à ses jours si la France continue à s'opposer à sa volonté (d'abdiquer). Et comme Kaddour Benghabrit lui objecte la loi divine prononcé dans le Coran, il a cette réponse qui nous introduit au cœur de son drame : « J'ai inauguré bien des choses au Maroc. J'inaugurerai le suicide »[7]. Le [8], il abdique en faveur de son demi-frère Moulay Youssef, déjà père du futur roi Mohammed V, puis l'heure de son exil sonne : le 15 août, il arrive à Marseille.
Pendant son exil, Moulay Abdelhafid a adhéré à la franc-maçonnerie. Il est initié vers la fin de 1920 à Madrid, au sein de la loge « Union hispano-américaine » no 379 du Grand Orient espagnol(es). Arrivé en France, il s'affilie, le , à la loge « Jean-Jacques Rousseau » du Grand Orient de France, à l'Orient de Montmorency (Val-d'Oise). Il demande également son affiliation, en , au sein de la loge « Plus Ultra » no 452 de la Grande Loge de France, à l'Orient de Paris[12].
Mariages et descendance
De ses mariages Moulay Abdelhafid a au moins six enfants. Il épouse quatre femmes :
Lalla Rabia bint Madani el Glaoui, leur mariage a lieu vers 1905[13] et elle décéda en 1924[14], ensemble, ils ont deux fils et deux filles[14], parmi eux :
Lalla Amina[16],[14] (décès en 1950), en premières noces elle épousa le prince Moulay Mohammed al-Hassan ben Youssef[14] et en secondes noces, elle épousa Moulay Lafchar el Alaoui[14]. Elle meurt à Fès en 1950 et est enterrée dans la nécropole royale de cette même ville[17].
↑ abc et dMustapha Sehimi (dir.) et Mohammed Kenbib, La Grande Encyclopédie du Maroc, vol. VIII : Histoire, Rabat, GEI, (OCLC311484542), p. 160, d'après une citation annotée dans Alaoui 2007, p. 19.
↑Alaoui 2007, p. 21, d'après la version officielle de la beïa reproduite par Abderrahman ibn Zidane, Ithaf alam anas bi jamali akbar hadirati miknas, vol. I, Rabat, Al-Wataniya, p. 449-453 (traduction de Saïd Nejjar).
↑Georges Odo, Les Francs-Maçons au Maroc sous la IIIe République, EDIMAF/Loverval Editions, (ISBN9782903846558, lire en ligne), chap. 13 (« Moulay Hafid »).
↑Morocco Résidence générale de la République française au Maroc, Bulletin d'Information du Maroc. Éphémérides, Supplément au Bulletin d'Information, [N.S.], (lire en ligne), p. 37
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
« Moulay Hafid », dans Adnan Sebti, « Affaire d'État : Comment le Maroc a perdu son indépendance », Zamane, Casablanca, nos 10-11, , p. 8-14 [chapeau en ligne].
« Moulay Hafid (1908-1912) », dans Rabat : Comment je suis devenue capitale, p. 104-108.
« Moulay Hafid (1904-1912) : Sultan du jihad », dans Souleiman Bencheikh, « Enquête. La vraie histoire des [A]laouites », Telquel, Casablanca, no 408, (lire en ligne).
Georges Odo, chap. 13 « Moulay Hafid », dans Les Francs-Maçons au Maroc sous la IIIe République, Paris, Éditions maçonniques de France, coll. « Encyclopédie maçonnique : Histoire », , 127 p. (ISBN9782903846558, lire en ligne).