À Paris, Paula, séduisante quadragénaire et décoratrice d'intérieur est, depuis longtemps, la maîtresse de Roger, un homme d'affaires de son âge. Mais ce dernier n'a jamais répondu à ses attentes en lui proposant le mariage, désirant préserver son indépendance et sa liberté, surtout celle de parallèlement collectionner de nombreuses aventures galantes. Insatisfaite, Paula succombe aux avances du fils de Mme Van Der Besh, une cliente américaine. Philip est âgé de 25 ans et il l'aime passionnément. Mais confrontée aux regards réprobateurs sur la différence d'âge, à la jalousie et à la tristesse de Roger, à l'exaltation juvénile de Philip, Paula, la mort dans l'âme, met fin à sa liaison avec ce dernier lorsque Roger lui demande enfin de l'épouser. Désormais tout entière dévouée à son mari, elle s'aperçoit que celui-ci lui est de nouveau infidèle.
Ingrid Bergman[2] : « Enfin, j'ai un scénario. Ce n'est pas aussi bon que je l'avais espéré. J'ai écrit trois pages à la machine pour faire part de mes plaintes à Tola Litvak[Note 3]. Après tout, Sagan est une artiste. C'est vrai qu'il ne se passe pas grand-chose dans le livre et que, de ce fait, il est difficile de mettre de l'action dans le film. Mais j'aimerais au moins que Tola et son équipe restituent l'atmosphère qui me semble perdue. »
Ingrid Bergman[2] : « Aujourd’hui, sur le plateau d’Aimez-vous Brahms…, c’est la pagaille la plus complète. Je suis assise dans un coin à regarder soixante journalistes boire un verre au bar. Les caméras de télévision sont en pleine action, et Françoise Sagan est là. Nous tournons des scènes qui se passent dans une boîte de nuit, et pour lesquelles on a reconstitué la boîte de Paris qui marche le mieux actuellement — L'Épi Club. Il y a là des « gens célèbres » comme Marcel Achard. Yul Brynner fait de la figuration, et Françoise Sagan joue son propre rôle assise à une table. Comme ils ne sont pas payés, ils boivent à l'œil ! C’est une scène très amusante où Anthony Perkins, complètement saoul, s'approche de la table où je suis installée avec Yves Montand. Tous les deux sont parfaits dans leur rôle. Il y a longtemps que je n'avais pas travaillé avec deux acteurs qui me plaisent autant. Ils sont charmants, ils ont chacun beaucoup de personnalité et sont très différents ; on comprend parfaitement que, dans mon rôle de Paula, je puisse les aimer tous les deux… »
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Compte rendu de Hollywood mettait le doigt sur la faiblesse fondamentale du film[2] : « Dans le rôle d’une femme murissante partagée entre un amant infidèle (Yves Montand) et un garçon instable et assoiffé d'amour (Tony Perkins), Bergman est aussi belle que jamais — et paradoxalement, c'est là le grand défaut du film. À quarante-six ans, elle est encore trop rayonnante, trop dynamique, trop équilibrée pour être convaincante dans le rôle d'une femme vieillissante. »
L’accueil à San Francisco — Ingrid Bergman[2] : « Je me souviens, j'allais à San Francisco. […] Je n'avais pas encore passé la douane quand les journalistes qui m'attendaient ont attaqué : « Pourquoi avez-vous fait cet horrible film ? » Une fois dehors, j'ai demandé : « Quel horrible film ? — Aimez-vous Brahms ?, voyons ! » J'ai expliqué : « C'est adapté d’un roman de Françoise Sagan, et à Paris, c'est un grand succès. — Mais enfin, c'est un film terrible, affreux. — Qu'est-ce qu'il a d'affreux ? — Vous partagez la vie d'un homme avec qui vous n'êtes pas mariée, et vous prenez un amant assez jeune pour être votre fils. Quelle honte ! Et ensuite, vous retournez avec ce type avec qui vous vivez, qui vous a trompée pendant toutes ces années, et qui est tout prêt à recommencer. Mais qu'est-ce que c'est que ce genre de film ? » Voilà comment réagissaient les journalistes de San Francisco réputés pour leur cynisme et leur dureté ! En fait, ils reflétaient l'opinion américaine, et aux États-Unis, le film n'a pas connu le moindre succès. »
The New York Times[5],[Note 6] : « Anthony Perkins a non seulement le rôle le plus engageant, mais il l'interprète d'une manière si convaincante qu'il porte presque le film à lui tout seul. Dans son rôle de jeune homme lunatique aux regards nerveux qui tombe précipitamment amoureux d'une femme plus âgée et plus posée interprétée par Ingrid Bergman, son passage soudain de l'excitation au plus grand chagrin le rend totalement crédible. […] Mlle Bergman exprime une grande inquiétude, la compassion et la dignité, et donne l'impression d'être toute dévouée au Français Yves Montand. Mais son attitude envers M. Perkins reste celle d'une mère pour son fils. Elle ne semble brûler d'aucuns feux de la passion. Elle est juste une aimable, aisée et malheureuse femme. […] Yves Montand est apathique et, pour rendre sa situation encore plus ingrate, il semble n'être là que pour impressionner un certain nombre de nouvelles jeunes conquêtes exaltées. »
Comme dans Bonjour tristesse (1958), autre adaptation d'un roman de Françoise Sagan, le film s'achève par une scène identique : assise devant sa coiffeuse, Paula, gagnée par la tristesse et le regard perdu dans son miroir, se démaquille machinalement comme la Cécile de Bonjour tristesse.
↑Sur ce thème, Serge Gainsbourg a écrit Baby Alone in Babylone, chanson interprétée par Jane Birkin (album Baby Alone in Babylone, 1983). Source : pages 792-793 de l'édition établie par Yves-Ferdinand Bouvier et Serge Vincendet des textes de Serge Gainsbourg, L'Intégrale et Cætera (Éditions Bartillat, 2005).
↑Tola : diminutif familier employé par les gens du cinéma pour désigner Anatole Litvak.