Alain Borer est né le à Luxeuil-les-Bains, Haute-Saône[1]. Il est poète, écrivain-voyageur, romancier, dramaturge, critique d'art, spécialiste d'Arthur Rimbaud, essayiste, professeur d’enseignement artistique à l’École supérieure des Beaux-Arts de Tours-Angers-LeMans jusqu'en 2014, professeur invité en littérature française à Los Angeles (université de Californie du Sud) depuis 2005. Alain Borer est également président national du Printemps des poètes de 2001 à 2024 puis président du comité d'honneur, président du Grand prix de poésie Robert Ganzo (Fondation de France), président de l’Association internationale des Amis de Rimbaud ; il anime un atelier de poésie NRF chez Gallimard. Alain Borer réside à Paris, à Los Angeles et à Chaumussay (Touraine du sud)[2].
Biographie
Alain Borer, né le à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), fait ses études à Genève à l'Institut Florimont où il dirige le journal d’étudiants Le Bateau ivre. En 1970, alors qu'il est en hypokhâgne à Nancy où il publie à nouveau une revue d’étudiants, paraît son premier recueil de poèmes, Fi, chez Parisod, à Lausanne. À Paris où il poursuit ses études en khâgne au Lycée Henri-IV, il invite Denis Roche et les poètes de Tel Quel, dont il fait le sujet d'un mémoire qu'il soutient à Paris VII, sous la direction de Julia Kristeva[3],[4]. En 1976, il part sur les traces de Rimbaud en Éthiopie pour le film Le Voleur de feu de Charles Brabant, avec Léo Ferré, diffusé sur TF1 en 1978, et réalise un Rimbaud en cassettes Radio France, avec des lectures de Laurent Terzieff[5],[6].
Chauffeur de maître pour achever ses études (Souvenirs d'un chauffeur de maître dans Les Temps modernes, mai 1978), il entre à l'école des Beaux-Arts de Tours en 1979 comme professeur d'enseignement artistique (parmi ses collègues les peintres Pierre Antoniucci, Christian Henry, le sculpteur Peter Briggs, etc. ; parmi leurs élèves : Bernard Calet, Ben l'Oncle Soul, Richard Fauguet, Françoise Manceau, Laurent Mauvignier, François Pagé, etc.)[7].
Ayant réuni ce qu’il appelle une « rimbaldothèque » exhaustive (toutes publications de 1870 à 2000), Alain Borer a exploré toutes les traces d’Arthur Rimbaud, de Charleville à Java, de Marseille à Londres ou Stockholm, de Harderwijk à Harar et de Chypre au Yémen (il recherche la maison de Rimbaud à Aden de 1990 à 1996)[8], tous les lieux de ce qu’il appelle la « Rimbaldie"; rencontré les derniers témoins (Émilie Tessier Rimbaud à Vouziers, la mémoire orale en Éthiopie)[9], la plupart des Rimbaldiens (d’Étiemble à Bob Dylan)[10] ; travaillé notamment avec Allen Ginsberg[11], Philippe Soupault, Ernest Pignon Ernest, Hugo Pratt, Bruno Sermonne, etc.
Sa traduction du Rimbaud d’Enid Starkie (Flammarion, 1981) rencontre le succès [12] ; puis en automne 1984 paraissent simultanément deux livres, Rimbaud en Abyssinie (éditions du Seuil, collection Fiction & Cie) et Un sieur Rimbaud, se disant négociant avec Philippe Soupault (Lachenal & Ritter éditeur, Prix Bordin de l'Académie française 1985)[13],[14]. En 1986, Alain Borer publie un Adieu à Rimbaud, puis en 1991, Rimbaud l'heure de la fuite, illustré par Hugo Pratt[15], et il développe sa démonstration de l'unité de l'œuvre et de la vie d'Arthur Rimbaud dans l’Œuvre-vie, l’édition du centenaire, qui édite chronologiquement « rien que Rimbaud mais tout Rimbaud »[16],[17]. Le travail accompli, et la démarche, sont abondamment salués par la critique, telle celle du Monde : Lecteur méticuleux, biographe incollable, esprit bondissant, [Borer] a l'érudition effervescente, le trait foudroyant et, comme son modèle, la tête assez près du bonnet. Avec lui, les lieux, les voyages, les poèmes et les lettres se décodent mutuellement et simultanément. Il obéit d'emblée à l'injonction de René Char : " Il faut considérer Rimbaud dans la seule perspective de la poésie. Est-ce si scandaleux ? Son oeuvre et sa vie se découvrent d'une cohérence sans égale."[18] Édition de longue haleine ayant mobilisé de nombreux collaborateurs, elle est néanmoins critiquée par un spécialiste de la poésie française du XIXe siècle, Steve Murphy, qui la juge "effectuée de manière hâtive et sans discernement"[19]. D'autre part, le professeur André Guyaux, pour sa nouvelle édition des Œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade, ne reprendra pas le choix de Borer de placer Une Saison en enfer après Les Illuminations.
À partir de 1991, parmi d'autres nombreux ouvrages, Alain Borer publie un roman (Koba, prix Joseph-Kessel 2003), une pièce de théâtre (Icare, prix Apollinaire 2008)[20], un essai sur Beuys (catalogue du Centre Pompidou)[21], et toujours des poèmes, dans trois registres différents (en allées cosmiques lyriques, livres pataphysiques, et ce qu’il appelle « noèmes »)[22]. Cette puissance créatrice et l'étendue de sa curiosité suscitent parfois l'étonnement, souvent l'admiration, à l'image de celle de l'historien d'art et critique Marc Dachy : "Le succès international de Rimbaud en Abyssinie [aux États-Unis dans la traduction de Rosmary Waldrop, William Morrow, New York, 1991] a fait oublier que nous avons un écrivain complet de grande envergure, l’un des plus doués de sa génération, dont l’œuvre, parfois confidentielle et dispersée dans d’innombrables revues, ne peut être encore perçue dans sa totalité, mais dont l’écriture, toujours incandescente et inspirée, révèle avec érudition et passion, fantaisie et humour, des avancées profondes et novatrices"[23].
Écrivain-voyageur, signataire du manifeste littérature monde de Saint-Malo[24], Alain Borer accomplit en 2005 à l’invitation d’Édouard Glissant un voyage dans les mers du Sud (des Gambiers jusqu’à l’archipel des Tuamotus)[25] dont il rapporte Le Ciel & la carte, carnet de voyage dans les mers du Sud à bord de La Boudeuse, qui reçoit cinq prix littéraires[26].
Alain Borer a donné de nombreuses lectures et conférences. Une partie de son œuvre apparaît disséminée en de nombreuses préfaces, essais littéraires en revues[27], écrits sur l’art en catalogues (Pierre Antoniucci, Barry Flanagan, Vivien Isnard, Henri Maccheroni, Volti...), et poèmes en livres et revues multiples, ainsi qu’en émissions de radio sur France Culture (Germain Nouveau, Agenda Dada, Corrida Dada...)[28]. Il prend part au club Phares et balises de Régis Debray en 1995 ; il participe aux Cahiers de Zanzibar puis au Groupe Actéon, « hors de tout commerce », avec André Velter et Zéno Bianu. Depuis 2014, il s’est engagé dans un combat pour la langue française[29] avec son essai De quel amour blessée, réflexions sur la langue française (grand prix Deluen de l’Académie française, 2014, prix Mauriac 2016), qui a donné lieu à de nombreuses conférences et interventions dans la presse[30],[31].
En 2021, dans la collection Tracts chez Gallimard, Borer publie un pamphlet contre l'usage de tous les anglicismes dans la langue française, Speak White. Il est salué aussi bien par Le Figaro[32] ou par le critique conservateur André Bercoff sur la radio Sud Radio[33] que par Le Monde diplomatique[34] ou Laurence Cossé dans La Croix[35]. Dans son bloc-notes du magazine Sept, l'écrivain Olivier Weber écrit à son propos : "Un livre audacieux, d’une grande érudition et salutaire à l’heure où les langues disparaissent ou se délabrent, ce qui revient au même" [36]. Le livre est toutefois critiqué par Les Linguistes atterrées[37].
Œuvres littéraires
Récits de voyage
Le ciel & la carte, carnet de voyage dans les mers du Sud à bord de La Boudeuse, Seuil, 2010, Prix Pierre Mac Orlan 2011, Prix Mémoires de la mer 2011, Prix Polynésie 2012, Joseph Conrad Award 2012, Prix Genevoix de l'Académie française 2012
Carnets de Sarajevo, Gallimard, 2002
Drames tranquilles à Tabou, Editions Michalon, 1995
Trois jours aux anges, Phébus, 1989
Souvenirs d'un chauffeur de maître, Les Temps modernes, 1978
Roman
Koba, Éditions du Seuil, « Fiction & Cie », 2002, Prix Kessel 2003
Théâtre
Icare & I don't, Seuil, 2007, Prix Apollinaire 2008
Paul des oiseaux, alugraphies de Pierre Anoniucci, Tours, CCC/Metz, Editions Voix, 1985
Un sieur Rimbaud, se disant négociant, avec Philippe Soupault, Lachenal & Ritter, 1984, Prix Bordin de l'Académie française 1985; réédition sous le titre La Terre et les pierres, Le Livre de Poche, Hachette, 1989
Rimbaud d'Arabie, Seuil, "Fiction & Cie", 1991
Arthur Rimbaud, le lieu et la formule, Mercure de France, 1999
Rimbaud, l’heure de la fuite, générique de Hugo Pratt, Gallimard, 1991, 2001
"Rimbaud d'Orange" : de Charleville à Java, Jean Degives et Frans Suasso, Hilversum, Radio Pays-Bas Internationale, 1991
Je me ressouviens, Institut du Monde Arabe, Comédie française, FNAC, 1991
Arthur Rimbaud, Œuvre-vie, Edition du centenaire (dir.), Arléa, 1991
« Nothing de Rimbe », Ernest Pignon-Ernest, Area, 1986, réédition La Nuée bleue, 1991
Rimbaud multiple (dir.) colloque de Cerisy, Gourdon, Dominique Bedou et Jean Touzot éditeurs, 1986
Bouts rimés d'Arthur Rimbaud, Muro Torto, Rome, Villa Medicis, 1980
Essais sur l’art
Christian Jaccard, l'Art en fusion, catalogue exposition Christian Jaccard, une collection, Musée Fabre Montpellier, 2023
Le Reste à voir. Essais sur l'art contemporain, sous presse à l'Atelier contemporain
Villeglé l'anarchiviste, Gallimard, 2020
Martin Muller or the Talking Picture, Arkansas Art Center, 2017
Chambord, Monum, 2006
Hugo Pratt - Ethiopie, la trace du scorpion, Casterman, 2005
La coupabilité de Saint Martin : La légende de saint Martin au XIXe, Peintures et dessins, Paris et Tours, Somogy Editions d'art, Musée des Beaux-Arts de Tours, 1997
Aleph ou le bœuf sous la langue, essai sur Georges Badin, Shakespeare & Cie, Paris, 1976
Le rêve du Chacmol, essai sur Olivier Seguin, Société d'édition du Val de Loire, 1995
Déploration de Joseph Beuys, éditions du Centre Pompidou, Paris, 1994; Bibliothèque des arts, Lausanne, 2001; réédition augmentée de l'Atelier contemporain, 2021
Le métier à citer, Ecbolade, Béthune, 1976; original complet à Modernism, San Francisco, outil de Christian Jaccard, Modernism, s.d.
Venusberg, précédé d'un rêve de Michel Butor, couverture de Jean-Luc Parant, linogravure de Gauvin, Béthune, Ecbolade 1976; réédition 1983, dessins de Vivien Isnard
Alexandrins oraux, fortuits et privés, Encres vives, 1975; nouvelle éd. augmentée, lithographie d'Erro, Graphium, Montpellier, 1980
Bestiaire, La Louvière (Belgique), Daily-Bul, coll. «Les Poquettes volantes», 1979
François Coupé, SAFC-Encres Vives, 1973
Tous les copeaux de la pirogue, Génération / A telle enseigne, 1972
Fi, Parisod, Lausanne, préface de Michel Vachey, 1971
Fables à pontes de cuivre, Encres Vives, 1970
Hé, dites!, le Plateau, 1969, et supplément Encres Vives, 1970
Anthologies
Phantomas 152-157, "France", Bruxelles, juin 1978
Partances, petite anthologie de voyage, Aéroport de Paris, 2001
Audiovisuel
Pour l'amour du ciel, CD Les Poétiques de France-Culture, Radio France, 1996
L'Heure de la fuite, conférence d'Aden, Paris, Les Productions de La Lanterne, 1990
Le Voleur de feu, réal. Charles Brabant. avec Léo Ferré, TF1, 1978, 1986; CD Premium, 2011
Arthur Rimbaud, raconté par Alain Borer. textes lus par Laurent Terzieff, cassettes Radio France, 1978 et 1989
Paul Verlaine, raconté par Alain Borer. cassettes Radio France, 1979
Sur les terrasses de Rimbaud. film de Saad Salman, Paris, Les Productions de La Lanterne, 1990
Expositions
Six peintres, six portes, Paris, 121 rue de l’Ouest, mai-juin 1983
Le Reste à voir, L’Échelle, Hôtel Beury, 2006
La Sanglinière, photographies, Château de Tours, 2007 [38],[39]; Genève, Andata.Ritorno, 2013
Les Mâts à mots, (Rabelais de Seuilly à La Devinière), 2013
La Beauté, calendrier, 2014
Prix
Prix Bordin de l'Académie française 1985
Prix Kessel 2003
Prix Edouard-Glissant 2005 pour l'ensemble de son œuvre
Prix Apollinaire 2008
Prix Mémoires de la mer 2011
Prix Pierre Mac Orlan 2011
Prix Maurice Genevoix de l'Académie française 2012
Prix Polynésie 2012
Joseph Conrad Award 2012
Prix François Mauriac 2015
Grand prix Deluen de l'Académie française 2015
Fonctions et titres
Président de l'Association internationale des Amis de Rimbaud
Président national du Printemps des Poètes (2001-2024) puis président du comité d'honneur
Président du Grand prix de poésie Robert Ganzo (Fondation de France), fondateur des prix Ganzo Découverte, Ganzo Révélation, Ganzo Traduction, Ganzo Poète traducteur et l'Orénoque, prix spécial du jury Robert Ganzo
Juré du prix Mac Orlan
Juré du prix Andrée Chedid
Juré du prix Nicolas Bouvier (2007-2010)
Fondateur du prix Omar Kayamm aux Journées du livre et du vin à Saumur (2008-2013)
Commandeur des Arts & lettres, 2022
Pour approfondir
Bibliographie
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↑« Joseph Beuys, artiste politique le spectateur l'homme de feutre », Le Monde, (lire en ligne)
↑« Etats provisoires du poème, X, théâtre et poésie », TNP, Cheyne éditeur,
↑Marc Dachy, « Au fil du réseau », Luna Park, n°2, hiver 2004-2005
↑Amadou Lamine Sall et Lilyan Kesteloot, « Un peu de mémoire, s'il-vous-plaît ! », Le Monde, (lire en ligne)
↑« Édouard Glissant, voyageur du tout-monde », Le Monde, (lire en ligne)
↑Prix Prix Mac Orlan 2011 ; Prix Mémoire de la mer 2011 ; Prix Polynésie 2012 ; Prix Maurice Genevoix de l’Académie française 2012 ; Joseph Conrad Award
↑Alain Borer, « Le sens perdu de la Marseillaise », Le Point,
↑Patrick Kechichian, « Le club des poètes », Le Monde, (lire en ligne)
↑Jacques Drillon, « Débats, langue : défendre le français, est-ce réac ? », L'Obs,