À sept ans, Albert Memmi entre à l'école de l'Alliance israélite universelle[2]. Meilleur élève de sa promotion, il obtient une bourse privée qui lui permet de suivre des études secondaires au lycée Carnot de Tunis[2],[6]. En , il obtient un baccalauréat en philosophie[7],[8]. Il commence des études de philosophie à l'université d'Alger tout en demeurant à Tunis où, afin de subvenir à ses besoins, il occupe un poste de surveillant au lycée Carnot[7].
En -, il fait — « à peu près volontairement » selon ses propres termes[8] — l'expérience des camps de travail forcé[7],[6].
En , Albert Memmi reprend ses études de philosophie, d'abord à Alger, puis à Paris[9] où il s'inscrit à la Sorbonne afin de préparer l'agrégation[6], qu'il n'obtient cependant pas.
Bien qu'ayant soutenu le mouvement d'émancipation de la Tunisie, il ne peut trouver sa place dans le nouvel État musulman.
Il publie un premier roman largement autobiographique en , La Statue de sel, dont la préface a été écrite par Albert Camus. Son œuvre la plus connue est un essai théorique préfacé par Jean-Paul Sartre : Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur, publié en et qui apparaît, à l'époque, comme un soutien aux mouvements indépendantistes. Cette œuvre montre comment la relation entre colonisateur et colonisé les conditionne l'un et l'autre. Il est aussi connu pour l'Anthologie des littératures maghrébines publiée en (tome I) et (tome II). Il apparaît dans l'émission Italiques à l'occasion du dixième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie[11].
Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la décennie de la culture de non-violence et de paix. Il fait également partie du comité de parrainage de l'association La Paix maintenant[12].
Au début des années 1970, Albert Memmi réfléchit sur ce que signifie être Juif. Il fonde alors le concept de judéité[17] comme base de son travail d'exploration de l'être juif. Ce concept, dont il jeta les bases, sera ensuite utilisé par de nombreux philosophes.
Concept d'hétérophobie
Dans son livre Le Racisme, Albert Memmi développe le concept d'hétérophobie : « Le refus d’autrui au nom de n’importe quelle différence ». Ce terme désigne la peur diffuse et agressive d'autrui pouvant se transformer en violence physique. Le racisme est une expression particulière de l'hétérophobie.
Portraits : Portrait du colonisé, Portrait du colonisateur, Portrait du décolonisé arabo-musulman et de quelques autres, Portrait d'un Juif, La Libération du Juif et L'Homme dominé, Paris, Centre national de la recherche scientifique, coll. « Planète libre », , 1294 p. (ISBN978-2-271-07987-9)
Édition critique de Guy Dugas
Penser à vif : de la colonisation à la laïcité, Paris, Non Lieu, , 320 p. (ISBN978-2-352-70247-4)
Textes réunis et présentés par Hervé Sanson
Tunisie, an 1 : journal tunisien, 1955-1956, suivi de Tunisie, un pays d'opérette et Autres écrits des années tunisiennes, Paris, Centre national de la recherche scientifique, coll. « Biblis », , 226 p. (ISBN978-2-271-09435-3)
Édité et annoté par Guy Dugas
Journal de guerre (1939-1943) suivi de Journal d’un travailleur forcé et autres textes de circonstance, Paris, Centre national de la recherche scientifique, , 304 p. (ISBN978-2-271-09421-6)
Édité et annoté par Guy Dugas
Les Hypothèses infinies : journal 1936-1962, Paris, Centre national de la recherche scientifique, coll. « Planète libre », , 1435 p. (ISBN978-2271135933)
Établi et annoté par Guy Dugas
Mon Retour à Tipaza, suivi de Lettre à un jeune Tunisien, Alger/Lunel, El Kalima, coll. « PIM » (no 14), , 86 p. (ISBN978-9931-441-55-7)
Présentation de Guy Dugas
Notes et références
↑« Je suis maintenant de nationalité française, même si je n'ai pas renié ma citoyenneté d'origine et si demeurent en moi des fidélités tenaces » selon Le Nomade immobile, Paris, Arléa, , 278 p. (ISBN2-86959-612-X et 978-2-86959-612-2, OCLC469363614).
↑« Moi, le fils d'un juif d'origine italienne et d'une berbère » dans La Statue de sel, Paris, Gallimard, , 296 p. (ISBN978-2-070-24382-2), p. 103.
↑Edmond Jouve, Albert Memmi, prophète de la décolonisation, Paris, SEPEG International, coll. « Collection Mondes en devenir », , 211 p. (lire en ligne), p. 54.
El Djambouria Aït Saada-Slimani, « Albert Memmi », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud [sous la dir. de], Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, Paris, Henri Champion, (ISBN978-2-7453-2126-8), p. 307-311.
Guy Dugas, Albert Memmi : écrivain de la déchirure, Québec, Naaman, .
Guy Dugas, Albert Memmi : du malheur d'être Juif au bonheur sépharade, Paris, Nadir, .
Nathalie Saba, Les paradoxes de la judéité dans l'œuvre romanesque d'Albert Memmi, Paris, Edilivre-Aparis, .
[Anon. 2001] Anon., « Notices sur les collaborateurs et les collaboratrices », Études littéraires, vol. 33, no3 : « Algérie à plus d'une langue », , p. 3e part., p. 251-254 (DOI10.7202/501322ar, lire en ligne).
[Déchamp-Le Roux 2009] Catherine Déchamp-Le Roux, « Avant-propos aux textes d'Albert Memmi « Sociologie des rapports entre colonisateurs et colonisés » et « Portrait du décolonisé arabo-musulman et de quelques autres », SociologieS, (résumé, lire en ligne).
[Teodorescu 2009] Cristiana-Nicola Teodorescu, « Agar ou le regard croisé », dans Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana-Nicola Teodorescu (éd.), Métissage culturel : interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones, t. Ier (actes du colloque éponyme, coorganisé par l'Université catholique de Louvain et les universités de Sousse et de Craiova, et tenu à Craiova les et ), Craiova, Editura Universitaria, coll. « Études françaises », , 1re éd., 1 vol., 212, 21 cm (ISBN978-606-510-449-5, OCLC801065250, SUDOC16032453X, présentation en ligne, lire en ligne), 3e part. (« Métissages interculturels et enseignement du français »), p. 160-177.