Alfredo Cesar Reis Freire de Andrade, connu simplement comme Alfredo d'Andrade (né à Lisbonne le et mort à Gênes le ), est un architecte, archéologue et peintre portugais, naturalisé citoyen italien.
Né en 1839, dans une famille bourgeoise lusitanienne, d'António José, un financier important de Lisbonne, et d'Emília Games de Silva Reis[1]. Il commence à fréquenter l'atelier du peintre et graveur espagnolTrifón de Avilez.
En 1854, suivant une tradition familiale, son père l'envoie ensuite à Gênes avec son frère Julio pour l'initier au monde des affaires. Les frères Baratta, correspondants commerciaux des Andrade, lui procurent un emploi[1]. Cependant, le jeune homme se montre déjà à cette époque beaucoup plus intéressé par la vie intellectuelle et les arts décoratifs que par le monde des affaires.
L'année suivante, avec son frère, il visite Civitavecchia, Rome, Naples et Florence. Cependant, en raison d'une grave maladie, il doit retourner à Lisbonne où il fréquente assidûment le monde artistique[1].
Influences artistiques
Le séjour en Italie est considéré par d'Andrade comme une étape importante de sa formation artistique. Il revient à Gênes juste un an après son retour dans son pays natal, en 1857, et déçoit les attentes paternelles, pour commencer à se rendre à l'atelier du peintre Tammar Luxoro. Animé d'une passion profonde pour la peinture, Alfredo d'Andrade s'inscrit à l'Accademia ligustica di belle arti, où il suit les cours d'architecture de Giovanni Battista Resasco[2].
En 1858, son père le rappelle à Lisbonne où il travaille au consulat de Toscane. Il est passionné par les problématiques architecturales et urbanistiques de sa ville natale.
En 1860, il retourne à Gênes et visite à cette époque l'exposition de peinture de Turin. Il s'installe ensuite à Genève, où il suit, selon les conseils de son maître Tammar Luxoro, ouvert aux idées nouvelles, les ateliers dirigés par Alexandre Calame. Il rencontre les artistes qui fréquentent le Café du Bourg : Ernesto Bertea, Vittorio Avondo et surtout Antonio Fontanesi qui aura sur lui une influence encore plus grande que celle de Calame.
De retour à Gênes, il suit en 1861 des cours de perspective et d'architecture à l'Académie ligurienne et entreprend des voyages en Italie et dans le Dauphiné français[3]. À Nervi, il rencontre Carlo Pittara. Dans la ville ligure, il rejoint le groupe de peintres rassemblés sous le nom de l'École grise, qui peignent des paysages d'après nature, à l'instar du groupe de Fontainebleau[4]. Ce groupe entend faire référence à une représentation directe du modèle, dans la lignée du réalisme français et s'oppose à l'académisme traditionnel.
En 1862 il peint à Albano, Fiumicino, Ariccia, sur les traces d'Avondo. Il expose avec succès quelques peintures à Gênes.
En 1864 il s'inscrit au cours d'anatomie de l'Accademia Ligustica. Il rencontre Federico Pastoris, artiste et animateur culturel. L'été, il rejoint Carlo Pittara à Rivara, lieu de rencontre des peintres paysagistes connu sous le nom d' « école de Rivara ». L'une de ses aquarelles, Loggia del Palazzo Cambiaso, reçoit une médaille d'argent de l'Académie Ligustica. Son père lui donne accès au legs de son grand-père Bento et lui permet de s'installer définitivement en Italie.
Architecture médiévale
Après une courte période à Genève, en 1865, il s'installe définitivement en Italie, enseignant l'ornementation et se consacrant à l'étude des bâtiments historiques. Grâce à ces activités, il développe une connaissance approfondie des bâtiments du Piémont, de la Ligurie et de la Vallée d'Aoste, démontrant un intérêt particulier pour ceux de la période médiévale.
Il devient surintendant des Beaux-Arts de la Ligurie et du Piémont et dirige toutes les restaurations d'églises et de châteaux réalisées jusqu'en 1915 dans ces régions, dont celle de la Sacra di San Michele, aujourd'hui monument symbolique du Piémont. Parmi ses œuvres également la restauration du baptistère et du pilier funéraire d'Albenga.
Le matériel accumulé lui permettra de s'occuper de la création du Borgo également nommé « Village Médiéval de Turin », dans le Parc du Valentino, dans le cadre de l'Exposition Générale Italienne de 1884. Le Borgo constitue l'une de ses œuvres les plus importantes puisque l'artiste y a recréé un petit noyau urbain médiéval à partir des expériences architecturales qu'il a eu l'occasion de détecter.
Restaurations
Sous la direction de la Surintendance des Beaux-Arts de Ligurie et du Piémont, d'Andrade dirige toutes les restaurations de cette période, jusqu'en 1915, année de sa mort, en Ligurie, Piémont, Val d'Aoste (qui faisait alors partie du Piémont)[5].
La Fondation du même nom, créée à Pavone Canavese en 1996 avec une section de Musée et Centre d'Études, est dédiée à Alfredo d'Andrade[7]. Il est toujours considéré comme l’un des artistes majeurs de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Diverses expositions personnelles ont été consacrées à son œuvre, bien que rarement avec la co-présence de ses œuvres picturales avec les croquis et les photos de ses réussites architecturales et de restauration.
L. Perissinotti, M. Leonetti Luparini (éd.), Alfredo D'Andrade. L'œuvre peinte et la restauration architecturale en Vallée d'Aoste entre les XIXe et XXe siècles, catalogue de l'exposition du même nom organisée au Château d'Ussel du 3 juillet au 19 septembre 1999, Quart (AO) : Musumeci Editore, 1999. (ISBN88-7032-598-9)
Maraghini Garrone C., Il Fondo d'Andrade alla GAM, soixante-quinze ans après la donation : inventaires, recensement et informatisation des données dans Hommage au Quattrocento/Dai Fondi D'Andrade, Brayda, Vacchetta, catalogue d'exposition édité par Donato G ., Borgo Medievale, Turin, 2006
Maraghini Garrone C., Alfredo D'Andrade. Peintre, professeur, architecte, archéologue, agriculteur du Piémont du XIXe siècle, dans « Quaderni del Premio Letterario Giuseppe Acerbi », n. 8, Vérone, 2007
Maraghini Garrone C., Alfredo Cesare Reis d'Andrade, dans des dessins du XIXe siècle de la Galleria Civica d'Arte Moderna e Contemporanea de Turin, Feuilles choisies par le Cabinet des dessins et estampes, édité par Bertone V., Florence, 2009
Virginia Bertone et Monica Naretto, Vers une histoire matérielle du chantier de restauration (1830-1914), Presses Universitaires du Septentrion, , 256 p. (ISBN9782757437506), p. 148.