Très jeune, Alberto Ballestrero s'oriente vers l'Ordre des Carmes déchaux (à 15 ans), où il prononce ses vœux définitifs en 1928. Il étudie la philosophie et la théologie à Gênes et il est ordonné prêtre en 1936. Il est nommé aumônier d'un hôpital durant huit ans. En 1945, il est nommé prieur de son couvent, puis provincial de son ordre avant d'être élu supérieur général de tout l'Ordre des Carmes déchaux de 1955 à 1967. Durant cette mission, il visite tous les couvents de son ordre à travers le monde (soit plus d'un millier au total).
Nommé archevêque de Bari le , il est promu archevêque de Turin le . À ce titre, il est nommé vice-président de la Conférence épiscopale italienne en 1978 puis président. En 1979, il est créé cardinal par Jean-Paul II.
En 1989 le cardinal Ballestrero démissionne de sa charge d'évêque pour raison d'âge, et se retire au monastère de Santa Croce à Ameglia où il meurt le . En , la Région ecclésiastique du Piémont déclenche la procédure en vue de sa béatification.
Biographie
Enfance
Alberto Ballestrero est né le à Gênes (Italie), il est le fils de Giacomo Ballestrero et de son épouse Antonietta Daffunchio. Son père est manutentionnaire dans le port de Gênes, sa mère est femme au foyer. Alberto est l'aîné d'une famille de cinq enfants (nés entre 1913 et 1922). Deux des enfants meurent après quelques mois, la mère, épuisée par le dernier accouchement meurt en 1923.
Le petit Alberto est baptisé le à la paroisse Sainte-Zita. Il fait sa confirmation le et reçoit la première communion le . Alberto Ballestrero effectue sa scolarité à Gênes : l'école élémentaire de 1919 à 1922; puis le collège (1922-1923)[1],[2].
Entrée au Carmel
Alberto Ballestrero entre chez les Carmes déchaux très jeune : il intègre leur noviciat le au couvent du Deserto di Varazze (Varazze). Le , il prend l'habit carmélitain et entre dans l'Ordre sous le nom d'Anastase (Anastasio) du Saint-Rosaire. Se souvenant de sa période du noviciat, il dira « J'étais jeune, j'avais 15 ans ! Mais la certitude, la clarté, le bonheur de ma vocation, je l'avais ».
Un an plus tard, le , il prononce ses premiers vœux. En , il est envoyé au couvent Santa Anna de Gênes pour étudier la philosophie et la théologie. Mais, entre octobre et , il doit être hospitalisé dans un hôpital de la ville pour une infection grave.
Le , le frère Anastasio fait sa profession religieuse et il est ordonné diacre en [3].
Alberto Ballestrero est ordonné prêtre le dans la cathédrale San Lorenzo de Gênes, par le cardinal Carlo Dalmazio Minoretti, archevêque de Gênes.
Le père Ballestrero est nommé professeur de philosophie à l'école Santa Anna de Gênes le [1].
Le , il est nommé aumônier de la clinique Bertani de Gênes[1]. Il y est apprécié pour sa disponibilité qui a fait dire que, durant sa présence à ce poste « personne ne mourut [dans l’hôpital] sans les sacrements »[4].
Après ces huit années comme aumônier d’hôpital, il part approfondir sa formation théologique à Paris et participe au Cercle Maritain, auquel assistent de grands noms de la culture comme Bergson, Bernanos, Van der Meer, Garrigou-Lagrange, Philips et Schillebeeckx. Ces rencontres influencent la pensée et la vie du père Ballestrero[4].
Le père Ballestrero est élu prieur du couvent de Santa Anna le . Il conserve ce poste jusqu'en 1948, quand, le , il est élu provincial de la Ligurie. Il exerce cette fonction de provincial jusqu'au où il est réélu prieur du couvent de Santa Anna. Mais cette mandature de trois ans est interrompue le lorsqu'il est élu supérieur général de l'Ordre des Carmes déchaux (pour six ans). Le , le père Ballestrero est réélu comme supérieur général de l'Ordre, poste qu'il occupe jusqu'au .
Durant cette fonction (de supérieur général de l'ordre), le père carmélitain va visiter tous les couvents de l'ordre à travers le monde (soit 350 couvents de frères carmes et 850 monastères carmélites)[5] à l'exception des couvents présents en Hongrie (le gouvernement communiste hongrois lui ayant refusé l'entrée dans le pays).
De 1962 à 1965, il participe au concile Vatican II et il y est l'un des principaux collaborateurs du pape Paul VI. Le père Ballestrero est également élu président de l'Union des supérieurs généraux[1],[6].
En 1961, il fait envoyer à Rome le manuscrit original de Thérèse d'Avila du Château intérieur afin de le faire restaurer. Ce travail est confié à l’Istituto Ristauro Scientifico del libro du Vatican et l’Istituto di Patologia del libro d’Italie. Le précieux manuscrit est renvoyé à Séville en 1962 où il est conservé, au couvent des Déchaussées, dans un reliquaire spécial qu'il fait réaliser tout spécialement pour ce livre (le reliquaire représente les murailles d'Ávila)[7].
Archevêque
Il est nommé archevêque de Bari le et le il est consacré évêque par le cardinalSebastiano Baggio. Sa devise est (la) In omnia bonitate et caritate (En toute bonté et amour)[8]. Ce départ de l'Ordre du Carmel lui coûte énormément, mais il s'investit totalement dans sa nouvelle mission. Même s'il ne reste que trois années à la tête de ce diocèse, il est très vite apprécié et aimé de ses concitoyens qui feront son éloge lors de son départ pour Turin[4],[2].
Le , il est promu archevêque de Turin (le 3e diocèse d'Italie), charge qu'il conservera jusqu'au , date à laquelle il se retire pour raison d'âge.
En cette qualité, il assiste à la Quatrième assemblée ordinaire du Synode des évêques du au .
Il est élu vice-président de la Conférence épiscopale italienne le . L'année suivante, le 18 mai 1979, le pape Jean-Paul II le nomme président de cette conférence, poste qu'il occupe jusqu'au [1].
En cette qualité il participe à plusieurs Assemblées ordinaires du Synode des évêques[1] :
du au : cinquième assemblée ordinaire du Synode des évêques ;
du au : sixième assemblée ordinaire du Synode des évêques ;
du au : la deuxième assemblée extraordinaire du Synode des évêques ;
du au : septième assemblée ordinaire du Synode des évêques.
En , le pape Jean-Paul II nomme Alberto Ballestrero premier dépositaire pontifical du linceul de Turin[9]. Alors que le pape Jean-Paul II montre un grand « enthousiasme » face à la relique du linceul[10], Mgr Ballestrero se montre « plus sobre ». L'évêque autorise la réalisation de tests scientifiques sur le tissu du linceul. Ceux-ci débutent en . En , de petits fragments de tissus sont prélevés pour effectuer une datation par le carbone 14. Il organise également une ostension du linceul permettant à trois millions de pèlerins de venir le regarder[11].
Ses années d'épiscopat ont vu de nombreux bouleversements dans l’Église d'Italie : l'attaque contre le pape, le référendum sur l'avortement, la défection de nombreux prêtres et religieux dans les années post-conciliaires, la diminution des vocations religieuses, les accords de Villa Madama (nouveau Concordat entre le Saint-Siège et l'État italien), le processus d'approbation de la deuxième édition du missel romain en italien, la révision des catéchismes. Travailleur infatigable, l'archevêque décrivait sa mission ainsi : « Être un berger signifie vivre une vie non réglée, non prévisible, une vie abandonnée à des règles du salut, à la logique de la miséricorde et aux surprises de la puissance de Dieu. Se faire donneur infatigable du pardon, de la vérité, de l'amour, parce que le troupeau doit consister dans l'unité et la foi et aussi dans la communion amicale des esprits, dans la fraternité des relations concrètes »[2].
du au : seconde Assemblée plénière du Collège des cardinaux, dans la Cité du Vatican ;
du au : troisième Assemblée plénière du Collège des cardinaux, dans Cité du Vatican.
Il est envoyé par le pape comme « envoyé spécial », à Alba de Tormes et Avila (Espagne), lors des festivités d'inauguration de l'année thérésienne commémorant le 4e centenaire de la mort de sainte Thérèse d'Avila (14 et )[1].
Le , il démissionne de son poste d'évêque de l'archidiocèse de Turin et se retire au monastère de Santa-Croce à Ameglia[3].
Le , il meurt dans sa résidence de Fortino Santa Maria (Ameglia).
Des funérailles solennelles sont célébrées dans la cathédrale de Turin. Il est enterré dans la crypte de l'église Saint-Joseph-du-Désert du couvent des carmes Eremo del Deserto(it) à Varazze (Italie)[3].
Postérité
Mgr Ballestrero a laissé une image forte à tous ceux qui l'ont rencontré ou qui ont travaillé avec lui. Différents témoignages rappellent ses qualités de prédicateur et de directeur spirituel, ainsi que sa capacité à parler, sa grande expérience humaine et le don d'empathie avec les gens qu'ils rencontrait. Qu'ils soient prêtres, religieuses ou laïcs, de nombreuses personnes ont témoigné que ces rencontres avec Mgr Ballestrero sont « restées marquées de manière indélébile » dans leur cœur. Lors de l'ouverture du procès en béatification, MgrCesare Nosiglia (son collaborateur de 1979 à 1985 à la Conférence épiscopale italienne), a rappelé « son esprit de synthèse et sa grande capacité à réconcilier les différentes sensibilités du catholicisme italien »[6].
Publications
Mgr Ballestrero, également théologien, est l'auteur de nombreux livres de spiritualité, dont plusieurs sur saint Jean de la Croix[11].
Béatification
La demande de béatification a été soulevée par des membres de sa famille carmélitaine. Le Père Giuseppe Cheville, qui a été son cardinal secrétaire pendant vingt-cinq ans a recueilli une première série de témoignages et publications en vue de la constitution du dossier de demande de béatification. Le processus canonique aurait dû avoir lieu à La Spezia, chef-lieu du diocèse où le cardinal Ballastrero est décédé en . Mais il a été demandé la permission de transférer l'affaire à Turin (son ancien diocèse) qui disposait de plus de moyens pour mener la procédure[6].
↑Le linceul de Turin, longtemps conservé dans la chapelle royale de la cathédrale de Turin était sous la garde de l'archevêque. Mais, en 1983, il a été légué au pape par le roi Amédée de Savoie. Cette donation laisse craindre à certains le départ du linceul de Turin vers Rome. La nomination du pape (que l'évêque de Turin soit le premier dépositaire du linceul) met fin aux craintes et rumeurs de voir partir la précieuse relique.
↑Le pape Jean-Paul II s'est rendu deux fois à Turin pour vénérer la relique.
↑ a et b(en) Felix Corley, « Obituary: Cardinal Anastasio Ballestrero », The Independent, (lire en ligne).
↑(it) « Al via la causa beatificazione di Ballestrero », Vino Nuovo, (lire en ligne).
(it) Centro interprovinciale OCD, P. Anastasio Ballestrero. Profilo bibliografico, OCD, coll. « Temi carmelitani », , 249 p. (ISBN978-88-7229-048-4).
(it) Giuseppe Caviglia, Il card. Anastasio Ballestrero. Memoria e presenza. Scritti biografici, Mimep-Docete, , 240 p. (ISBN978-88-8424-000-2).
(it) S. Palese, L'arcivescovo Anastasio Ballestrero a Bari nel postconcilio (1974-1977), Edipuglia, coll. « Per la storia della Chiesa di Bari », , 409 p. (ISBN978-88-7228-284-7).
(it) Carlo Ghidelli, Come ciottolo di fiume : Anastasio card. Ballestrero ocd, San Paolo Edizioni, coll. « Testimoni del nostro tempo », , 160 p. (ISBN978-88-215-5140-6).
(it) Giuseppe Caviglia, Il cardinale Anastasio Alberto Ballestrero, Elledici, , 64 p. (ISBN978-88-01-04041-8).
ouvrages rédigés par le père Ballestrero
(it) Alberto Ablondi, Anastasio A. Ballestrero et Massimo Marcocchi, Don Guano. Vescovo teologo, Studium, coll. « Coscienza/Studi », 128 p. (ISBN978-88-382-3653-2).
(it) Domenico Della Rovere, Anastasio Alberto Ballestrero et Severino Poletto, Vescovi E Arcivescovi Di Torino : Arcidiocesi Di Torino, Domenico Della Rovere, Cesare Nosiglia, Anastasio Alberto Ballestrero, Severino Poletto, Books LLC, Wiki Series, , 26 p. (ISBN978-1-232-31914-6).
(it) Anastasio Ballestrero, Le beatitudini, Elledici, coll. « Ritiri ed esercizi », 208 p. (ISBN978-88-01-10430-1).
Anastasio Ballestrero, Chemin pour une nouvelle vie, Paris, Nouvelle Cité, coll. « Spiritualité », .
Anastasio Ballestrero, Chemin pour une vie nouvelle, Nouvelle cité, , 185 p. (ISBN978-2-85313-029-5).
(en) Anastasio Ballestrero et Mary Groves, Martha and Mary : Meeting Christ As Friend, St Pauls/Reissue, , 126 p. (ISBN978-0-85439-483-8).
(it) Anastasio Ballestrero, Pregate cos, Mimep-Docete, , 176 p. (ISBN978-88-86242-95-0).
(it) Anastasio Ballestrero, Il cuore del curato d'Ars. Linee di spiritualità sacerdotale, Elledici, , 192 p. (ISBN978-88-01-04335-8).