Elle est la seconde en date des trois basiliques de Lourdes, le plus important centre de pèlerinage des Hautes-Pyrénées et de France depuis les apparitions de Lourdes. Consacrée en 1901, elle est dite « basilique inférieure » pour la distinguer des basiliques respectivement désignées « supérieure » (basilique de l'Immaculée-Conception) et « souterraine » (basilique Saint-Pie-X), toutes trois faisant partie du complexe du Sanctuaire de Lourdes qui comprend encore l'église Sainte-Bernadette, dernier en date de ses lieux de culte et nombre de chapelles. Il faut noter, en outre, que Lourdes possède aussi en centre-ville une église paroissiale, l'église du Sacré-Cœur dont la construction a été lancée par l'abbé Dominique Peyramale, curé de Lourdes à l'époque des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous.
Située devant, et en contrebas de la première basilique, la basilique du Rosaire a été construite sur les plans de Léopold Hardy et consacrée en 1901 pour pallier le manque de place dans cette dernière, au regard du nombre croissant des pèlerins. Cependant elle se révéla elle-même insuffisante, ce qui décida une cinquantaine d'années plus tard les autorités ecclésiastiques à faire construire l'immense basilique souterraine Saint-Pie-X sous l'esplanade du Rosaire.
La basilique ferme à l'ouest la perspective de l'esplanade du Rosaire, qui commence à la porte Saint-Michel au débouché du pont sur le Gave. C'est le lieu naturel de convergence des processions. Contrairement à l'usage le plus habituel, les deux basiliques ont leurs façades tournées vers l'est, c'est-à-dire vers la ville et le château, orientation dictée par la disposition du terrain.
Historique
La première basilique s'est rapidement avérée trop petite par rapport au nombre de pèlerins venant à Lourdes ; d'ailleurs, le bâtiment construit au-dessus du rocher de la grotte de Massabielle était d'accès peu aisé. C'est pourquoi le nouvel évêque de Tarbes, Mgr Langénieux comprit rapidement la nécessité de construire un nouveau lieu de culte : déjà reparti de Lourdes pour devenir archevêque de Reims, il présenta lui-même un projet en ce sens au pape Pie IX en . Ce fut le supérieur des chapelains de Lourdes, le Père Rémi Sempé, qui prit en main sa réalisation. Les premiers fonds provinrent du reliquat des souscriptions collectées pour la « Manifestation de foi et d'espérance » de 1872. La construction put se poursuivre grâce à l'arrivée de dons provenant de tout le monde catholique[2].
Les plans de l'édifice ont été réalisés par l'architecte Léopold Hardy. Après d'importants travaux de préparation du terrain, la première pierre du nouvel édifice, dédié à Notre Dame du Rosaire, fut bénite le , date du 25e anniversaire de la dernière apparition de la Vierge Marie à Bernadette (lors de ses dix-huit apparitions, la Vierge avait toujours un chapelet dans ses mains, d'où le nom choisi pour l'édifice). Le gros œuvre fut achevé en 1889, et l'église, bénite le de cette année[3].
La décoration, tant intérieure qu'extérieure restait à faire : celle-ci devait illustrer les mystères du Rosaire, et pour ce faire, l'architecte avait à l'origine prévu des groupes sculptés, pour la vision desquels avaient été ouverts des jours au plafond des chapelles. Ce furent finalement de grands panneaux de mosaïque qui furent réalisés, à partir de 1894 par le célèbre mosaïste franco-italien Giandomenico Facchina suivant les cartons de plusieurs peintres différents ; la série ne fut terminée qu'en 1907[4]. L'orgue construit par Aristide Cavaillé-Coll date de 1897[3].
Bien que l'édifice ne fût pas encore terminé — il y manquait en particulier des mosaïques —, celui-ci fut consacré par MgrLangénieux, entre-temps devenu cardinal, le alors que le père Sempé venait de mourir. En 1907 furent terminés les deux clochetons encadrant la façade. La croix et la couronne surmontant la coupole furent installées en 1923 et dorées cinq ans plus tard.
Les dégradations dues au temps furent la cause d'une restauration d'ensemble dans les premières années du XXIe siècle. En particulier les mosaïques avaient souffert d'infiltrations d'humidité. Des travaux d’étanchéité du dôme et des rampes ont été nécessaire avant la restauration des mosaïques, et la restauration du chœur de la basilique. Les travaux ont duré une quinzaine d'années et ont coûté dix millions d'euros[5]. La restauration des mosaïques, de 2003 à 2005 s'est faite sous la direction de Michel Patrizio[4].
La décoration extérieure de la façade fut rehaussée par des mosaïques de l'atelier romain du père Marko Ivan Rupnik, jésuiteslovène, elles furent inaugurées le [5]. À la suite des révélations des abus sexuels sur des femmes par Marko Ivan Rupnik, le conseil d’orientation du sanctuaire de Lourdes s'interroge sur le devenir de ces mosaïques de mars 2023 à juin 2024[7],[8],[9], Jean-Marc Micas, évêque du lieu, annonce le « qu’il faudra un jour les enlever parce qu’elles empêchent Lourdes d’atteindre toutes les personnes à qui le message du sanctuaire est destiné », mais que dans l'immédiat, l'éclairage nocturne les mettant en valeur sera éteint[10].
Vers l'extérieur, la basilique s'ouvre sur une vaste esplanade (dite « Esplanade du Rosaire ») pouvant rassembler quelque 80 000 visiteurs, encadrée par deux rampes d'accès en hémicycle supportées par des structures en arcades permettant de gagner la basilique de l'Immaculée Conception, située au-dessus et à laquelle mènent également des escaliers situés de chaque côté de la façade de la basilique inférieure, ainsi que sa crypte[3].
Les rampes d'accès à la basilique supérieure, les arcades et les escaliers, ont été réalisés selon les plans de Jean-Marie Lacrampe, architecte de la ville de Lourdes. Rampes, arcades et escaliers sont disposés de façon symétrique par rapport à l'esplanade ; mais si les arcades situées du côté du Gave de Pau sont ouvertes à la circulation des fidèles qui se rendent à la source, à la grotte ou aux piscines, celles qui sont du côté opposé (vers la montagne) encadrent trois chapelles semi-circulaires en forme d'absides à cul-de-four creusées dans le rocher. Ces chapelles ont été affectées au culte bien après la basilique[3].
La deuxième est dédiée à sainte Bernadette et décorée d'une grande mosaïque sur fond doré, dessinée par Edgard Maxence figurant la Vierge entourée d'anges ; une statue de Bernadette est située au bas et d'autres saintes bergères sont évoquées dans des tableaux en bas du panneau principal : de gauche à droite sainte Solange, sainte Jeanne d'Arc, sainte Geneviève et sainte Germaine de Pibrac.
Les arcades supportent des statues datant des années 1910 à 1914, de bas en haut et symétriquement disposées par rapport à l'axe du parvis donc se faisant face deux à deux de façon lointaine : au niveau du parvis, et encadrant l'entrée vers la basilique, saint Pierre et saint Paul ; réparties le long des grandes rampes d'accès à la crypte et à la basilique supérieure, en partant du bas vers le haut : saint Martin et saint Rémi, saint Louis-Marie Grignion de Montfort et saint Vincent de Paul, sainte Anne et saint Joachim, saint Hyacinthe et saint Bernard, enfin saint Jean Baptiste et saint Jean l'Apôtre, tous ayant un rapport avec la vie de la Vierge ou avec sa dévotion.
Le tympan du portail d'entrée de la basilique est orné d'un haut-relief en pierre blanche, œuvre d'Henri-Charles Maniglier, figurant La Vierge remettant le rosaire à saint Dominique (1890). Cette œuvre a été offerte par l'architecte.
À peu près dépourvue de vitrages du fait de son emplacement et de sa configuration, la basilique possède en revanche un exceptionnel ensemble de mosaïques sur plus de 2 000 m2 de surface[11].
Mosaïque du chœur
La Vierge Marie est figurée sur une mosaïque monumentale décorant la voûte en cul-de-four du chœur, dont le dessin est dû à Edgard Maxence ; entourée de nombreux anges, bras ouverts, elle présente un geste d'accueil aux pèlerins, accompagnée de la devise qui manifeste son intercession : « Par Marie à Jésus ».
La plupart des mosaïques adoptent le même schéma structurel fixé dès 1894 par Melchior Doze pour la Nativité : le tableau principal, sous l'arcade principale délimitant la chapelle, est divisé en une partie inférieure représentant la scène terrestre et une partie supérieure symbolisant la scène céleste avec Dieu et les anges. Au-dessus de la scène principale sont représentés des personnages bibliques et des symboles en relation avec elle. Sur l'arcade principale, sous le tableau, de part et d'autre de l'autel, et aux endroits appropriés apparaissent également des textes tirés des Écritures Saintes, de la liturgie…
Chapelles du bras gauche du transept, du côté nef au côté chœur :
Les mystères joyeux, épisodes de l'enfance du Christ, sont tirés des évangiles de Saint Luc et Saint Matthieu[3] :
Le Couronnement de la Vierge - n'est pas rapporté par les textes canoniques reconnus par l'Église, mais une évocation peut en être trouvée au chapitre 12 du Livre de l'Apocalypse : « Un grand signe parut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête » : la Femme de l'Apocalypse est traditionnellement assimilée à la Vierge Marie.
Les mystères lumineux n’ayant été introduits par le pape Jean-Paul II qu’en 2003, ils sont à l'extérieur de la basilique, répartis pour certains d'entre eux en différents panneaux afin de s'adapter aux espaces plats disponibles, et traduits en mosaïques de style beaucoup plus moderne par l'artiste jésuite slovène Marko Ivan Rupnik[13] :
Sur la gauche (derrière les rampes) : L'Annonce du Royaume des Cieux. À gauche : Le Baptême de Jésus. À droite : La Transfiguration. À droite (derrière les rampes) : La Guérison du paralytique.
L'orgue
L'orgue a été construit en 1897 par Aristide Cavaillé-Coll ; le financement en fut permis par des collectes organisées en réparation des outrages du roman impie d'Émile Zola intitulé Lourdes[14] et mis à l'Index par le pape Léon XIII.
Il fut inauguré par Charles-Marie Widor le . Le premier organiste titulaire fut Joseph Antzenberger, remplacé en 1899, par le Père Noël Darros, jusqu'en 1954. Durant toute cette période le grand-orgue est conservé en l'état[15]. En 1955, des modifications sont apportés à l'orgue (suppression de 3 jeux anciens, ajouts ou transformations de quinze jeux, modification de l'harmonie). Ces modifications sont commandées au facteur d'orgues toulousain Maurice Puget[15].
L'orgue est ensuite modifié par le facteur espagnol Organeria Española d'Azpeitia en 1971, qui assure son électrification. Puis au début des années 2000, il est demandé de restaurer cet orgue dans son état d'origine (retour à l'ancienne tribune et à sa balustrade, restauration de la transmission mécanique d'origine, suppression de tous les ajouts postérieurs - dont l'électrification - suppression de la tuyauterie en zinc et plomb). Ces travaux sont réalisés par l'entreprise Pesce Frères entre 2002 et 2005[15].
L'orgue possède trois claviers de 56 notes et un pédalier de 30 notes avec transmission mécanique à Barker.
↑Youna Rivallain, « Mosaïques de Marko Rupnik à Lourdes : le conseil d’orientation du sanctuaire crée un groupe de réflexion. », La Vie, (lire en ligne, consulté le )
↑Christophe Henning, « Lourdes : faut-il démonter les mosaïques de Marko Rupnik ? », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Courtney Mares, « Exclusive: Lourdes bishop hopes to make decision on Rupnik mosaics by spring », Catholic News Agency, (lire en ligne, consulté le )
↑Héloïse de Neuville, « Mgr Micas, évêque de Lourdes : « Nous devrons un jour retirer les mosaïques de Marko Rupnik » », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
↑Maxime Grellet, peintre parisien, inauguration des mosaïques restaurées de la basilique du Rosaire, discours de Francis Latour, directeur de la SEM de l'Accueil de la ville de Lourdes, p. 1.
↑« L'oeuvre. Les mystères lumineux de la basilique du Rosaire. », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
Jacques Perrier, Expliquez-moi la Basilique du Rosaire, Lourdes, NDL Edt, (ISBN978-2-36109-004-3).
Chantal Touvet (préf. Jacques Perrier), 1870-1908 : La vocation de la France, Lourdes, NDL Editions, coll. « Histoire des Sanctuaires de Lourdes » (no 2), , 745 p. (ISBN978-2-916218-23-6)