Bataille de KengeBataille de Kenge
200 civils tués[2]
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
La bataille de Kenge a eu lieu en lors de la première guerre du Congo. Les rebelles de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) soutenus par l'armée patriotique rwandaise (APR) attaquent les défenses des forces armées zaïroises (FAZ) fidèles au président Mobutu Sese Seko, soutenues par la guérilla angolaise UNITA. La bataille est marquée par une forte résistance des FAZ face aux troupes de Laurent-Désiré Kabila, nécessitant l'intervention de forces régulières angolaises pour que l'obstacle soit franchi. SituationEn avril 1997, la rébellion de Kabila, partie fin 1996 du Kivu, a pris le contrôle de la majeure partie du Zaïre. La seconde ville du pays, Lubumbashi a été prise au début du mois. Seule Kinshasa, la capitale zaïroise, ainsi que Gbadolite et Matadi, sont encore contrôlées par Mobutu. Située à environ 230 km de Kinshasa, la ville de Kenge, dans la province du Bandundu, est un point stratégique sur la route vers Kinshasa. La région est vallonnée, la route étroite rend compliqué tout débordement de véhicules et Kenge est située entre les rivières Wamba et Bakali[3],[4]. À la fin du mois d', un corps expéditionnaire angolais franchit la frontière. Remontant vers le nord, il prend Tshikapa le et Kikwit[5] le ou le . Les troupes venues d'Angola et les Rwando-Congolais venus de l'est partent ensuite de cette dernière ville vers Kenge[6],[7], d'où s'enfuient les unités gouvernementales le [8]. Mais les forces loyales à Mobutu décident de regrouper de nombreuses unités pour défendre la ville[9]. Pour le chef de l'armée zaïroise, le général Mahele, tenir la route de Kinshasa permettrait de négocier une transition pacifique entre le régime de Mobutu et Kabila[4]. De son côté, l'UNITA, guérilla angolaise dirigée par Jonas Savimbi, possède de nombreuses installations au Zaïre et va s'impliquer fortement pour défendre ces bases arrières[10]. Forces zaïroisesLes forces pro-Mobutu sont constituées d'environ 3 000 militaires de la Division spéciale présidentielle (DSP)[3], de soldats de la garde civile — dont des jeunes Kinois recrutés pour une centaine de dollars chacun[11] — encadrés par le service d'action et de renseignement militaire, de 500[12] à 3 000 combattants de l'UNITA[13] et d'anciens des forces armées rwandaises (FAR) hutues[14]. Les troupes de la DSP sont commandées par les colonels Tendayo et Lisika[15]. Le capitaine Ilunga Kampete commande un escadron de chars Type 59[16]. RebellesLes troupes rebelles sont commandées par James Kabarebe, un officier de l'APR[17]. Les quelque 3 000 rebelles de l'AFDL auraient été soutenus par 600 militaires de l'APR[18]. De très nombreux enfants-soldats, les kadogos, ont été recrutés par l'Alliance[19]. Les troupes rebelles comptent également des militaires angolais d'origine katangaise, les Tigres, commandés par Vindicien Kinyata[12]. Pendant la bataille, l'armée angolaise, qui jusque-là apportait surtout un soutien logistique, déploiera pour la première fois 2 000 à 3 000 soldats non katangais[13],[5]. Premiers combatsLe , les soldats de la DSP se font passer pour des rebelles à leur arrivée pour tester la fidélité des habitants. Des civils sont en conséquence exécutés pour traîtrise à l'ouest de Kenge et à Kenge même[14]. Après avoir atteint Kenge, les rebelles tentent le de franchir la rivière Kwango mais leurs avant-gardes sont repoussées par un bataillon zaïrois[7], renforcé par les blindés de la DSP[16] et une compagnie de l'UNITA. Les enfants soldats, envoyés en première ligne, subissent de lourdes pertes face aux orgues de Staline de la DSP[14], des témoignages faisant état de plusieurs douzaines de kadogos tués[20]. Une contre-attaque zaïroise vers Kenge est par la suite repoussée par l'Alliance[7]. Le au matin, les pro-Mobutu tentent de reprendre la ville. Après plusieurs heures de combats, les Zaïrois se replient hors de la ville, ayant infligé de lourdes pertes aux rebelles, tandis que de nombreux civils ont été tués[3]. Stabilisation du front puis contournementsLe et le , le front se stabilise sur la Wamba, à l'ouest de la Kwango[21]. Les combats reprennent le [22] et les combats se poursuivent sur la route vers Kinshasa[23]. L'UNITA et les FAZ repoussés jusqu'au village de Bankana (à mi-chemin entre Kenge et Kinshasa) contre-attaquent et les troupes de Kabila reculent sur la rive est de la Kwango[24]. Le , bien que le pont sur la Bombo quelques dizaines de kilomètres plus loin ait été détruit, 500 rebelles traversent à gué en amont et prennent à revers les Zaïrois[25],[26]. Selon François Soudan, le général Mahele, sachant la défaite des mobutistes inéluctable, aurait donné aux rebelles le plan des positions de la DSP[27]. Les combattants de l'UNITA, qui auraient également été attaqués par des troupes mutinées des FAZ, se replient en Angola[28], après avoir rapatrié leur équipement civil et militaire présent au Zaïre[10].
De nombreux civils sont tués et des femmes violées lors du repli des Zaïrois[14]. Les rebelles de l'AFDL sont également accusés d'exactions[3]. Notes et références
Bibliographie
|