Né comte Bernhard de Lippe-Biesterfeld du mariage morganatique en 1909 de son père, le prince Bernhard de Lippe (de la branche de Lippe-Biesterfeld), avec sa mère, la baronne Armgard von Sierstorpff-Cramm (divorcée du comte Bodo von Oeynhausen), il recouvre ses droits dynastiques en 1916 et est créé prince de Lippe-Biesterfeld avec le traitement adéquat d'altesse sérénissime[1].
Le , il épouse la princesse héritière des Pays-Bas Juliana, fille unique de la reine Wilhelmine. De cette union naissent quatre filles, la future reine Béatrix, née en 1938, Irène née en 1939, Margriet née en 1943, et Marijke, appelée Christina (1947-2019).
Le prince Bernhard a également deux filles illégitimes : Alicia de Bielefeld, née en 1952 d'une mère pilote allemande, et Alexia Grinda, née en 1967 de sa maîtresse française Hélène Grinda (1944), elle-même petite-fille d'Édouard Grinda (1866-1959), homme politique.
Seconde Guerre mondiale
Lors de l'invasion allemande des Pays-Bas, il se réfugie avec la famille royale en Angleterre. Tandis que sa femme gagne le Canada, il intègre la Royal Air Force comme pilote de chasse et participe à plusieurs missions de combat. Assurant le lien entre la reine et les autorités alliées, il devient, en 1944, commandant en chef des forces armées néerlandaises qui participent à la bataille de Normandie puis à la libération des Pays-Bas. Le 5 mai 1945, il assiste à la reddition des troupes d'occupation allemande à l'hôtel de Wereld à Wageningue.
Bernhard a eu de mauvaises relations avec le field marshal britannique Montgomery qui ne voyait en lui qu’un amateur et un aventurier[3].
Prince consort des Pays-Bas
Quand son épouse devient reine des Pays-Bas en 1948, il devient prince consort et le demeure jusqu'à l'abdication de celle-ci en 1980. Il est considéré comme cofondateur du très controversé groupe Bilderberg[4], dont la première édition a lieu, en 1954, à Oosterbeek, aux Pays-Bas. Il est en outre le créateur du prix Érasme.
Il meurt, le , seulement huit mois après être veuf, au centre hospitalo-universitaire d'Utrecht, des suites d'un cancer, et inhumé vêtu d'un uniforme de l'armée de l'air néerlandaise, le 11 décembre à Delft[6].
En , le prince Bernhard est accusé de corruption passive. Le scandale éclate, lors de séances publiques d'une commission d'enquête du Sénat américain qui laisse entendre que « le prince aurait reçu 1,2 million de dollars pour faciliter la signature d'un contrat portant sur des avions de chasse »[6].
Le gouvernement du Premier ministre Joop den Uyl est ébranlé et la monarchie ne peut se maintenir que par l'abandon de la charge d'inspecteur général des armées qu'occupait le prince. Dans une interview posthume, le prince Bernhard a confirmé son implication dans l'affaire Lockheed et a, par ailleurs, révélé l'existence de ses deux filles illégitimes. Pourtant il réussit à éviter les poursuites judiciaires et a pu porter ses décorations militaires jusqu’à la fin de sa vie[7].
Cette affaire a pu précipiter l'abdication de Juliana, le 30 avril 1980, jour de son 71e anniversaire, en faveur de sa fille aînée Béatrix. L'ancienne reine se retire alors avec le prince Bernhard au palais de Soestdijk.
Membre du parti nazi NSDAP
La nouvelle de l'appartenance du prince au parti nazi est révélée par la presse en , ce que le prince Bernhard a réussi à cacher depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a adhéré au parti d’Hitler à 22 ans et l'a quitté le , après ses fiançailles avec Juliana. Deux historiens néerlandais à l'origine de la nouvelle ont découvert aux États-Unis un document authentifiant l’appartenance du prince Bernhard au parti[8]. Il fut membre de la Reiter-SS, une unité à cheval accueillant les cavaliers membres de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie allemande[9].
Notes et références
↑Jean-Fred Tourtchine, "Généalogie et état présent des familles princières de Lippe-Biesterfeld (princes souverains de Lippe) et de Lippe-Weissenfeld", L'ordre de la noblesse. Familles d'Europe enregistrées in ordine nobilitatis en 1983–1984. Volume VI 1983-1984. [Paris, 1985], p. CCLVXXXVI.