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En 1971, alors qu'il n’a joué que dans un seul film En kärlekshistoria, Björn Andrésen paraît dans Mort à Venise (Morte a Venezia) de Luchino Visconti qui lui vaut une reconnaissance internationale[1]. Le film n’obtient au box-office que des résultats relativement médiocres, mais on salue le jeune acteur dans son interprétation de Tadzio, ce séduisant adolescent polonais en vacances avec sa famille dans une Venise élégante et mortifère, qui provoque la mort du compositeur Gustav von Aschenbach — joué par Dirk Bogarde.
Björn Andrésen a 14 ans quand il est découvert. Il est orphelin et est élevé par sa grand-mère qui l'inscrit dans de multiples activités extrascolaires dont le théâtre. C’est pour elle qu’il accepte ce rôle, car elle a toujours voulu qu'un de ses petits-fils soit connu, sans savoir vraiment de quoi il retourne[1]. Visconti est à la recherche depuis plusieurs mois d'un adolescent incarnant la beauté spirituelle idéale et non charnelle, un « ange de la mort ». Il le choisit lors d'un casting à Stockholm[2].
Au moment de la sortie du film, des rumeurs circulent aux États-Unis où l’on se demande si l’acteur allait devenir homosexuel ou non, sans savoir que Visconti avait spécialement engagé pour lui une gouvernante, Myriam, pour le protéger et l'aider à préparer ses devoirs scolaires en dehors des heures de tournage et ignorant que sa grand-mère était également présente pendant le tournage. De plus, Visconti interdit aux équipes d'entrer en contact avec le jeune garçon hors caméra[2]. Dans le film, son rôle lui fait échanger des regards ambigus avec le compositeur Aschenbach et, à une autre occasion, il lutte corps à corps avec un garçon plus âgé sur la plage de l'hôtel des Bains. Andrésen oppose un démenti catégorique, et, plus tard, fait part de son malaise quand le réalisateur Luchino Visconti le force un an après le tournage à visiter un bar gay, où il attire l’attention d’un certain nombre de messieurs plus âgés[3]. Étant très mal a l'aise, il commence à boire pour oublier ce qu'il est actuellement en train de vivre. Le lendemain, il ne se rappelle plus comment il est rentré, ni comment la soirée s'est terminée. Aujourd'hui encore, il ignore ce qu'il s'est passé cette nuit-là.
À 16 ans, Après la sortie de Mort à Venise, il passe quelques semaines au Japon[4], pour la promotion du film. Une fois arrivé, tout est déjà prêt pour lui. Il apparaît dans de nombreuses publicités télévisées et enregistre également deux chansons pop. On dit que son interprétation de Tadzio a influencé de nombreux artistes japonais de manga de l'époque — en particulier les autrices Keiko Takemiya et Moto Hagio[5], connues pour leurs représentations de garçons jeunes et efféminés qui envahirent alors les mangas shôjo[6].
En 1974, dans son étude The Great Romantic Films, l’historien du cinéma Lawrence J. Quirk assure que certaines représentations de l’adolescent « pourraient être extraites du film et accrochées aux murs du Louvre ou du Vatican ».
Björn Andrésen reprend des cours de théâtre par la suite en Suède, se marie en 1983 et enchaîne quelques petits rôles. Sa carrière ne démarre jamais. Il se tourne vers la musique et doit affronter des problèmes psychologiques. Ce n'est que lorsqu’il a atteint un certain âge que le public s'interroge sur ce qu'il est devenu.
En 2003, alors qu'il a déjà 48 ans, voulant absolument dissiper les rumeurs concernant sa sexualité et se débarrasser de son image d'autrefois de « plus beau garçon du monde » (expression de la presse internationale de l'époque à son sujet), il fait savoir qu'il évitera les rôles d'homosexuel et s'insurge lorsque l’autrice féministe Germaine Greer utilise sans sa permission une photo de lui adolescent pour la couverture de son livre The Beautiful Boy (2003). Bien qu’elle ait consulté le photographeDavid Bailey, qui détenait les droits d’auteur sur le cliché, avant de publier le livre, Björn Andrésen soutient que lorsqu'on utilise l’image d’une autre personne, il est d’usage d’en informer l'intéressé au préalable, ajoutant qu’il n’aurait jamais donné son consentement.
En 2019, il apparaît dans le film Midsommar, d'Ari Aster, où il tient le rôle du vieillard Dan.
Son physique de beau jeune homme européen blond aux yeux gris bleu, ainsi que le succès de Mort à Venise, devenu un grand classique, lui octroient une popularité qui le propulse au rang d'icône intemporelle, plongeant l'acteur dans un malaise profond qui le poursuivra toute sa vie. Il a dit s'être senti dépossédé de son reflet après Mort à Venise. « Je voulais être ailleurs et être quelqu’un d’autre. » déclare-t-il[7].
↑ a et bDocumentaire Arte, L'Ange blond de Visconti, de l'éphèbe à l'acteur diffusé le .
↑(en) « 'I'm not Germaine's toy,' says cover boy », sur Fairfax Digital, (consulté le ) : « Andresen said that when he was 16, Visconti would take him to gay clubs where he was made uncomfortable by grown men staring at him: 'They looked at me uncompromisingly as if I was a nice meaty dish.' ».
↑Le documentaire de Kristina Lindström et Kristian Petri L'Ange blond de Visconti, 55 min, Suède, 2019, illustre cet aspect. L'Ange blond de Visconti article sur le site Arte.tv, diffusion le sur la chaîne.
Voir aussi
Documentaires
Kristina Petri et Kristian Lindström, L'Ange blond de Visconti : Björn Andrésen, de l'éphèbe à l'acteur, film documentaire suédois de 55 minutes diffusé sur Arte le lundi 1er novembre 2021