Angelo Carlo Chendi[1] naît à Ostellato, dans la province de Ferrare, le [2]. À l'âge de 14 ans, il déménage avec sa famille à Rapallo, en Ligurie, où il se lie d'amitié avec le jeune Luciano Bottaro, son aîné de quelques années, qui partage sa passion des bandes dessinées et des dessins animés. En 1952, il entame sa carrière de scénariste de bandes dessinées au périodique Gaie Fantasie, des éditions Alpe(it)[3]. Deux ans plus tard, il écrit sa première histoire Disney pour l'éditeur Mondadori : Le miniere di re… Paperone[1],[IND 1], dessinée par son ami Bottaro et parue dans le périodique Albi d'Oro no 39 du [3]. C'est le début d'une collaboration de dix ans avec Mondadori, pour lequel Chendi conçoit de nombreux récits à destination du magazine Topolino[1], souvent en tandem avec Bottaro[3]. En 1968, il cofonde avec ce dernier et Giorgio Rebuffi le studio Bierrecì[1] (dont le nom est formé à partir de leurs trois patronymes, Bottaro, Rebuffi et Chendi[2]), première expérience italienne d'auto-production de bandes dessinées[1].
Créateur prolifique, considéré comme un pilier de l'« école de Rapallo(it) »[2], Chendi se distingue par son penchant pour la parodie d’œuvres et de genres célèbres : son premier grand succès, Contre le diabolique docteur Faust (Il dottor Paperus, 1958[IND 2]), s'inspire ainsi du Faust de Goethe. Suivront le remarqué Donald et l'île au trésor (Paperino e l'isola del tesoro, 1959[IND 3]), Donald le paladin (Paperino il Paladino, 1960[IND 4]) — dont le parler médiéval comique inspirera quelques années plus tard les films L'Armée Brancaleone (1966) et Brancaleone s'en va-t'aux croisades (1970) de Mario Monicelli[3] —, Donald Baba (Paperin Babà, 1961[IND 5]), Le Tour du monde en huit jours (Paperino e il giro del mondo in otto giorni, 1961[IND 6]), ou encore La Fusée de la fortune (Paperino e il razzo interplanetario, 1960[IND 7]) où il réutilise le personnage de Rebo, héros de science-fiction des années 1930[1]. S'il collabore le plus souvent avec Bottaro, il écrit également pour d'autres grands dessinateurs Disney : avec Giovan Battista Carpi, il réalise en 1966 Mission Dog Finger (Paperino missione Bob Fingher[IND 8]), dont le titre renvoie au film de James BondGoldfinger, et avec Romano Scarpa, il écrit seize histoires, dont la plus connue est Oncle Picsou et l'amulette sur mesure (Zio Paperone e l'amuleto su misura, 1962[IND 9]) qui fait apparaître Oscar, le cousin porte-malheur de Picsou[3].
Chendi enrichit l'univers disneyen de plusieurs autres personnages, dont certains passeront à la postérité : Œufray Bougar (Umperio Bogarto[IND 10], créé graphiquement par Giorgio Cavazzano), détective privé pastichant Humphrey Bogart dans son nom, son costume et son comportement ; la sorcière Carabosse (Nocciola[IND 11]), qu'il reprend d'une histoire de Carl Barks pour l'opposer à Dingo dans une série d'histoires où elle tente de le convaincre de la réalité de ses pouvoirs magiques ; et OK Quack (également créé graphiquement par Giorgio Cavazzano), un canard extraterrestre égaré sur Terre et dont la soucoupe volante miniaturisée est cachée parmi les pièces du dépôt de Picsou[3].
En parallèle de ses activités pour Topolino, Chendi scénarise également d'autres séries, dont certaines seront publiées avec succès en France. Avec Bottaro, il travaille notamment sur le pirate Pépito, le champignon Pon-Pon, le souverain Redipicche, les « Post-historiques » de la préhistoire, et le duo formé par l'ours alcoolique Whisky et le chasseur Gogo. Dans les années 1970, sous le pseudonyme de Charles Ross, il conçoit par ailleurs quelques romans-photos[3]. En 1972, avec ses deux comparses Bottaro et Rebuffi, il fonde l'Exposition internationale des auteurs de bande dessinée, organisée chaque année au château de Rapallo. Il en tient seul les rênes à partir des années 1990[2]. La 32e édition de l'événement, en 1994, est consacrée à Carl Barks, que Chendi accueille en Italie dans le cadre de sa tournée européenne[1].
En 1997, Chendi interrompt son activité de scénariste. Sa dernière histoire pour Topolino, Paperino e il robot guardia del corpo[IND 12], est publiée le [3]. À partir de 2006, il laisse l'organisation de l'Exposition internationale des auteurs de bande dessinée à l'association culturelle « Rapalloonia ! », qu'il préside jusqu'en 2013 avant de céder la main à Davide G. G. Caci[2]. Cette même année, il publie sa dernière histoire Disney, Pippo scudiero della tavola rotonda[IND 13], son ultime confrontation entre Dingo et Carabosse[1]. Il reste président d'honneur de l'association « Rappaloonia ! » jusqu'à sa mort, le , à l'âge de 88 ans[2].
(it) Sergio Badino, Conversazione con Carlo Chendi: da Pepito alla Disney e oltre : cinquant'anni di fumetto vissuti da protagonista, Tunué, (ISBN9788889613160, lire en ligne)