Les Caryophyllaceae (Caryophyllacées) sont une famille de plantes à fleurs de l'ordre des Caryophyllales. Cette famille comporte un peu plus de 80 genres et 2 000 espèces[1]. Ce sont essentiellement des plantes herbacées, caractérisées notamment par des tiges porteuses de feuilles simples et entières, généralement opposées, et attachées à la tige au niveau d'un nœud renflé, comme chez les œillets véritables ou les silènes.
Le terme a été appliqué à l'espèce cultivée, ou Œillet commun, appelée par Philip MillerCaryophyllus Mill. (Miller abrégé en Mill., est partisan d'une nomenclature prélinnéenne) et Dianthus caryophyllus L. par Carl von Linné (abrégé en L.) dans son Species plantarum en 1753, à cause de l'odeur de ses fleurs qui rappellent le clou de girofle. Or ce nom est donné en 1687 par Paul Hermann[4], à tort car si karyophyllon désigne en grec le clou de girofle, fruit du giroflier (Myrtaceae), le terme évoque l'odeur des feuilles de noyer (du grec karyon, « noix » et phyllon, « feuille »)[5].
La famille est cosmopolite (bien que certaines espèces soient endémiques), mais est surtout bien représentée dans les régions tempérées et chaudes (pourtour méditerranéen) de l'hémisphère Nord[2]. Elle est particulièrement riche sur le pourtour méditerranéen et en Asie. Sous les tropiques, elle est limitée aux secteurs montagneux d'altitude (formant des coussinets, comme Silene acaulis). Elle comporte notamment la Sagine antarctique, l'une des deux plantes à fleurs présente en Antarctique[9].
Tiges parfois avec des épaississements secondaires d’anneaux concentriques (de xylème et de phloème), notamment au niveau des nœuds renflés desquels la tige se brise facilement d'où l'étymologie populaire souvent donnée : du grec caryo (noyau, nœud) et phullon (feuille)[11]. Plusieurs plantes de cette famille étaient préconisées dans le traitement des fractures, selon la théorie des signatures[12].
sessiles formées, à la suite d'une évolution réductrice, d'un pétiole dilaté et aplati, faisant office de limbe : faux limbe à forme simple et entière (subulée, linéaire, spatulée, ovalaire ou suborbiculaire), à nervation pennée[13]
exceptionnellement des stipules chez des Silenoideae ou des Paronychioideae chez qui elles sont scarieuses : souvent fasciculées ou verticillées dans ces taxons, elles sont soit linéaires (Spergularia, Spergula), soit obovales (Polycarpon)
feuilles opposées (paire de feuilles reliées par une crête transversale aux nœuds), souvent décussées, parfois soudées à la base, plus rarement pseudo-verticillées ou alternes[14]
Les parties aériennes (feuilles, tiges) et surtout souterraines (racines) contiennent des métabolites secondairesallélochimiques, les saponines, qui servent de défense des plantes contre les herbivores (insectes, escargots d'eau douce, têtards, petits poissons), notamment chez les saponaires et les silènes. Les propriétés ichtyotoxiques et moussantes des saponines, associée à leur forte dissolubilité dans l'eau, a permis, sans doute depuis la préhistoire, à certains peuples autochtones d'en faire des poisons utilisables pour la pêche (pêche à la nivrée ou pêche au poison en broyant certaines racines, créant ainsi un savon riches en saponines versé dans l'eau des rivières, et qui provoque l'asphyxie et la mort des poissons en endommageant la membrane de leurs branchies)[15],[16].
Inflorescencedéterminée : cyme bipare, souvent composée en panicule. Elle peut devenir dissymétrique au point de devenir unipare (avortement d'un rameau à chaque nœud, comme chez le Silènes) ou parfois réduite à une fleur terminale. La cyme peut se contracter, simulant alors plus ou moins un capitule accompagné de bractées scarieuses formant un petit involucre
Calice dialy- ou gamosépale (détermine le type de fruit) composé de 4-5 sépales, libres ou soudés
si gamosépale : les sépales connés ont un onglet développé et une ligule (Silenoideae)
si dialysépale : il y a un onglet court donc des pétales réduits ou nuls (Paronychioideae, Alsinoideae)
Corolledialypétale ((0-)4-5 pétales souvent onguiculés au limbe bifide ou lacinié et muni de deux petites expansions ligulaires à la jonction du limbe et de l'onglet). Le plus souvent les pétales véritables sont absents mais le néophyte peut observer des « pétales » constitués en fait d'un verticille de 4-5 étamines pétaloïdes[17]
Ovairesupère uniloculaire, à placentation centrale libre ou basale[18] de fleur hypogyne (périgyne dans le genre Scleranthus), à 5, 4, 3 ou 2 carpelles soudés, à 2-5 stigmates réduits ou linéaires, à styles libres rarement connés à la base et aussi nombreux que les carpelles, à ovules hémitropes à campylotropes généralement nombreux (parfois seulement 1), primitifs car bitégumentés et crassinucellés[10].
Fruit, le plus souvent une capsule loculicide[19] (déhiscence par des clapets triangulaires ou se séparant en valves, en même nombre que les stigmates ou en nombre double) au péricarpe crustacé, scarieux ou papyracé
s'ouvrant par des dents apicales chez les espèces à calice gamosépale généralement persistant
s'ouvrant par des valves chez les espèces à calice dialysépale[10].
La graine ne possède en principe pas d'albumen, mais un périsperme autour duquel s’enroule l’embryon[20]
Liste des genres
Les genres les plus importants sont Silene avec 700 espèces (dont une cinquantaine dans la flore française), Dianthus avec 300 espèces (23 dans la flore française), Arenaria avec 200 espèces (16 dans la flore française), Gypsophila, Minuartia et Stellaria avec 150 espèces (25 de Stellaria et 16 de Minuartia dans la flore française), Paronychia avec 110 espèces, Cerastium avec une centaine d'espèces (25 dans la flore française). La flore française est représentée par 32 genres et 210 à 220 espèces[2].
Selon une légende, l'armée de Louis IX est victime d'une épidémie dite de peste lors du siège de Tunis à la huitième croisade en 1270. Les soldats y découvrent à cette occasion une liqueur tonique à base d'œillet qui est censée avoir apaisé leurs souffrances, rapportent la plante en France où elle est cultivée comme plante médicinale puis plante ornementale[25].
La réputation d'aphrodisiaque de l'œillet fait qu'il est symbole de fiançailles et de mariage, illustrant les portraits médiévaux des couples. À l'inverse, signe de l'amour divin et symbole de virginité, il se retrouve sur de nombreuses représentations de la Vierge Marie du XVe au XVIIe siècle[26]. À cette époque, l'œillet disputait à la rose le titre de reine des fleurs[27].
Notes et références
↑(en) Fritz Hans Schweingruber, Annett Börner & Ernst-Detlef Schulze, Anatomy of Stems in Herbs, Shrubs und Trees : An Ecological and Systematic Approach, Volume 1, Springer, (ISBN978-3-642-11637-7), p. 103–211.
↑ ab et cMichel Botineau, Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs, Lavoisier, (lire en ligne), p. 376.
↑François Couplan, Les plantes et leurs noms : Histoires insolites, Editions Quae, (lire en ligne), p. 192.
↑Nouveau Larousse encyclopédique, Larousse, , p. 274.
↑Pierre Déom, La Hulotte n°65, Le petit guide des fleurs des bois, 1995
↑Les nervures secondaires sont fugaces si bien que la nervation semble plus ou moins parallèle.
↑Walter S. Judd, Christopher S. Campbell, Elizabeth A. Kellogg, Peter Stevens, Botanique systématique. Une perspective phylogénétique, De Boeck Supérieur, , p. 240.
↑(en) Soumaya Cheikh-Ali, Muhammad Farman, Marie-Aleth Lacaille-Dubois & Nabil Semmar, « Structural organization of saponins in Caryophyllaceae », Phytochemistry Reviews, vol. 18, , p. 405–441 (DOI10.1007/s11101-019-09600-8).
↑(en) Peter R. Cheeke, Toxicants of plant origin, CRC Press, , p. 123
↑Walter S. Judd, Christopher S. Campbell, Elizabeth A. Kellogg, Peter Stevens, Botanique systématique. Une perspective phylogénétique, De Boeck Supérieur, , p. 241.
↑Les Caryophyllales étaient justement nommées Centrospermales à cause de cette disposition en forme de colonnette au centre de l'ovaire d'un gynécée lysicarpe.
↑Plus rarement un akène (Paronychia), un nucule (Scleranthus, Herniaria) ou une baie à déhiscence irrégulière (Cucubalus).