Casino municipal de CannesCasino municipal de Cannes
Le Casino municipal de Cannes est un lieu de divertissement commandité par le conseil municipal de Cannes, construit sur les plans de l'architecte Camille Mari et inauguré le . Il est détruit en 1979 et remplacé par un établissement de jeux intégré au Palais des festivals et des congrès de Cannes. HistoriqueAprès l'insuccès du Casino des Fleurs de la rue Montfleury construit en 1888 par Louis Hourlier et abandonné dix ans plus tard[1], les cannois et les hivernants souhaitent voir la création d'un établissement pour le théâtre, la musique et les jeux[2]. À l'extrémité de la Croisette, longeant le Vieux-Port et la jetée Albert-Edouard inaugurée par le Prince de Galles en 1898, le terrain se présente en 1905 comme un vaste espace de plus de 10 000 m2 vide de toute construction face au square Mérimée[3]. Il est acquis par la commune auprès des Domaines[4]. Le choix de la Croisette provoque la colère des habitants qui voient se dresser sur leur plage une verrue disgracieuse. Une pétition est lancée le 17 mai 1898. Parmi les signataires se trouvent le Grand-duc Michel de Russie et le Prince de Galles ainsi que des notables cannois. L'aristocratie craint de voir se développer une société équivoque qui bouleversera ses habitudes[2]. Aucun des huit projets élaborés à partir de 1899 n'aboutit, en partie à cause de l'opposition du grand duc Michel de Russie, inquiet pour la moralité publique[5]. Le conseil municipal de Cannes accorde la concession d'un nouvel établissement le 5 avril 1905 à Henry Ruhl. Le casino est construit sur les plans de l'architecte Camille Mari et inauguré le par André Capron, maire de Cannes, en présence de dignitaires de la colonie étrangère dont le grand-duc Michel. La Société d'exploitation de Casinos et Hôtels Henri Ruhl & Cie devient propriétaire du Casino municipal de Cannes en 1911 et annonce une progression des bénéfices de 370 000 francs pour l'exercice 1908-1909 à 480 000 francs pour 1910-1911 et envisage au moins 600 000 francs pour 1911-1912[6]. L'établissement est agrandi la même année[2]. Le reste du terrain non bâti devant le Casino, actuelle esplanade Georges-Pompidou, prend le nom de place du Casino puis d'esplanade des Alliés[4]. Le , la statue en pied d'Edouard VII, réalisée en marbre blanc par le sculpteur Denys Puech, est inaugurée sur l'esplanade des Alliés en présence de Raymond Poincaré, Joseph Gazagnaire, maire de Cannes, le grand-duc Michel de Russie, sir Francis Bertie, ambassadeur, Théophile Delcassé, Alexandre Millerand, Paul Deschanel, Honoré Sauvan, sénateur, maire de Nice, etc. Détruite en 1943, elle est remplacée par un buste réalisé à l'identique et inauguré en 1952 dans le square Reynaldo-Hahn[4]. Durant la guerre de 1914-1918, le Casino municipal est transformé en hôpital militaire. En 1919, la Société fermière du casino municipal de Cannes est créée avec à sa tête Eugène Cornuché. Le Casino est à nouveau agrandi et transformé. Succédant à Eugène Cornuché en 1926, François André, oncle de Lucien Barrière, dirige le Casino sans discontinuer jusqu'en 1962[4], Lucien Barrière en assurant la gestion jusqu'aux années 1980[7]. En 1930 l'architecte niçois Roger Séassal entreprend sa modernisation complète. Il reconstruit le hall et la salle de boule mais la seconde tranche qui devait voir la reconstruction du théâtre n'est pas menée à bien[2],[5]. En 1939, le hall du Casino municipal est transformé pour accueillir le premier Festival international de cinéma. Du matériel de projection et de sonorisation et mille fauteuils sont achetés. La location des places est lancée, Le festival est programmé du 1er au 20 septembre, la décoration est refaite, tout est prêt. La déclaration de guerre le 3 septembre stoppe net les festivités. Une seule projection est réalisée. Coût de l'opération : 205 000 francs. Il faut attendre la Libération pour que le Casino municipal voie le véritable premier Festival international du Film se dérouler en son sein du 20 septembre au . Le Festival suivant a lieu au Palais Croisette qui remplace le Cercle nautique[4]. Le Casino municipal est détruit en 1979 pour être remplacé par le Palais des festivals et des congrès de Cannes construit en 1982 sur son emplacement, conservant un casino en son sein, en remplacement du Palais Croisette qui avait lui-même remplacé le Cercle nautique[5]. ActivitésJeuxSpectaclesOutre ses salles de jeux et son Grand Cercle, le Casino comporte un théâtre de huit cents places, un restaurant, les Ambassadeurs, un jardin d'hiver, un salon de lecture, un salon-fumoir, une salle d'hydrothérapie et un jardin[4]. Toutes les fêtes de la saison se déroulent au Casino : kermesses, expositions, remises de récompenses, bals, soirées de bienfaisance[2]. Au théâtre sont présentés de nombreuses comédies, des spectacles de danse, des opéras, des opérettes et des concerts symphoniques donnés par l'Orchestre du Casino[4],[3]. Le , Aristide Briand, présent à Cannes pour la réunion des ministres chargée de la question des réparations de guerre, assiste à une représentation théâtrale au Casino[4]. Le , à l'occasion des Fêtes latines de Cannes, une conférence sur un voyage en Amérique du Sud, accompagnée d'airs, de chants et de danses sud-américaines, et suivie de la présentation d'un film inédit est donnée au Casino municipal[4]. Le , à l'occasion de l'inauguration de la statue de Frédéric Mistral au square Brougham, œuvre du sculpteur Victor Tuby, une représentation de Mireille, opéra de Charles Gounod d'après l'œuvre du poète, est donnée au Casino municipal[4]. Le premier festival du film devait se tenir au Casino en 1939 mais fut annulé du fait de la déclaration de la guerre. La première session à avoir lieu, en 1946, est organisée au Casino municipal dans l'attente de la construction du Palais Croisette sur l'emplacement du Cercle nautique[8]. ArchitectureLe Casino municipal est conçu sur un plan et une volumétrie composites et dissymétriques dans un style éclectique à tendance baroque avec perron, porche, marquise, corps en arrondi, balconnet, balustrade, arc en plein-cintre, corniche, balustrade de couronnement et tour. Ses deux étages carrés sont construits, sur un rez-de-chaussée surélevé au-dessus d'un sous-sol, en pierre artificielle, maçonnerie, enduit et béton armé, sur un remblai. Ses élévations à travées sont ordonnancées au droit d'un jardin de niveau. La couverture est composée d'un toit en pavillon de tuiles plates mécaniques et zinc, d'un lanterneau, d'un dôme et d'une terrasse en ciment[5]. Au-delà du porche précédé d'une marquise, un vaste hall à l'italienne ouvre sur le restaurant, les salles de jeu et le théâtre. Celui-ci se compose d'un parterre et de trois balcons avec des loges d'avant-scène. Les salles sont ornées de gypseries. Les ornements sont de forme végétale ou géométrique et d'ordre dorique. L'escalier dans-œuvre est un escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie. Le bâtiment est équipé d'un ascenseur. Il est entouré d'un jardin paysager et d'un jardin régulier en demi-cercle sur le remblai. Une partie du sous-sol couverte en terrasse d'agrément. Les agrandissements ont dénaturé la volumétrie d'origine tout en élargissant l'ouverture vers la mer[5]. La municipalité communique les détails du projet au journal Le Littoral qui les publie dans ses colonnes les et [4] :
Protection du patrimoineLe Casino municipal de Cannes s'insère avec le Palais des festivals et des congrès de Cannes qui lui a succédé à cet emplacement[5], tout comme le Cercle nautique[11] et le Palais Croisette[12], dans l'ensemble du front de mer dit boulevard de la Croisette[13] inscrit à l'inventaire général du patrimoine culturel au titre du recensement du patrimoine balnéaire de Cannes[14]. Notes et références
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