Casse de la Banque de France de Saint-NazaireLe casse de la Banque de France de Saint-Nazaire est un important braquage ayant touché la Banque de France de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) le . Casse du siècleCe braquage est souvent qualifié de « casse du siècle »[1],[2],[3],[4],[5] en raison de son mode opératoire spectaculaire et de son butin record estimé à 88 millions de francs (soit environ 13,4 millions d’euros). Mais d'autres braquages ont également était qualifié par la presse de « casse du siècle », notamment le braquage le week-end du 16 et 17 juillet 1976 de la Société Générale de Nice (butin : 50 millions de francs, soit environ 7,6 millions d'euros) et celui du 16 décembre 1992 de la Banque de France à Toulon (butin : 146 millions de francs, soit environ 26 millions d'euros)[6],[7]. Déroulement du braquageLe à 4 h 30, dix hommes cagoulés et armés pénètrent dans l'appartement de fonction du caissier de la banque, Roger Camus, 52 ans, situé au-dessus de l'agence au premier étage de l’établissement. Ils ont franchi à l’aide d’une échelle le petit mur d’enceinte à l’arrière du bâtiment Napoléon III[8],[1]. Les malfaiteurs neutralisent la famille comprenant Roger Camus, sa femme, et leurs trois enfants et les prennent en otage. Roger Camus, en tentant d'écarter l'arme d'un braqueur, a été blessé par une balle qui lui a traversé le gras du flanc, puis il a reçu un coup de crosse sur la tête[1]. À l'aide de Talkie-walkie et d'un scanner, les braqueurs surveillent les ondes policières[9]. A partir de 7 h, ils séquestrent au fur et à mesure les employés qui viennent pour l'entretien[1]. Le groupe monte à 7 h 45 chercher le directeur de la banque, Claude Neaut, qui loge au 2e étage du bâtiment[1],[9]. Le groupe entre dans la salle des coffres à 8 h 45[9]. Les braqueurs obligent les employés otages à charger quatorze sacs de jute de 25 kg chacun contenant un total de 88 574 000 francs et 6 380 dollars dans une Renault 18 et deux fourgonnettes volées garées à l'arrière de la banque sur le parking intérieur[9]. EnquêteBernard Mondon, de l'Office central de répression du banditisme (OCRB), indique qu'il s'agit du « plus gros braquage depuis la Libération ». Dans un premier temps, l'hypothèse d'une action d'Action directe est privilégiée, à tort, par Bernard Mondon, et l'enquête est donc confiée au juge antiterroriste Gilles Boulouque[9]. L’enquête se concentre sur la traçabilité des 409 000 billets volés, acheminés vers la Belgique et la Suisse par des passeurs de fonds[9]. Le , le journal Libération reçoit un tract de revendication ironique du casse signé « Des braqueurs funambules », accompagné de 20 000 francs en coupures usagées de 200 francs. Le texte dénonce « l'insécurité » liée à la misère sociale et attaque les ministres de l’époque, Robert Pandraud et Charles Pasqua, en déclarant : « Pour soutenir la politique sécuritaire de Pandore et Passequoi, faire parvenir ces billets troués pour les aider à construire leurs commissariats, leurs prisons et payer leurs indics avec 4 trous. »[9] Les voleurs anarchistes jurent « ne pas être membres d’Action directe » et expliquent que « l’insécurité, ce n’est pas le grand banditisme ou ceux qui luttent contre un ordre établi » mais « c’est le chômage, le désespoir, la misère organisée et ses conséquences, drogue, Ricard et ses trafics. »[9] Le , le caissier hospitalisé reçoit un colis contenant deux films (Les Ripoux et Les Aventuriers de l’arche perdue), des cigares et du parfum No 5 de Chanel pour Madame, accompagné d’un mot : « Encore toutes nos excuses pour cette nuit éprouvante. »[9] L’enquête progresse grâce à des photos prises par un douanier à la frontière suisse, identifiant deux membres du groupe, Ahmed Bekkouche et Claudio Lavazza[9]. L’équipe, qui est un mélange de criminels et de politiques, est cosmopolite, comprenant des Algériens, des Français, un Chilien et deux Italiens proches de l’organisation Prima Linea[2]. Trois personnes, Jean-Michel Zabronski, Idir Hamdi, et un individu nommé Boudier, sont interpellées en France et en Belgique[10]. Ces arrestations ont été réalisées après la découverte de 7,4 millions de francs dans des coffres bancaires en Belgique : les personnes interpellées n'ont pas pu expliquer l'origine de cet argent et ont donc été inculpées de recel. Aucun lien direct avec le braquage de Saint-Nazaire ou celui de Niort du n'a été formellement établi[10]. Par ailleurs, des tableaux volés et une quinzaine de personnes recherchées dans d'autres affaires criminelles sont également retrouvés lors des perquisitions dans les milieux de la pègre[réf. nécessaire]. Vie en cavale et suites judiciairesParmi les auteurs, certains restent introuvables pendant de nombreuses années. Jean-Luc Boudier, l'un des présumés braqueurs, se cache en Corrèze sous une fausse identité jusqu’à sa mort le . Ce n’est qu’en 2021 qu’une lettre de son fils résidant à Taiwan révèle son passé, relâchant des informations sur la participation de son père au braquage puis ses des années en fuite en Asie[11],[12]. D'autres membres du gang, comme Miloud Hai, sont arrêtés plusieurs années après les faits. Miloud Hai est condamné à perpétuité par contumace en 1992, avant d'être arrêté le à Paris 13e[2], rejugé en 2008 et condamné alors à neuf ans de prison[9]. Miloud Hai est considéré comme étant « chef du commando » ayant séquestré le caissier, qui l'a reconnu[2]. Jean-Michel Zabronski, né le à Boulogne-Billancourt, décède le à l’âge de 39 ans. Une décision de la Cour de cassation, Chambre criminelle, rendue le (90-87.515), mentionne des éléments liés à cette affaire[réf. nécessaire]. Seulement 8 millions du casse ont été retrouvés[13]. Références
Liens externes
|