Charles Jean Van Lerberghe provient d'une famille bourgeoise de Gand. Il est le fils de Jean Van Lerberghe et de Jeanne Marie Ghislain. Son père décède alors qu'il a sept ans ainsi que sa mère alors qu'il a quatorze ans. Il est alors confié à Désiré van den Hove, son tuteur légal qui est un oncle de Maurice Maeterlinck, futur écrivain et prix Nobel de littérature.
En , Charles Van Lerberghe suit un enseignement primaire à l'Institut Saint-Amand. En , l'enfant est inscrit au Collège Sainte-Barbe de Gand dirigé par les Jésuites. En 1872, ses études dans ce collège sont interrompues par une grave maladie. Son tuteur l'envoie alors à la campagne chez les frères Joséphites de Melle de 1873 à 1875 où il se signale par ses excellents résultats[1]. De retour en 1875 au collège Sainte-Barbe de Gand, il fait la connaissance de deux condisciples, Maurice Maeterlinck et Grégoire Le Roy[2], avec qui il restera lié dans sa carrière littéraire. Dans ce collège, il reçoit une instruction austère, centrée sur les dogmes religieux et l'au-delà. Il manifeste toutefois des dons précoces pour la poésie. En 1878, il remporte le prix de poésie d'un concours d'écoles catholiques sur l'Immaculée conception[3].
En 1881, il s'inscrit à la faculté de droit de l'université de Gand sans parvenir à réussir sa première année. Dès lors, avec ses condisciples Maurice Maeterlinck et Grégoire Le Roy, il s'essaie à la poésie centrée à l'époque sur la Pitié, l'Amour de la Mort et l'Amour des jeunes filles[3].
En , il fait la rencontre de Georges Rodenbach, poète symboliste, qui lui permet de publier en quelques-uns de ses vers dans la revue littéraire La Jeune Belgique[3].
En 1887, il fait paraître une dizaine de ses pièces (dont Solyane) dans le Parnasse de la Jeune Belgique. Le paraît dans La Wallonie, journal du symbolisme français et belge, Les Flaireurs, « petit drame en trois scènes dans un genre légendaire et flamand » et la première manifestation symboliste au théâtre. Par cette œuvre, il commence à se faire connaître du grand public[3].
En 1898, il publie le recueil de poèmes Entrevisions après deux ans de travail acharné. À propos de ce recueil, Charles Van Lerberghe indiquait: « Je vois en images, en symboles », explique-t-il à Severin. « Il y a peu de symbolistes aussi enracinés que moi. Vous l’avez vu, je ne parle jamais des choses qu’indirectement, par allégories vagues, par suggestions (…). La beauté à mes yeux est aussi toujours plus ou moins voilée »[3].
Son œuvre la plus connue et qui a suscité un grand intérêt dans le public est La Chanson d'Ève écrite à Bouillon à partir de et parue en . Il y célèbre le renouveau éternel de la nature généreuse, claire et miroitante et l'épanouissement harmonieux d'Ève dans un grand Tout, libéré de toute entrave.
Pendant toutes ces années, il voyage en Europe et s'éprend de différentes amies mais ne parvient jamais à se résoudre à se mettre en ménage. Au contraire, il est l'adepte de rencontres tarifiées qui ne correspondent pas au modèle de la femme idéale auquel il aspire.
En 1904, son médecin lui diagnostique une para syphilis, maladie dégénérative du cerveau. En 1906, paraît Pan, « comédie satirique en trois actes », pièce écrite à Rome qui sera créée sur les planches à Paris, Mons et Bruxelles à la fin de cette même année. À travers Pan, Van Lerberghe se montre ironique face au monde et à la religion en particulier en adoptant une approche à la fois dionysiaque, païenne et panthéiste. En , la paralysie lui retire l'usage de la parole et de la mémoire. Il décède précocement le à l'hôpital Saint-Jean de Bruxelles et est inhumé au cimetière de Bruxelles à Evere.
Solyane et huit poèmes, dans Parnasse de la Jeune Belgique, Léon Vanier, 1887.
Les Flaireurs, La Wallonie, Liège, 1889. (Réédition Lacomblez 1891 et Mercure de France 1904).lire sur wikisource
Entrevisions, Lacomblez, Bruxelles, 1898. (Réédition Crès, Paris, 1922, avec des poèmes posthumes).lire sur wikisource
La Chanson d'Ève, Mercure de France, 1904. (Réédition Un coup de dés, 1906 et Crès, 1906, avec des pièces retranchées).Lire sur Gallica
Les flaireurs, édition originale tirée à 25 exemplaires, Liège : La Wallonie, 1889. Rééd. Bruxelles : Lacomblez, 1891; Paris : Mercure de France, 1904.
Mademoiselle Le Faucheux ou l’Araignée bleue, Bruxelles : Lamertin, 1921.
Prose
Lettres à Fernand Severin, Bruxelles : Ed. La Renaissance du livre, 1924.
Contes hors du temps, Bruxelles : Abbaye de la Cambre, 1931.
Lettres à une jeune fille, Bruxelles : Ed. La Renaissance du livre, 1954.
Des variations du goût dans l’art italien, 1964.
Lettres à Albert Mockel, 1887-1906, édition établie, présentée et annotée par Robert Debever et Jacques Detemmerman, Bruxelles : Ed. Labor, 1986.
N’êtes-vous pas patineuse? Lettres à Marguerite Gombert, édition présentée, établie et annotée par Jacques Detemmerman, coédition Académie royale de Langue et de Littérature françaises / Le Cri, 2004.
Mise en musique
Dix poèmes ont été mis en musique dans un cycle de mélodies op. 95 par Gabriel Fauré et six poèmes par Paul Lacombe édités chez Hayet en 1909. Le compositeur gantois Robert Herberigs a également mis en musique des poèmes de La Chanson d'Ève. Les poèmes Regarde au fond de nous : nous sommes l'émeraude et Le Miroir ont eux aussi été mis en musique par le groupe de blackgazeAlcest .
Hommages
Un monument en granite avec inscription à la mémoire de Charles Van Lerberghe a été érigé à Bouillon le à l’initiative de la Société des Écrivains ardennais. C'est en effet à Bouillon qu'il a composé La Chanson d'Ève[5].
La « Rue Charles Van Lerberghe » à Schaerbeek, le « Square Van Lerberghe » à Bouillon et la « Charles Van Lerbergheplein » (place Charles Van Lerberghe) à Gand perpétuent également sa mémoire.
Bibliographie
Hubert Juin, Charles van Lerberghe, Seghers, coll. Poètes d'aujourd'hui n°186, 1969 (avec une très abondante bibliographie).
Paul Gorceix, Fin de siècle et symbolisme en Belgique, Editions Complexe, 1998 (660 pages, avec de très nombreux extraits des poètes symbolistes belges).
Notes et références
↑ a et bRobert O.J. Van Nuffel, Biographie nationale, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, , 848 p. (lire en ligne), p. 488-492
↑Charles Van Lerberghe, Hubert Juin, Poètes d'aujourd'hui, n° 186, éd. Pierre Seghers, Paris, 1969.
↑ abcde et fRaymond Trousson, Nouvelle biographie nationale - Tome 11, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, (lire en ligne), p. 356-360