Entre 1934 et 1967, elle écrit 19 romans et 4 recueils de nouvelles[1]. Son premier ouvrage suscite l'admiration d'André Gide. Un travail assidu, presque infatigable, lui permet de publier à un rythme régulier, quasiment annuel.
Sous le pseudonyme de Claire Sainte-Soline inspiré par la commune éponyme de son département natal, elle publie en 1934 son premier roman, Journée, qui évoque la vie d'un village poitevin et lui vaut l'année suivante le Prix Minerva[4]. Parmi une vingtaine d'œuvres, Le Dimanche des Rameaux (1952), D'amour et d'anarchie (1955) et La Mort de Benjamin (1957) passent pour ses plus belles réussites.
La parution du recueil de nouvelles Mademoiselle Olga, en 1954, suscite les éloges des critiques littéraires[5]. En 1957, elle manque d'une voix le Prix Femina, ce qui lui vaut la notoriété. Mais dès l'année suivante, elle entre au jury de ce prix.
Elle est inhumée le au cimetière des Sablières à Niort, auprès de ses parents (2e division - carré D - tombe 43).
Vie privée
En 1918, Nelly Fouillet épouse l'artiste-peintre Louis Coquard (Ambrault 1895 - Noirmoutier-en-l'Île 1989), dont elle se sépare assez tôt puis divorce en 1941.
Claire Sainte-Soline pratique une écriture précise et rigoureuse, héritée de sa formation scientifique et propre à son métier d'enseignante. Sobre, dense et incisif, son style s'inspire des romanciers français de la fin du XIXe siècle. Derrière des vies ou lieux d'apparence banale, elle traque un monde de mystère et de secrets avec un art qu'admirera François Nourissier[6]. D'une lucidité méticuleuse, elle analyse sans complaisance, avec ironie et même dureté, l'âpreté et l'immoralité humaines. Elle met volontiers en scène des personnages laissés pour compte, que l'adversité a rendus veules ou méchants. Ses récits se déroulent dans une atmosphère souvent sombre et glacée, voire cruelle. Pour la plupart, ils exposent le dénouement rapide - en une seule journée - d'un conflit de longue date mais larvé. Leur lecture déstabilise et questionne :
« C'est une œuvre dérangeante, aux personnages ambivalents, où la grisaille du quotidien laisse entrevoir des fractures douloureuses de révoltes non abouties, de lâchetés inavouées, de violence sourde. Une œuvre où les seules douceurs semblent venir d'un amour de la nature qui fait entendre, en opposition à l'ambiguïté des rapports humains, ses harmonies sereines de lumière, de couleurs, de parfums »[7].
D'esprit humaniste mais indépendant, voire frondeur, peu soucieuse des modes et même volontiers anticonformiste, Claire Sainte-Soline refuse les thèses du Nouveau roman.
Dans son Journal, André Gide écrit, admiratif, que certaines pages de Journée lui font penser aux meilleures de Marguerite Audoux.
Œuvres
Romans
Journée (1934, Rieder) - dédié à ses parents ; serait inspiré d'un meurtre familial aux environs de Lezay ;
Antigone ou l'Idylle en Crète (1936, Rieder) ;
Les Sentiers détournés (1937, Rieder) ;
Le Haut du Seuil (1938, Rieder) - dédié à son frère René ;
Irène Maurepas (1942, Presses universitaires de France) ;
Et l'enfant que je fus... (1944, Presses universitaires de France). Probable réédition de L'enfance de Manelle (sans date, entre 1941 et 1944, Éditions de la Toison d'Or) - dédié à Angela Medici ; autobiographie inspirée de souvenirs de jeunesse à Rom et à Montalembert[1] ;
J'ai eu deux vies : celle de professeur et celle d'écrivain (propos tenus à la fin de son existence)[5].
Je n'ai aucune imagination et tout ce que j'écris c'est à partir de ma vie[9].
Les profondeurs sourdes et noires du sommeil me sont depuis longtemps refusées (Le dimanche des Rameaux).
Je me plais dans la brume et le crachin (Les années fraîches).
Qu'on me laisse ; je n'ai plus besoin de rien ni de personne. Bientôt, je vais être une chose ; je ne veux pas que l'on voie cette chose à ma ressemblance qui laissera toute question, toute tendresse, tout regard sans réponse (Mon dernier quart d'heure).
Les vrais éloges, ceux qui encouragent et vont au cœur, parviennent ainsi d'inconnus. On est alors certain que l'écho est sincère, certain d'avoir été compris et d'avoir apporté quelque chose, si peu que ce soit (en réponse à un lecteur de son pays natal, qui lui exprime son admiration)[10].
Le , deux manifestations locales marquent le cinquantenaire de sa mort :
Melleran, sa ville natale, donne son nom à l'école maternelle et primaire où enseignèrent ses parents. Les plaques commémoratives apposées à cette occasion citent l'écrivaine : « Tout enfant possède plus de science qu'on ne croit, mais une science qu'il a peine à extraire des profondeurs et qu'il est encore incapable d'exprimer, faute de vocables » ;
l'animatrice littéraire Nathalie Jaulain lit certains de ses textes à la Médiathèque Pierre Moinot de Niort.
Sources
Le Courrier de l'Ouest du : J'adore les Mellois, nous déclare la nouvelle vice-présidente du "Femina", par Léon Lelong.
Le Courrier de l'Ouest du : Grâce à Mme Claire Sainte-Soline les cyprès vont à nouveau "spiritualiser" et "helléniser" le paysage des Deux-Sèvres.
Le Courrier de l'Ouest du : La mort continue de faucher (...) Claire Sainte-Soline (du Fémina) disparaît également, par Léon Lelong.
Le Courrier de l'Ouest du : L’Université et les Lettres ont dit un dernier adieu à Claire Saine-Soline.
Le Soir du : Adieu, Claire Sainte-Soline par Constant Burniaux, de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique).
Le Figaro littéraire du : La mort de Claire, par Maurice Chapelan.
La Nouvelle République du (date à préciser) : La romancière Claire Sainte-Soline n'est plus.
La Nouvelle République du : Enquête sur un écrivain disparu, par Yves Revert.
La Nouvelle République du : Le filleul de Claire Sainte-Soline témoigne, interview du docteur Jean-Charles Medici.
La Nouvelle République du : Une romancière à l'honneur - Jean-Pierre Giraudoux (fils de Jean) évoque son amie Claire Sainte-Soline.
La Nouvelle République du : Plus de 100 auteurs mellois à découvrir avec la Vestegaille, par Jean-Claude Pommier.
La Nouvelle République du : Claire Sainte-Soline au Toit aux livres.
Le Courrier de l'Ouest du : Comme une chanson douce.
La Nouvelle République du : Le souvenir de Claire Sainte Soline.
Bibliographie
Jean-Claude Pommier, Claire Sainte-Soline, rebelle et indomptable, Chef-Boutonne, , 256 p.
↑Fernand Lot, « Les prix littéraires - Grosses révélations sur le Prix Minerva suivies d'une petite visite à Claire Sainte-Soline la nouvelle lauréate », Comœdia, , p. 1 (lire en ligne).
↑ a et bNotice biographique de la Conservation des cimetières de Niort.
↑ a et bLa Nouvelle République du 24 janvier 1997 : Enquête sur un écrivain disparu, par Yves Revert.