La concentration prédite sans effet, également connue sous son nom anglais predicted no-effect concentration ou PNEC, est en chimie, toxicologie et écotoxicologie, une méthode de définition des seuils en-deçà desquels une substance est considérée comme non-dangereuse pour les organismes.
Définition
La concentration prédite sans effet est une estimation du seuil en-dessous duquel une substance est considérée comme inoffensive pour l'environnement. Elle définit la toxicité de cette substance pour tout environnement[1],[2].
Méthode de calcul
La définition d'une concentration prédite sans effet nécessite un recueil de données d'écotoxicité incluant des espèces appartenant à différents niveaux de la chaîne trophique. Deux cas sont envisageables : celui où de nombreuses données sont disponibles et celui où la substance n'a été évaluée qu'auprès de peu d'espèces. Dans le cas où peu de données sont disponibles, c'est l'espèce la plus sensible à la substance évaluée qui détermine le seuil limite. Dans le cas où de nombreuses données ont été rassemblées, la concentration de référence est celle qui permet de protéger 95 % des espèces. Elle est nommée « HC5 ». Dans tous les cas, un facteur d'extrapolation est appliqué à la valeur retenue. Ce coefficient d'extrapolation varie suivant les règlementations nationales[3],[1],[4].
Facteur d'extrapolation appliqué dans l'Union européenne à la valeur retenue pour définir la concentration règlementaire[3],[1],[5]
Information connue
Facteur d'extrapolation
Au moins un test de toxicité aiguë
1/1000
Un test de toxicité à long terme
1/100
Deux tests de toxicité à long terme sur des espèces de deux niveaux trophiques différents
1/50
Trois tests de toxicité à long terme sur des espèces de trois niveaux trophiques différents
1/10
Distribution statistique des sensibilités des espèces, incluant au moins quinze valeurs de toxicité chronique pour des espèces de huit groupes taxonomiques différents ou plus
Deux principales critiques sont émises vis-à-vis de la méthodologie de définition des concentrations prédites sans effet. La première tient, comme expliqué ci-dessus, à l'arbitraire du coefficient d'extrapolation fixé par les réglementations. La seconde critique porte sur l'aspect réducteur de ne considérer chaque substance qu'individuellement, alors qu'elles sont présentes concomitamment dans la nature. L'effet cocktail peut engendrer des effets soit additifs, soit synergiques, soit antagonistes, qui ne sont pas mesurables par la méthodologie unitaire des concentrations prédites sans effet[1].
↑Dulio & Andres 2012, 6. Catégorisation des substances — 6.1. Critères et indicateurs pour la catégorisation des substances — 6.1.3. Identification d'un risque potentiel, p. 33 & 34.
↑Nathalie Chèvre, « Estimation de l’écotoxicité des substances retrouvées dans le Léman : campagne 2006 », dans Rapports de la commission internationale pour la protection des eaux du Léman contre la pollution, Nyon, CIPEL, (lire en ligne), p. 173-186.
↑Dulio & Andres 2012, 6. Catégorisation des substances — 6.1. Critères et indicateurs pour la catégorisation des substances — 6.1.2. Évaluation du niveau d'information disponible sur les effets — 6.1.2.1. Identification des indicateurs, p. 32.
[Dulio & Andres 2012] Valeria Dulio et Sandrine Andres, Référentiel méthodologique pour la priorisation des micropolluants des milieux aquatiques : établi par le comité d'experts national pour la priorisation des micropolluants aquatiques, INERIS, , 60 p. (lire en ligne)