La conférence de Durban, en forme longue Conférence mondiale de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance, qui s’est tenue du 2 au à Durban en Afrique du Sud, est la troisième session des Conférences mondiales contre le racisme organisées par l’UNESCO. Elle constitue une initiative lancée après la Seconde Guerre mondiale dans la suite de l’appel consécutif à la publication, en 1950, de The Race Question (La Question des races), document signé par de nombreux experts et dénonçant le racisme[1].
Les deux premières conférences se sont déroulées en 1978 et 1983 à Genève. La conférence de 1978 a mis l’accent sur le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Une conférence est organisée à New York pour les 20 ans de la première conférence de Durban[2].
Avant la conférence (pré-Durban), les États-Unis ont demandé aux organisateurs de se garder d'accusations antijuives ou de condamnations d'Israël, et au début de la conférence, son président, Kofi Annan, annonce qu'il exclut toute référence au sionisme.
Les délégations des États-Unis et d’Israël quittent alors la conférence, le 3 septembre, après avoir été impuissants à la recentrer sur ses objectifs initiaux relatifs au racisme dans le monde[8]. La France et les autres pays de l'Union européenne menacent d'en faire de même si le sionisme est assimilé à du racisme[9],[note 1].
Une déclaration finale contre le racisme est votée, à l’arraché, par la conférence[10]. Cette déclaration est condamnée par l’Australie et le Canada, qui dénoncent l’« hypocrisie » de la conférence, qui ne servait pas la résolution du conflit israélo-palestinien mais qui cherchait surtout, selon le délégué canadien, « à délégitimer l’État d’Israël et à déshonorer son histoire et la souffrance du peuple juif. »
« Nous sommes préoccupés par le sort du peuple palestinien vivant sous l’occupation étrangère. Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les États de la région, y compris Israël, et engageons tous les États à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement. »
Autres points (esclavage, etc.)
Outre la controverse suscitée par le conflit israélo-palestinien, un certain nombre de pays africains, avec à leur tête le Nigeria et le Zimbabwe, accompagnés d’ONG afro-américaines, ont exigé des excuses individuelles de la part de chaque État s’étant engagé autrefois dans l’esclavage, ainsi que la reconnaissance de celui-ci comme crime contre l’humanité, assorti de réparations. Les États européens se sont opposés à cette requête, se rangeant à l’avis du Royaume-Uni. En fin de compte, la conférence publia un appel à soutenir la Nouvelle Initiative Africaine, à ré-aménager la dette, à financer la lutte contre le SIDA, à recouvrer les fonds transférés dans les pays riches par les dictateurs et enfin à mettre un terme au trafic d'êtres humains[12].
Le rapport final réaffirmait le droit des réfugiés et la nécessaire protection des minorités ethniques, culturelles, linguistiques et religieuses, critiquait la discrimination contre les Roms et les gens du voyage (point 68), reconnaissait explicitement le lien entre sexisme et racisme (point 69) et la plus grande vulnérabilité des filles à l’égard du racisme (point 71) :
« Nous sommes convaincus que le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée se manifestent de manière différente à l’égard des femmes et des filles, et peuvent être parmi les facteurs qui entraînent la dégradation de leurs conditions de vie, qui engendrent la pauvreté, la violence et des formes multiples de discrimination, limitent leurs droits fondamentaux ou les en privent. Nous reconnaissons qu’il convient d’intégrer à la lutte contre les formes multiples de la discrimination, la notion d’équité entre les sexes au niveau des politiques, des stratégies et des programmes de lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. »
Parallèlement à la conférence de l’UNESCO, un forum réunissait 6 000 ONG jusqu’au 2 septembre, dont l'influence est grandissante dans la politique internationale[13]. Il a adopté une déclaration contenant des passages très controversés qualifiant Israël d’« État raciste » et l’accusant d’« actes de génocide », affirmant l’existence d’un « apartheid israélien ». Les débats se focalisent particulièrement sur Israël ; nombre de propos sont haineux ; des participants juifs sont insultés et physiquement menacés, etc.[7],[5].
Jampal Chosang, à la tête d’une délégation d’associations de Tibétains en exil participant au forum des ONG[14], a dénoncé « une nouvelle forme d’apartheid » au Tibet, en affirmant que la « culture tibétaine, la religion, et l’identité nationale sont considérées comme une menace » pour la politique et le contrôle de Pékin[14].
Israël est à nouveau un sujet de polémiques du fait des propos du président iranien le qualifiant d’État raciste[16],[19], provoquant le retrait provisoire des 5 pays de l'UE[20],[21] faisant écho à la débâcle de Durban I[22].
Le , les Nations unies expulsent de la conférence trois groupes d’activistes pour « comportement inacceptable »[23] : le groupe iranien Neda Institute for Political and Scientific Research pour avoir distribué des « documents incitatifs », l’Union des étudiants juifs de France et l’organisation londonienne Coexist car « étroitement mêlés aux incidents qui ont accompagné le discours prononcé par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad »[23],[24][réf. incomplète]. Deux journalistes du magazine conservateur américain Townhall sont également expulsés après avoir tenté de s’emparer de force du podium[25].
Le dernier jour de la conférence, le , à la demande du délégué chinois, soutenu par le délégué iranien, le président de la conférence a empêché deux ONG pro-tibétaines, la Société pour les peuples menacés et International Campaign for Tibet, de terminer leurs discours, qui évoquaient notamment la situation au Tibet comme exemple d’incitation à la haine raciale.
Durban III (New York, 2011)
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Une nouvelle conférence devait se tenir le 22 septembre 2021 à New York pour marquer le 20e anniversaire de l'adoption de la Déclaration de Durban[2]. Plusieurs pays occidentaux, plus d'une vingtaine au total, ont annoncé boycotter cette conférence, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la France[30]. En outre, des pressions sont exercées en Belgique par la NV-A pour que le pays boycotte également cette conférence, Bart de Wever affirmant que les différentes conférences « ont été détournées par les pays arabes et les ONG d'extrême gauche et ont ainsi dégénéré en un festival de haine contre les Juifs et Israël[31]. »
Notes et références
Notes
↑La date du départ des États-Unis, annoncée le 3 septembre par plusieurs médias dont Le Nouvel Observateur dans son édition du 5, a été postérieurement datée du 5 septembre 2009 dans sa rétrospective. Dans cet article du 5 septembre, Le Nouvel Observateur indiquait : « Toutefois, Mary Robinson a annoncé ce mardi que le consul américain en Afrique du Sud resterait sur place et que le départ de la délégation ne signifiait pas le départ des Américains […] Cette information a cependant été démentie par des responsables du département d'Etat à Washington. »
↑ a et b(en) Paul Goble, China: Analysis From Washington -- A Breakthrough For Tibet, World Tibet News, 31 août 2001 : « The United Nations secretariat this week gave official accreditation to a coalition of Tibetan exile groups to attend a meeting of non-governmental organizations in Durban, South Africa, in advance of the government-level World Conference Against Racism that opens there today ».