Couleurs de la Cité céleste
Couleurs de la Cité céleste est une œuvre d'Olivier Messiaen pour piano, ensemble à vent et percussion de 1963, créée le 17 octobre 1964 à Donaueschingen en Allemagne. Elle fait référence à l'Apocalypse où est évoquée la cité aux murailles multicolores, ornée de pierres précieuses. Messiaen y use de seize chants d'oiseaux de différentes régions du monde qui permettent au compositeur de symboliser les visions qu'il avait de l'Apocalypse : « extraordinaires, extravagantes, surréalistes et terrifiantes ». L'œuvre se positionne entre les Sept haïkaï l'année précédente et Et exspecto resurrectionem mortuorum pour orchestre, l'année suivante. Genèse de l'œuvreLa pièce est composée en 1963 sur commande du musicologue Heinrich Strobel, alors directeur des services musicaux du Südwestfunk de Baden-Baden et responsable artistique du festival de Donaueschingen. Les spécifications imposent au musicien un effectif particulier : trois trombones et trois xylophones. Dès le 19 juillet, Messiaen note les premières esquisses de la partition (chiffres 5 — Alleluia — et 58 à 61). En fait le compositeur avait noté, trois ans plus tôt, en septembre 1960, l'idée d'une nouvelle œuvre fondée sur le dernier chapitre de l'Apocalypse où est décrite la muraille multicolore : « La muraille était construite de jaspe… ». La première impulsion semble née juste avant la composition du Verset pour la fête de la Dédicace, dont l'une des mélodies se retrouve dans les Couleurs. En 1963, Messiaen retourne à l'inspiration religieuse par une œuvre pour orchestre, majeure, après de nombreuses années d'absence (L'Ascension, 1933) et sur un thème récurrent chez lui : l'Apocalypse. La commande de Strobel lui offre l'occasion de concrétiser le projet né en 1960[1]. Le compositeur précise même que :
— Brigitte Massin, Olivier Messiaen, une poétique du merveilleux[2]. Messiaen éprouve quelques problèmes avec l'effectif très particulier exigé par Strobel, mais après réflexion, notamment par le biais d'une quantité importante de notes dans ses agendas, il pense pouvoir adapter l'Apocalypse à cette commande pour Donaueschingen :
— Olivier Messiaen (1908–1992), Les couleurs du temps : trente ans d'entretiens avec Claude Samuel, 2000 p. 225. Deux projets d'instrumentation sont proposés successivement à Boulez dès la mi-juillet, puis un troisième finalement adopté définitivement par le compositeur, où le piano est soliste, les cuivres au nombre de dix, avec deux cors, ce qui donne la couleur cuivrée, avec les trompettes et les trombones[3]. Bien qu'absents de la description de saint Jean, les oiseaux sont indispensables à Messiaen[4]. « Couleurs contient cinq oiseaux de Nouvelle-Zélande, cinq du Brésil, trois du Vénézuela, un du Canada, et deux des pampas d'Argentine »[5]. L'oiseau-cloche de Nouvelle-Zélande occupe la meilleure place, partagé entre clarinettes, piano, percussions à hauteurs déterminées (cloches, cencerros et gongs). Les oiseaux offrent à Messiaen l'occasion de symboliser les visions qu'il avait de l'Apocalypse : « extraordinaires, extravagantes, surréalistes et terrifiantes » Par exemple avec le hurlement de l'araponga du Brésil[5]. Parmi les quatre Alleluia[3], le plus employé est celui du « 8e dimanche après la Pentecôte ». Il est présenté dans une fanfare vive, composée de cliquetis de gongs et de cencerros. Un autre, « pour le Saint-Sacrement » est muté en un grand choral qui clôt les deux parties de l'œuvre.
— Olivier Messiaen, Préface. Couleurs de la Cité céleste est créée le au Festival de Donaueschingen en Allemagne, avec Yvonne Loriod au piano et l'Ensemble du Domaine musical, sous la direction de Pierre Boulez[6] et repris à Paris dans le cadre des concerts du Domaine musical, le 16 décembre[3]. Composition de l'orchestreOutre le piano en soliste, l'orchestre se compose de trois clarinettes, deux cors en fa, une trompette piccolo en ré, trois trompettes, trois trombones, un trombone basse, trois percussionnistes, un marimba, un xylophone, un xylorimba. StructureSelon Geneviève Mathon[7], l'œuvre s'articule autour de cinq éléments : les chants d'oiseaux, les thèmes de plain-chant, les thèmes des couleurs, les thèmes rythmiques et les figurations de l'Apocalypse. La pièce dure environ 16 min. Citations de l'ApocalypseMessiaen donne ces citations dans la préface à la partition où il décrit également l'importance des couleurs. À ce propos, il précise également comment elles marquent l'inspiration :
— Brigitte Massin, Olivier Messiaen, une poétique du merveilleux[2] C'est d'ailleurs le compositeur qui réalise la couverture de l'édition : un titre en lettres orange est posé sur un fond bleu.
RéceptionDiscographie
Notes et références
Bibliographie
Voir aussiArticle connexeLiens externes
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