Ernest-Auguste de Brunswick (en allemand : Ernst August Herzog von Braunschweig), duc de Brunswick et prince de Hanovre, est né le à Penzing, en Autriche, et décédé le , au château de Marienburg, en Allemagne de l'Ouest. Dernier duc régnant de Brunswick (1913-1918), il est également prétendant au trône de Hanovre (1923-1953).
Né après l'exil de sa famille en Autriche, le prince Ernest-Auguste n'est d'abord pas appelé à succéder à son père, le duc de Cumberland et Teviotdale. Les décès successifs de ses deux frères, en 1901 et en 1912, changent cependant la donne et font de lui l'héritier des trônes de Hanovre et de Brunswick. Peu après la mort de son aîné, Ernest-Auguste fait la connaissance de la princesse Victoria-Louise de Prusse et les deux jeunes gens tombent amoureux, ce qui favorise la réconciliation des Hanovre et des Hohenzollern. Marié à la fille du Kaiser Guillaume II, il monte sur le trône de Brunswick en 1913.
La même année, le duc de Cumberland succède à son père à la tête de la maison de Hanovre[4]. Puis, en 1884, il hérite des droits dynastiques de son cousin, le duc Guillaume VIII de Brunswick, ce que la Prusse ne peut accepter. Considéré comme un ennemi de l'Empire allemand, le prince est remplacé, sur le trône, par un régent nommé directement par Berlin[5]. En 1892, le duc de Cumberland obtient cependant la somme de 60 millions de deutschmarks en dédommagement pour la confiscation d'une partie des biens de sa famille en 1866. Avec sa nouvelle fortune, il fait construire le Schloss Cumberland à proximité de la Königinvilla[6].
C'est dans ce contexte difficile que le prince Ernest-Auguste voit le jour en exil à Vienne, le . L'enfant est alors quatrième dans l'ordre de succession au trône de Hanovre, après son père et ses frères aînés Georges-Guillaume (1880-1912) et Christian (1885-1901)[réf. nécessaire]. En grandissant, Ernest-Auguste devient un jeune homme réservé et taciturne[7]. Passionné par l'équitation, il intègre le Ier régiment de cavalerie bavarois[8] grâce à l'intervention du prince royal, le prince Rupprecht de Bavière[9].
Un mariage improbable
La mort prématurée de ses deux frères aînés fait d'Ernest-Auguste l'héritier potentiel du trône de ses ancêtres. En 1901, le prince Christian meurt à l'âge de 16 ans, victime d'une péritonite.
Le , le prince héritier Georges-Guillaume, héritier du trône après son père, trouve la mort dans un accident de la route à Nackel, dans le Brandebourgprussien[10]. Ému par la tragédie, le Kaiser Guillaume II envoie deux de ses fils pour escorter la dépouille du jeune homme jusqu'à Gmunden et représenter les Hohenzollern à ses funérailles. En guise de reconnaissance, le duc de Cumberland envoie, quelque temps plus tard, son dernier fils à Berlin afin d'y transmettre ses remerciements à l'empereur[11].
Durant ce séjour, Ernest-Auguste fait la connaissance de la princesse Victoria-Louise de Prusse, unique fille du Kaiser. Les deux jeunes gens tombent rapidement amoureux. Dans un premier temps, l'idylle est mal perçue par leurs deux familles, depuis trop longtemps ennemies. Cependant, la médiation du prince Maximilien de Bade, beau-frère du jeune duc mais également proche parent de la kronprinzessin Cäcilie puis la renonciation du duc de Cumberland et de son fils à leurs droits sur l'ancien royaume de Hanovre rassurent les Hohenzollern. Ces derniers acceptent, en échange, de rendre au duc de Cumberland l'ensemble de ses biens et de reconnaître Ernest-Auguste comme héritier du duché de Brunswick[12]. Les fiançailles d'Ernest-Auguste et de Victoria-Louise sont donc annoncées officiellement à Karlsruhe le et leur mariage est célébré à Berlin le suivant[13]. Le mariage est célébré avec faste à Berlin. Toutes les dynasties du vieux continent, proches parents des mariés, s'y retrouvent sans savoir que c'est pour la dernière fois, que nombre d'entre-eux perdront leur trône voire la vie quelques années plus tard après l'éclatement de la Première Guerre mondiale[7] qui provoquera la ruine de l'Europe.
Le , Ernest-Auguste et Victoria-Louise font leur entrée triomphale à Brunswick, capitale du duché éponyme[14], où ils reçoivent le pouvoir des mains du prince-régent Jean-Albert de Mecklembourg. Dix mois après le mariage, en mars 1914, la duchesse Victoria-Louise donne le jour à un fils, héritier du trône de Brunswick. En juillet, la duchesse attend un second enfant. La guerre éclate le mois suivant.
A l' automne 1918, la situation de l'Allemagne est critique. Le 3 octobre, le Kaiser nomme le prince Maximilien de Bade, beau-frère du duc de Brunswick, chancelier d'Empire mais il est trop tard. En , la révolution bolchevique secoue l'Empire allemand de Metz à Memel. Le Kaiser Guillaume II, qui craint de subir le sort de ses cousins russes, s'exile aux Pays-Bas. Dans la foulée, un conseil de soldats oblige Ernest-Auguste à abandonner le pouvoir () et les Hanovre se réfugient dans leur domaine de Gmunden, en Autriche. Une fois le calme revenu en Allemagne, la famille récupère l'essentiel de sa fortune et revient séjourner une partie de l'année dans son ancien duché, où elle récupère notamment les châteaux de Blankenburg et de Marienburg[16].
Après l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933, le duc de Brunswick et sa famille entretiennent des relations ambiguës avec le parti national-socialiste. D'un côté, le chef des Hanovre refuse ostensiblement d'intégrer le mouvement d'extrême-droite mais il lui fait, de l'autre, plusieurs dons importants. Ernest-Auguste entretient, par ailleurs, des relations étroites avec plusieurs dignitaires du Troisième Reich[18] et profite, semble-t-il, de la politique d'aryanisation des biens juifs menée par le Führer[19]. Dans ces conditions, la commission de dénazification mise en place par les Alliés, après-guerre, déclare, le , l'ancien duc de Brunswick « sympathisant » du régime nazi[19].
Après la défaite de l'Allemagne en 1945, les biens des Hanovre situés dans la zone d'occupation soviétique sont confisqués et la famille perd le château de Blankenburg. Confronté à de nouvelles difficultés financières, Ernest-Auguste procède à la vente d'un second lot d'œuvres d'art hérité de sa famille en 1950[17].
Louis-Ferdinand, Pce royal d'Allemagne ∞ Donata, Ctesse de Castell-Rüdenhausen
Henri, Prétendant aux trônes de Hesse ∞ Floria, Ctesse de Faber-Castell
Hubert, Pce héritier de Saxe-Cobourg ∞ Kelly Jeanne Rondestvedt
Bibliographie
(fr) Philippe Gain, « Princes et nobles d’Allemagne des années 1920 à l’effondrement du IIIe Reich », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 204, , p. 15-39 (lire en ligne).
(fr) Michel Huberty, Alain Giraud et F. et B. Magdelaine, « Ernest-Auguste III de Hanovre », numéro « Brunswick XXVII 6 », L'Allemagne dynastique, t. III : Brunswick-Nassau-Schwarzbourg, 1981, chez l'un des auteurs, Le Perreux, 607 p. (ISBN2-901138-03-9).
(es) Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía : La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, , 573 p. (ISBN84-9734-195-3).
(en) Jonathan Petropoulos, Royals and the Reich : The Princes von Hessen in Nazi Germany, New York, Oxford university Press, , 524 p. (ISBN0-19-921278-3).
(de) Thomas Vogtherr, Die Welfen : Vom Mittelalter bis zur Gegenwart, Munich, Auflage, C.H.Beck, , 112 p. (ISBN978-3-406-66177-8).