Dans la mythologie et le folklore, un esprit vengeur ou esprit de vengeance est l'esprit d'une personne morte qui revient de l'après-vie pour chercher vengeance pour un traitement cruel, contre nature ou une mort injuste. Dans certaines cultures où les funérailles et les cérémonies d'inhumation ou de crémation sont importantes, ces esprits vengeurs peuvent également être considérés comme des fantômes malheureux de personnes qui n'ont pas reçu de rite funéraire approprié[1].
Contexte culturel
Le concept de fantôme vengeur remonte à l'Antiquité et fait partie de nombreuses cultures. Selon ces légendes et croyances, les fantômes errent dans le monde des vivants comme des esprits sans repos et cherchent à redresser des griefs qui leur ont été faits avant de retourner dans le monde des morts après que justice a été faite, mais dans certains cas, restent inapaisés[2]. Dans certaines cultures les fantômes vengeurs sont en majorité des femmes injustement traitées et mortes dans le désespoir[3],[4].
Exorcisme et apaisement sont parmi les coutumes religieuses et sociales pratiquées par les différentes cultures par rapport aux esprits vengeurs. Les Aché au nord du Paraguayincinéraient les personnes âgées supposées abriter des esprits vengeurs dangereux au lieu de leur donner un enterrement coutumier[5]. Dans les cas où la personne a été tuée et le corps enseveli sans cérémonie, le cadavre peut être exhumé et inhumé selon les rites funéraires appropriés afin d'apaiser l'esprit. D'autres peuples sont connus pour saler et brûler leurs corps, là où ils ont été tués ou avec ce qui les a tué.
Lémures dans la mythologie romaine sont les esprits vengeurs errants de ceux auxquels n'ont pas été accordés sépulture, rites funéraires ou culte affectueux par les vivants[6].
Le Glaistig(en), esprit féminin sans repos qui passe pour hanter certains endroits en Écosse tels que le château de Crathes, le château de Knock et le château d'Ashintully. Dans quelques contes elle est assassinée dans une robe verte, puis fourrée sans ménagement dans la cheminée par un domestique. Il se dit que ses traces peuvent encore être entendues lorsqu'elle marche dans le château avec tristesse[8].
Nü gui ((zh)) est un fantôme féminin vengeur du folklore chinois. Elle apparaît avec les cheveux défaits[9].
Yuan gui ((zh)), esprits de personnes décédées de mort injustifiée[10].
Sous continent indien
Chudail (ourdou : چڑیل, Devanagari: चुड़ेल), fantôme féminin du folklore indien, bien connu en Inde du nord et au Pakistan[11]. Cet esprit passe pour provenir d'une femme décédée soit dans l'accouchement, la grossesse ou lors de ses menstruations, dans un état d'impureté rituelle[12],[13],[14].
Japon
Funayūrei(船幽霊 or 舟幽霊?, lit. « esprit de bateau ») sont des fantômes (yūrei) devenus des esprits vengeurs en mer. Ils sont mentionnés dans les folklore de différentes régions du Japon.
Kuchisake-onna, esprit vengeur d'une femme mutilée par son mari.
Mu-onna (無女), esprit vengeur d'une mère qui a perdu son enfant en raison de famine ou de la guerre.
Onryō, nom générique du folklore japonais des fantômes qui reviennent du purgatoire pour un tort subi au cours de leur vie. Les onryō sont en majorité des femmes et se manifestent souvent physiquement plutôt que sous forme spectrale.
Amérique latine
Dama Branca, aussi appelée Mulher de Branco (« femme en blanc ») en portugais, est le fantôme d'une jeune femme morte à la naissance ou de causes violentes dans la mythologie Brésilienne[16]
La Llorona, aussi appelée « femme en blanc ». Un esprit féminin du Mexique qui a noyé ses propres enfants parce que son mari l'a quittée.
Patasola(en), esprit féminin d'Amérique du sud qui apparaît sous les traits d'une belle femme. Elle séduit les hommes et les attire dans les profondeurs de la forêt où elle se transforme en bête et dévore l'homme.
Sihuanaba, esprit féminin qui a eu une liaison et attaques les hommes infidèles au Salvador.
Sundel bolong, dans la mythologie javanaise et malaisienne, fantôme d'une femme morte quand elle était enceinte et qui a donné naissance dans sa tombe de telle façon que le bébé sort de son dos où elle a une grande plaie[19].
Phi Tai Thang Klom (ตายทั้งกลม), fantôme thaïlandais, esprit courroucé d'une femme qui s'est suicidée après avoir été mise enceinte, puis trahie et abandonnée par son amant[20].
↑(en) Heonik Kwon, Ghosts of War in Vietnam [« Fantômes de guerre en Vietnam »], Cambridge, Cambridge University Press, , 234 p. (ISBN978-0-521-88061-9 et 0-521-88061-0)
↑(en) Henry Whitehead, The Village Gods of South India [« Les dieux de village de l’Inde du Sud »], New Delhi, Asian Educational Services, (1re éd. 1921), 175 p. (ISBN978-81-206-0137-6)
↑(en) Xavier Romero-Frias, The Maldive Islanders : A Study of the Popular Culture of an Ancient Ocean Kingdom [« Les habitants des Îles Maldives : une étude de la culture populaire de l’ancien royaume océanique »], Barcelone, , 306 p. (ISBN84-7254-801-5)
↑Pierre Clastres, Chronique des indiens Guayaki. Ce que savent les Aché, chasseurs nomades du Paraguay. Plon. Paris, 1972
↑(zh) Zhiming (孔志明) Kong, « 左傳中的厲鬼問題及其日後之演變 » [« Les idées de esprits vengeurs dans le Zuo Zhuan & dévélopments posterieurs »], (consulté le )
↑Janet Chawla, Child-bearing and culture : women centered revisioning of the traditional midwife : the dai as a ritual practitioner, Indian Social Institute, , p. 15
↑Theresa Cheung, The Element Encyclopedia of the Psychic World : The Ultimate A-z of Spirits, Mysteries and the Paranormal, Harper Element, , 850 p. (ISBN978-0-00-721148-7), p. 112
↑Hannah Fane, « The Female Element in Indian Culture », Asian Folklore Studies, Nanzan University, vol. 34, no 1, , p. 100 (JSTOR1177740)
↑Theresa Bane, Encyclopedia of Vampire Mythology, McFarland, , 207 p. (ISBN978-0-7864-4452-6), « Chedipe »
↑Iwasaka, Michiko and Toelken, Barre. Ghosts and the Japanese: Cultural Experiences in Japanese Death Legends, Utah State University Press, 1994. (ISBN0-87421-179-4)