Ces œnochoés de typeSchnabelkanne, dénommée par les archéologues français « œnochoé à bec trèflé », appartiennent à la culture hallstatto-orientale. Leur production, essentiellement issue de deux ateliers artisanaux de forgeceltes nord-alpins (l'un en Bavière, l'autre dans le land autrichien de Salzbourg), s'est effectuée entre le milieu VIe siècle av. J.-C. et la fin du Ve siècle av. J.-C.[1]. Leur style emprunte à des vases de confection étrusque[2] et possède un déterminant artisanal celtique.
Description
Le terme Schnabelkanne est employé pour faire à référence à un ensemble homogène (ou unicum) d'œnochoés confectionnées en bronze et dont le bec verseur est relevé. Ces pichets sont pourvus d'une anse, ainsi que d'une panse présentant une circonférence. Ils présentent fréquemment une physionomie à caractère anthropomorphe, et, plus rarement, des ornementzoomorphes[3].
Exemples et détails de pichet de type Schnabelkanne
Détail d'un ornement anthropomorphique figurant sur l'anse d'une Schnabelkanne.
Détail d'une sculpture zoomorphe ornant le haut d'une anse de Schnabelkanne,[N 2],[5].
Détail du bec et de la partie supérieure de l'anse.
Détail d'ornementation.
Id.
Découverte et fouilles
Ces cruches métalliques ont été identifiées et répertoriées lors d'une campagne de fouilles préventives entreprises à la fin du XIXe siècle, au sein de la commune allemande de Schnabelkanne. D'autres investigations archéologiques ont ultérieurement mis en évidence, d'autres œnochoés affichant les mêmes caractéristiques morphologiques.
Ces fouilles archéologiques ont mis en évidence un nombre non négligeable d'œnochoés de Schnabelkanne. La grande majorité de pichets de ce type se concentrent dans une zone comprenant la Suisse et le Sud de l'Allemagne. D'autre cruches de ce type ont été retrouvés en Gaule, en Étrurie padane, et au sein des territoires celto-italiotes à culture golaseccante.
Les différentes cruches type Schnabelkanne découverte en Europe
Par ailleurs, ces œnochoés ont fait l'objet d'un tout premier champ d'étude et de répertoriation, abondamment circonstancié et détaillé, paru en et réalisé par l'archéologue français Joseph Déchelette[6],[7],[8],[9],[10].
Bibliographie
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↑« Cruche de type Schnabelkanne », sur Artéfacts, encyclopédie des petits objets archéologiques, 2012-2014 (consulté le )