Le latin fāgus a donné les termes fol, fou, fau, foutel pour désigner cet arbre en ancien français et dans les dialectes et les langues d'oïl. D'où fouailler « fouetter » et fouet, à l'origine « petit hêtre ». Le mot latin est issu de l'indo-européen *bhāgós qui a aussi donné la racine germanique *bōk- (anglais beech, allemand Buche) et le gaulois *bāgos, attesté dans la toponymie[2] (cf. Bahais, Manche) et signifiant tous « hêtre ».
On trouve, selon les régions, de nombreux termes dialectaux issus du latin fagus : faye, foyard, fau, faou, faon, fayard (mot francoprovençal), favinier, foutel, fouteau, etc.
On discerne ces noms dans la toponymie des communes ou des lieux-dits terminés par le suffixe gallo-roman *-ETU (-etum) « suffixe collectif servant à désigner un ensemble d'arbres appartenant à la même espèce » > -ay, -ey, -y (ex : Fay, Fahy, Fey, Fy « hêtraie »), devenu féminin *-ETA > -aye (ex: la Futelaye ou la Foutelaye « la hêtraie ») > -aie (ex: hêtraie). Dans le domaine occitan, on rencontre des noms du type la Fage, Lafayette, Haget, Lahage (gascon), issus du même étymon latin.
Une plantation où le hêtre domine est donc une hêtraie.
Caractéristiques générales
Les hêtres sont des arbres à feuilles caduques, toujours simples, ovales, alternes. Celles-ci montrent un limbe entier, (cilié à l'état jeune), denté, courtement pétiolé. La feuille du hêtre se distingue de celle de l'orme par sa symétrie. Sa nervation craspedodrome est pennée avec des nervures secondaires alternes[3].
C'est une essence d'ombre en climat sec et de lumière en climat humide, elle vit le plus souvent en forêt plutôt fraîche et mature. Lorsqu'en zone tempérée et suffisamment fraîche, un jeune hêtre manque de lumière, il est capable de fortement freiner sa croissance, à la différence d'essences plus "pionnières" (bouleau, érable sycomore ou frêne par exemple). Il survit longtemps à l'ombre de la canopée et dans les fourrés très denses ou ombragés en attendant une trouée qui lui apportera la lumière.
À l'ombre, il pousse légèrement moins vite que l'érable ou le frêne, mais compense par une architecture et un port de feuilles qui lui permettent de mieux exploiter la lumière sur toute la hauteur de l’arbre (avec une concentration de feuilles plus importante au milieu de la couronne et avec une croissance plutôt radiale) ; sa stratégie de captation et de recherche de la lumière est dite horizontale. Il bénéficie en outre d'une surface foliaire plus développée que les autres essences feuillues tempérées[4].
Les Hêtres sont des espèces monoïques (un même arbre porte les deux sexes sur des fleurs différentes). Les bourgeons floraux plus larges que les bourgeons végétatifs dont ils sont issus par induction florale, évoluent en fleurs diclines. Les fleurs mâles sont disposées en chatons globuleux ; les fleurs femelles sont réunies dans une enveloppe florale, un involucre. Fleurs mâles et femelles sont dépourvues de pétales. La pollinisation est anémophile et la fécondation allogame.
La phrase mnémotechnique suivante permet de se rappeler que les charmes ont des feuilles dentées, alors que les hêtres ont des feuilles poilues : « Le charme d'Adam c'est d'être à poil »[5].
État des populations, menaces
Selon les modèles météorologiques, le dérèglement climatique pourrait mettre en péril une grande partie des populations actuelles de hêtres, y compris en France, où selon l'INRA, ils pourraient avoir presque disparu d'ici 2100.
On a montré que selon leur génome (notamment lié à leur origine géographique et édaphique), les hêtres sont plus ou moins résistants aux sécheresses. Par exemple ceux qui sont issus de graines provenant de porte-graines situés au sud-est de la Pologne se montrent, en conditions expérimentales, mieux adaptés au stress hydrique que ceux venant du centre de l’Allemagne[6].
↑François Couplan, Dictionnaire étymologique de botanique : Comprendre facilement les noms scientifiques, Lausanne, Delachaux et Niestlé, , 238 p. (ISBN2-603-01182-0), p. 85
↑Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, errance 2003. p. 64.
↑Any Mary Petriţan, Burghard von Lüpke et Ion Catalin Petriţan, « Influence of light availability on growth, leaf morphology and plant architecture of beech (Fagus sylvatica L.), maple (Acer pseudoplatanus L.) and ash (Fraxinus excelsior L.) saplings », European Journal of Forest Research, vol. 128, no 1, , p. 61-74 (DOI10.1007/s10342-008-0239-1, lire en ligne) (consulté 2009 03 09, cité par Forêt mail de mars 2009)
↑L. Rose, C. Leuschner, B. Köckemann et H. Buschmann, « Are marginal beech (Fagus sylvatica L.) provenances a source for drought tolerant ecotypes ? », European Journal of Forest Research, vol. 128, no 4, , p. 335-343 (DOI10.1007/s10342-009-0268-4, lire en ligne)
Bibliographie
A.Quartier & P.Bauer-Bovet, Guide arbres et arbustes d'Europe, Delachaux et Niestlé, coll. « Les guides du naturaliste », Neuchâtel, (Schwitzerland), 1973, relié, 13 × 20 cm, 259 p.
J.C. Rameau, D. Mansion, G. Dumé, Flore forestière française, Guide écologique illustré, t. 2 "Montagnes", IDF, 1993, relié, 14 × 21 cm, 2421 p., (ISBN2-904740-41-4)
Alan Mitchell, Tous les arbres de nos Forêts, Multiguide nature illustré, Bordas, 1981, relié, 19 × 12,5 cm, 414 p., (ISBN2-04-012508-6)