La présence d'animauxanthropomorphisés est la caractéristique principale, voire suffisante, de la fantasy animalière. Le sous-genre a été inventé par les auteurs de l’Encyclopedia of Fantasy en 1997[1]. John Clute y définit la « animal fantasy » par distinction avec deux autres types de récits : d'un côté, la fable animalière, qui développe des récits satiriques ou purement métaphoriques ; de l'autre, les « animaux parlants », récits où l'animal joue seulement le rôle de compagnon pour un héros humain, dans un monde peuplé d'humains, et où les animaux n'occupent donc pas les premiers rôles. Ces distinctions sont utiles, mais, comme toujours, certaines œuvres s'ingénient à les remettre en cause.
Comme le souligne André-François Ruaud[2], le rattachement des œuvres de ce type au genre de la fantasy peut poser un problème lorsque l'anthropomorphisation des animaux est le seul élément merveilleux du récit, et que la magie, principale caractéristique du genre, n'y intervient pas du tout par ailleurs. Cependant, la majorité des commentateurs ne remettent pas ce classement en cause, et, de fait, de nombreuses œuvres mettant en scène des personnages animaux relèvent sans ambiguïté de la fantasy.
De nombreux univers de fantasy intègrent une composante « animalière », dans la mesure où il est fréquent d'y rencontrer des créatures hybrides entre hommes et animaux (centaures, lycanthropes, hommes-taureaux, hommes-fauves, etc.) et des métamorphoses animales (volontaires ou involontaires, ponctuelles ou habituelles), ainsi que diverses formes de communication privilégiée entre les espèces intelligentes (humains, elfes, etc.) et la faune et la flore qui les entourent. Cependant, ces caractéristiques ne suffisent pas pour qualifier un univers de fantasy animalière : les critiques ont tendance à réserver le genre aux univers dans lesquels le principe des animaux anthropomorphes est généralisé (avec de très nombreuses espèces animales), ou bien dans lesquels ces personnages ont manifestement le rôle principal.
Histoire
Tandis que de nombreux sous-genres de la fantasy s'inspirent des contes et des mythes, la fantasy animalière remonte plutôt au genre de la fable, depuis Ésope jusqu'à La Fontaine. Entre-temps, le genre s'est vu pourvu d'un précurseur médiéval avec le Roman de Renart, un ensemble de récits composé aux XIIe et XIIIe siècles, mettant en scène des animaux dans une société médiévale ; certaines « branches » font même intervenir la magie (Renart magicien).
Le roman considéré par les critiques comme fondateur du genre est Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame[3], paru en 1908, qui met en scène des animaux pensant et vivant comme des hommes[3] (ils portent même des vêtements). On peut cependant remonter au Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède de Selma Lagerlöf, paru deux ans plus tôt, où le héros est un petit garçon, mais où les animaux jouent un rôle important (en particulier les oies et le jars en compagnie desquels Nils voyage).
Mais ce sous-genre ne se cantonne pas à la jeunesse et tend à s'en affranchir en produisant aussi bien des œuvres pour la jeunesse que des œuvres à destination des adultes. Cette tendance vaut également dans d'autres genres (avec, par exemple, dans le domaine de la bande dessinée, Canardo et Blacksad dans le genre du polar, et Maus qui raconte la Shoah).