Frédéric Bazille naît dans une famille de notables protestants de Montpellier (Hérault), au no 11 Grand'rue (devenue Grand'rue Jean Moulin). Son père Gaston Bazille est agronome et sénateur ; sa mère Camille Vialars a hérité du domaine agricole de Saint-Sauveur à Lattes. Il entame des études de médecine pour complaire à ses parents. Mais dès 1859, il suit des cours de dessin au musée Fabre, dans l'atelier des sculpteurs Baussan père et fils[2], et dans l'atelier de peinture où il copie des maîtres anciens tel Véronèse[3].
Il loue un atelier en 1864 puis en partage d'autres avec Renoir et Monet dès 1865. Désirant participer au Salon de 1866, il soumet deux toiles au jury : un sujet moderne, Jeune fille au piano, et une nature morte classique, Poissons. Comme il le pressentait, seule la seconde est acceptée[5],[4].
Ses toiles et celles d'autres artistes ayant été refusées au salon de 1867, il adresse le 30 mars au surintendant des beaux-arts Émilien de Nieuwerkerke une pétition demandant la tenue d'un salon indépendant[7]. Le 2 avril, dans une lettre à sa mère, il annonce son projet de louer un grand atelier pour exposer ses œuvres avec celles d'une douzaine d'autres artistes[7].
Courbet leur rend visite, admire Le Déjeuner sur l'herbe de Monet et la Jeune Fille au piano[8] de Bazille[9]. En juillet 1866, il s'installe rue Visconti où il accueille Renoir puis Monet. En 1867, il peint son atelier de la rue Visconti. Il partage alors les lieux avec Auguste Renoir et Alfred Sisley. Renoir le représente en train de peindre Le Héron (Musée Fabre de Montpellier)[10].
Frédéric se passionne aussi pour l'écriture, le théâtre, la musique et l'opéra. Il noue une solide amitié avec Edmond Maître, en compagnie duquel il assiste à des concerts[4].
Chez le galeriste-éditeur Alfred Cadart, il s'essaie à l'eau-forte. De cette tentative on ne connaît qu'une seule épreuve, La Vue de village[13].
Sa mort affecte profondément son ami Edmond Maître. Dans une lettre à sa famille, il écrit : « de tous les jeunes gens que j'ai connus, Bazille était le plus doué, le plus aimable[14] ».
Une timide résurrection s'amorce en 1926 grâce à l'historien d'art Henri Focillon[20]. Mais il faut attendre les années 1950-1960 pour que l'intérêt porté à sa peinture dépasse le cercle des initiés montpelliérains. Ses tableaux quittent alors la collection familiale pour les musées américains.
Dès qu'il le peut, le musée Fabre de Montpellier complète un fonds déjà riche. Il organise une exposition en 1992 puis, à l'été 2016, une rétrospective avec le musée d'Orsay et la National Gallery of Art de Washington[21]. Paul Perrin, co-commissaire de l'exposition[22], juge son œuvre à tout jamais « de jeunesse » — la sienne tout comme celle de l'impressionnisme.
2017 : « Frédéric Bazille (1841-1870). La jeunesse de l'impressionnisme », musée d'Orsay (Paris), du au [53] ;
2017 : « Frédéric Bazille and the Birth of Impressionism », National Gallery of Art (Washington D.C.), du au [54]. Quarante-cinq des cinquante-deux peintures connues de l'artiste sont réunies pour cette exposition[55].
Jeune femme aux pivoines (ancien titre : Négresse aux pivoines) (1870), huile sur toile, Washington, National Gallery of Art.
Notes et références
↑(en) Barbara E. White, Impressionists Side by Side: Their Relationships, Rivalries, and Artistic Exchanges, Knopf Doubleday Publishing Group, 1996, p. 270 : « Portrait Bazille, Portrait of Sisley, 1867-68. Oil on canvas, 11 x 12V1" (28 × 32 cm). Formerly Wildenstein Galleries, Paris; destroyed during World War II ».
↑Encyclopædia Universalis, « FRÉDÉRIC BAZILLE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
↑ abc et dCollectif : direction Michel Hilaire et Paul Perrin, Frédéric Bazille, la jeunesse de l'impressionnisme, Paris, Flammarion, , 303 p. (ISBN978-2-08-138821-5), pages 19 à 42.
↑Janine Bailly-Herzberg, Dictionnaire de l'estampe en France, 1830-1950, préface de Michel Melot, Paris, Arts et métiers graphiques/Flammarion, 1985, p. 22 (ISBN9782080120137).
↑Sophie Monneret, L'Impressionnisme et son époque : Noms propres A à T, vol. 2, t. I, Paris, Robert Laffont, , 997 p. (ISBN2-221-05412-1).
Frédéric Bazille et ses amis impressionnistes, catalogue de l'exposition au musée Fabre (Montpellier) et au Museum of Art de Brooklyn (États-Unis), juillet 1992-janvier 1993, Paris, Réunion des Musées nationaux et Brooklyn, Art Museum, 1992.
Didier Vatuone et Guy Barral, Correspondance de Frédéric Bazille, Nouvelles Presses du Languedoc, (ISBN978-2-85998-105-1).
François-Bernard Michel, Frédéric Bazille : Réflexions sur la peinture, la médecine, le paysage et le portrait, les origines de l'impressionnisme…, Grasset, (ISBN978-2-246-44941-6).
Michel Schulman, Frédéric Bazille, 1841-1870, Editions de l'Amateur, coll. « Éditions des Catalogues Raisonnés », (ISBN978-2-85917-197-1).
(en) Dianne W. Pitman, Bazille: Purity, Pose, and Painting in the 1860s (Bazille: pureté, pose et peinture dans les années 1860), Pennsylvania State University Press, , 300 p. (ISBN978-0271017006)
(en) Barbara Ehrlich White, Impressionists Side by Side: Their Friendships, Rivalries, and Artistic Exchanges : Impressionnistes côte à côte. Leurs amitiés, rivalités et échanges artistiques, Alfred A. Knopf, (ISBN978-0679443179).
François Daulte, Frédéric Bazille et les débuts de l'impressionnisme. Catalogue raisonné de l'œuvre peint, coll. « Catalogues raisonnés », (ISBN978-2-85047-182-7).
Marianne Delafond et Caroline Genet-Bondeville, Frédéric Bazille (Catalogue de l'exposition au musée Marmottan Monet), La Bibliothèque des Arts, , 93 p. (ISBN2-88453-111-4).
Lucile Encrevé, « Gaston Bazile », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 210-211 (ISBN978-2846211901).
Collectif, Michel Hilaire, sous la direction de Paul Perrin, catalogue de l'exposition « Frédéric Bazille. La jeunesse de l’impressionnisme », Paris, 2016, musée d'Orsay / Flammarion (ISBN978-208-138-82-15).