Histoire culturelle de la France au XIXe siècle
L'histoire culturelle de la France au XIXe siècle est la discipline qui étudie le dix-neuvième siècle français du point de vue du champ culturel. Délimitation et contexteLes deux synthèses sur le sujet font commencer le dix-neuvième siècle culturel français en 1814 ou 1815, dates de la Première Restauration ou de la Restauration. En revanche, Il y a une divergence entre Jean-Claude Yon et Françoise Mélonio sur la fin de cette période culturelle, le premier faisant courir la période jusqu'à la Première Guerre mondiale et la seconde l'arrêtant aux débuts de la Troisième République. En revanche, ils insistent tout deux sur la césure de la période 1880 pour pointer l'essor à partir de cette date de la culture de masse. Cet article va donc suivre en priorité l'avis de l'œuvre collective dirigée par Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli et s'arrêter aux alentours de l'année 1880[1],[2]. Au sortir du Premier Empire, la France a vécu au cours des années 1789-1815 trois décennies de bouleversements culturels sans précédent, notamment l'affranchissement des contraintes de la société d'Ancien Régime, l’égalité civile, la sacralisation de la propriété privée, la laïcisation et la valorisation d’une élite de notables bourgeois, ainsi que l'abolition temporaire — de 1789 à 1792 — de la censure, mais aussi la déchristianisation[3]. Toutefois, un grand nombre de persistances de l'Ancien Régime sont également perceptibles. Ainsi, la centralisation a été conservée pendant la Révolution, notamment à travers le Jacobinisme, et plus encore durant l'Empire ; quel que soit le régime politique, le monopole de l'État reste très fort. Par ailleurs, les tensions inhérentes à la Révolution lui font hésiter face à la question du patrimoine ; ainsi, les décrets des 11 et , visant à détruire « les monuments de la féodalité », sont contrebalancés par celui du qui tend à la préservation des chefs-d'œuvre[3]. Maurice Grubellier estime que la tendance culturelle principale des XIXe et XXe siècles français est le passage d'une culture d'Ancien Régime à une culture moderne de masse. La culture d'Ancien Régime oppose une culture de l'élite minoritaire à une culture populaire concernant environ les quatre cinquièmes de la population. Le fait culturel des deux siècles qui suivent la Révolution est l'émergence entre ces deux cultures d'une culture de masse qui concurrence dès le XIXe siècle la culture populaire, avant de s'attaquer à la culture élitiste à partir des années 1950[4]. Une culture héritée : 1814-1840La culture en France à la chute de l'Empire est le résultat d'un bouleversement considérable. La Révolution à transformer de fond en comble la société française et l'Empire, tout en le dénaturant sur certains aspects, en a pérennisé l'héritage. La France est à présent porteuse de valeurs universelles listées dans la Déclaration des droits de l'homme de 1789, elle est affranchie des anciennes contraintes, établi l'égalité civile, sanctuarisée la propriété privée, donnée une importance capitale à la laïcité et fixée en haut de l'échelle sociale une élite de notables bourgeois. Ces transformations radicales ont largement bouleversée la culture, même si celle-ci reste marquée par l'ancien régime[5]. Le double héritage révolutionnaire et napoléonien a légué une nouvelle forme culturelle, mais surtout des cadres institutionnels et une nouvelle culture savante. Dans le même temps, les cultures du peuple, imprimé, spectacles et autres ont également été métamorphosées[5]. Les structures de la cultureL'héritage de la Révolution et de l'EmpirePlusieurs historiens insistent sur le fait qu'il ne faut pas surestimé l'impact sur la société de la tempête révolutionnaire. Pierre Goubert, Daniel Roche ou Roger Chartier pointent tout à la fois le fait que la Révolution n'a pas balayé toutes les pratiques et toutes les opinions, mais aussi que de nombreuses transformations réalisées par les révolutionnaires sont l'aboutissement d'une évolution antérieure, et qu'ainsi certaines transformations sont à analyser comme un héritage des Lumières. Bien sûr, ces remarques ne doivent pas occulter l'immense choc social et culturel de la Révolution et de l'Empire[6]. L'héritage révolutionnaireUn premier bouleversement majeur de la Révolution française est la naissance d'un espace public démocratique, où l'ensemble du peuple s'informe via une presse nombreuse et diversifiée et des clubs, associations ou lieux de sociabilité où la parole publique à toute légitimité pour s'exprimer. Une second est l'abolition des académies qui imposent le beau et le vrai. Si sous la Révolution, la pénurie d'acheteurs provoque une crise de la profession, cette idée de liberté survivra. Un troisième héritage culturel majeur de la Révolution française est la déchristianisation. Enfin, la naissance d'une politique patrimoniale, nourrie en partie par les spoliations révolutionnaires et ensuite impériales, crée l'idée de conservation et transmission pour les génération future de la nation des chefs d'œuvre du passé[7]. Ces bouleversements sont restreints partiellement dès la révolution même (liberté de la presse, art libre) et plus encore par l'Empire. Mais à l'inverse, la Révolution tente de construire une nouvelle culture, via les cérémonies nouvelles, des références universelles nouvelles (mètre, gramme), la lutte contre les patois. Les révolutionnaires censurent et orientent les productions artistiques, peinture, sculpture et théâtre, autant pour empêcher les influences monarchistes que pour exalter les idéaux révolutionnaires[8]. En définitive, la Révolution a imprimé deux mouvements, libérateur puis d'instrumentalisation, à la culture. S'il est indéniable que la société française a été bouleversée par la décennie, il est extrêmement difficile de quantifier l'impact réel de cette dernière ; d'autant qu'elle est immédiatement suivie par l'épisode napoléonien qui a lui même été très actif sur ce plan[9]. L'héritage napoléonienDu point de vue culturel, la période impériale est à la fois une mise au pas et la valorisation d'une hiérarchie des genres ; tout étant fait pour magnifier la figure de l'empereur, de l'armée et l'action du régime. La presse est rapidement lourdement censurée et réduite aux seuls titres qui, sous couvert de diversité, sont obligés d'être les porte-plumes du pouvoir. Une administration est organisée pour contrôler les parutions et imposer un ton aux titres de presse, donnant une image heureuse et pacifiée du pays. Napoléon tente de s'entourer des plus brillants écrivains de son époque mais nombreux sont ceux qui préfèrent se taire ou s'exiler, à l'image de Germaine de Staël. L'édition est soumise au même régime et la critique ne peut plus s'exprimer que sur presse clandestine ou étrangère[10]. Napoléon a une politique artistique volontaire, destinée de la même manière à promouvoir ses actions et à soutenir la gloire du régime. La liberté d'exposition est abrogée et le jury du Salon est réinstauré, Napoléon l'inaugurant régulièrement. Les artistes qui travaillent pour lui sont grassement rétribués tels David ou Antonio Canova ; les thèmes imposés étant liés à la gloire militaire de l'Empire[11]. Bien conscient du rôle des théâtres libres sur l'agitation des esprits, l'empereur légifère et contrôle sévèrement leur activité, interdisant et surveillant de près les « petits » théâtres qui jouent avec l'actualité et la politique, souvent moqueurs, mais populaire aux travers des genre du vaudeville, du mélodrame, de la féerie et de la pantomime. De nombreux petits théâtres parisiens et de grandes villes sont fermés, les troupes itinérantes étant soumises à autorisation[12] Il est difficile d'estimer l'impact de la politique culturelle impériale sur l'attachement de la population à la personne de Napoléon et au régime. On note aisément que de nombreuses fêtes organisées en l'honneur de napoléon ont rapidement été désertées, que des pièces de théâtre imposées ont été boudées et que les titres de presse aux ordres ont finalement eu un tirage limité. Néanmoins, une certaine réussite est à remarquer au travers de la réaction d'une partie de la population durant les Cent-jours et au maintien d'un courant bonapartiste important jusqu'au Second Empire et après[13]. Les cadres institutionnelsEnseignementLa volonté des révolutionnaires de retirer l'enseignement à l'Église s'est partiellement réalisée. L'organisation de l'école primaire laïque, gratuite et obligatoire est mise en place à l'automne 1795. Napoléon, pour sa part, organise l'enseignement secondaire : en mai 1802, il remplace les écoles centrales par des collèges communaux et des lycées d'État, puis impériaux. L'Université de France est établie le . Le monopole étatique sur l'enseignement est toutefois inapplicable sur le terrain. Ainsi, les filière supérieures étant réservées aux hommes, l'Église catholique prend en main l'instruction supérieure féminine. Localement, les Frères des écoles chrétiennes sont en charge d'une grande partie de l'enseignement primaire[17]. La Restauration profite de ce cadre pour l'investir et l'adapter à sa propre. Dès 1814 6 100 étudiants sont recensés en France ; dans les années 1830, ils sont 7 400, soit moins d'un pour cent d'une classe d'âge ; la moitié d'entre eux étudient à Paris. La capitale et Strasbourg sont les seules villes dotées des cinq ordres de faculté (théologie, droit, médecine, sciences et lettres). Les étudiants, qui n'ont pas la liberté d'association, font entendre leur opinion par le chahut, la pétition ou la manifestation. La première grève étudiante est organisée en 1819 à la faculté de médecine de Montpellier[17]. La loi Guizot du contraint toutes les communes de plus de cinq cents habitants à se doter d'une école primaire pour garçons, dont l'instituteur soit un laïc ou un clerc ; chaque département doit en outre créer une école normale de garçons ; cette loi ne généralise pas l'obligation scolaire mais permet toutefois aux campagnes de rattraper leur retard d'instruction, notamment au sud d'une ligne allant de Saint-Malo à Genève : la France passe de 850 000 écoliers vers 1815 à 3 500 000 en 1848, dont quarante pour cent de filles ; chez les conscrits, le taux d'alphabétisation passe de 45% en 1829 à 64% en 1848. La croissance de l'enseignement secondaire est plus modeste mais réelle, passant de 50 000 élèves en 1815 au double en 1848[18]. HistoriographieLa première moitié du XIXe siècle voit l'émergence d’une restructuration du rapport entretenu par les élites françaises à l’espace et au temps de leur pays ; c'est notamment à la faveur de ce bouleversement qu'émergent peu à peu la notion de patrimoine et la fondation du musée en tant qu'institution[19]. Les institutions culturellesLe romantismeHistoire du mouvementLes déclinaisons du romantismeLittérature et théâtreL'époque est marquée par l'émergence en France du romantisme. La rupture est particulièrement brutale dans le milieu du théâtre. Victor Hugo, chef de file des romantiques, souhaite se détacher de la tragédie classique pour promouvoir le drame romantique. À cet effet, il publie un « manifeste » revendiqué en 1827 dans la préface de Cromwell ; puis il met en œuvre les bouleversements qu'il souhaite dans plusieurs pièces, notamment Mario de Lorme et Hernani. En février 1830 est créée cette dernière pièce, l'affrontement qui en résulte est nommé bataille d'Hernani. Peinture et sculptureMusiqueLes sensibilités nouvellesLa diffusion de la cultureL'impriméLes spectaclesLes cultures populaires1840-1880De nouveaux cadres mentauxLes nouvelles écolesDe nouvelles pratiquesNotes et références
Voir aussiArticles connexesBibliographieOuvrages généraux
Éducation et linguistique
Musique et danse
Historiographie
Autres
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