Le terme huayno est un mot quechua. Selon les régions andines, il est parfois orthographié wayno ou waynu (régions de Cuzco, Ayacucho…), ou wayño, huaiño, wuyñu (en Bolivie), ou encore guaiño. Diverses hypothèses partagent les chercheurs sur son origine et sa famille lexicale : il pourrait provenir du vocable quechua générique huañuy, qui signifie « mourir », « mort », en lien avec le triste souvenir de l'effondrement de l'Empire inca (ou Tawantinsuyu). Il pourrait aussi provenir du mot quechua huayñunakunay qui signifie « danser main dans la main ». Il pourrait même dériver du cri collectif proférés par les groupes de danseurs et de musiciens : « Wayǃ Way, wayǃ » pour manifester leur enthousiasme et s'encourager ; d'ailleurs, à la fin de la prestation, ils s'écrient : « waynurú nuqalla » (« ainsi donc, voilà, nous avons dansé » ou « eh bien, j'ai dansé ǃ »).
Histoire
Dans les années 1980, le genre musical regagne en popularité et intéresse l'industrie du disque et la radio. Le huayno subit quelques modifications instrumentales, comme l'inclusion de timbales. Dans les années 1990, ses principaux représentants étaient des chanteuses telles que Dina Páucar, Sonia Morales, Abencia Meza, Alicia Delgado et la harpiste Laurita Pacheco[2], entre autres. Dans la période contemporaine, le huayno continue d'attirer l'attention médiatique[3].
Caractéristiques
Sur le plan musical, le huayno est composé de deux parties : la première partie commence par une courte introduction instrumentale puis passe à un mouvement calme. La deuxième partie est généralement jouée uniquement par des instruments à un rythme plus rapide. C'est alors que les danseurs piétinent avec passion et zèle[4].
Elle est très présente dans la Sierra avec des variantes selon les régions. Les Huaynos Ayacuchanos sont parmi les plus connus. C'est une musique souvent jouée lors de fêtes, carnavals ou mariages. Un groupe de Huayno se compose de plusieurs musiciens avec accordéons, guitares, harpe, saxophone, cuivres ou violon, et aussi flûtes (kenas, sikus, etc.). Tant le rythme que la mélodie, comme le chant et la danse du huayno agissent comme des éléments de sensibilisation qui unissent les habitants dans tout événement social et familial, des espaces où ils affirment leur identité[5]. Son rythme est parfois "endiablé" avec des voix perçantes[6], à la différence du Yaraví, plus calme, doux et mélancolique. Elle est parfois associée au Tundiqui, autre danse de l'altiplano. La danse des ciseaux a été déclarée patrimoine culturel du Pérou en 2005, pour être une expression traditionnelle de caractéristiques très uniques qui en font une danse unique dans le contexte andin, ressemble aussi à un affrontement entre les deux danseurs, similaire à un battle de breakdance[7], tradition que l'on retrouve dans les contrapunteo par exemple au Venezuela, mais aussi dans les repentista cubaines.
Morceaux et artistes notables
Parmi les morceaux notables :
Vírgenes del sol de Jorge Bravo de Rueda (morceau popularisé en 1951 par Yma Sumac, puis Los Calchakis, Los Chacos, etc.) ;
Valicha est une chanson au rythme huayno écrite en 1945 par Miguel Ángel Hurtado Delgado[9].
Parmi les plus grands représentants péruviens du huayno figurent Amanda Portales, les frères Gaitán Castro, Eusebio « El Chato » Grados, entre autres. Ses paroles puissantes ont touché le cœur de nombreux péruviens. À ces voix s'ajoutent des instruments de musique comme les zampoñas, les tarkas, les quenas, les grosses caisses, les caisses claires et les cuivres[4]. Une autre représentante du genre musical est Martina Portocarrero qui mène de front des carrières de chanteuse folklorique et d'enseignante-chercheuse en pédagogie musicale et de culture andine[10]. Elle apprend directement par sa mère le répertoires d'artiste du huayno telles que Pastorita Huaracina, Flor Pucarina. Elle a écrit plus de 100 chansons[10].
Parmi les instrumentistes, citons aussi le guitariste Raúl García Zárate[11],[12] ou encore le spécialiste du charango Julio Benavente Diaz[13].
Iconographie
Le peintre péruvien Herman Braun-Vega fait référence à cette danse traditionnelle de son pays dans le tableau Don Pablo danse un huayno sous le regard étonné de Matisse[14].
Notes et références
↑(en-US) « Música huayno », sur Smithsonian Folklife Festival (consulté le )
↑(es) Claude Ferrier, El Huayno con Arpa : Estilos globales en la nueva música popular andina, Institut français d’études andines, coll. « Travaux de l'IFEA », (ISBN978-2-8218-4433-9, lire en ligne)
↑Mónica Cárdenas Moreno, « La culture populaire péruvienne à l’intérieur de la tradition artistique européenne. Passage et métissage dans la peinture d’Herman Braun-Vega », Amerika, LIRA (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Amériques), no 14 « Passages », (lire en ligne) :
« Picasso est représenté tel qu’il apparait dans une célèbre photographie prise par David D. Duncan, mais dans le tableau la danse de Picasso se transforme en une danse typique des Andes péruviennes : le huayno, le genre musical le plus largement diffusé dans les Andes. Ce vocable d’origine quechua fait référence à la musique et à la danse collective. Braun-Vega profite de la ressemblance entre le geste du personnage photographié et celui du huayno quand l’homme invite à danser la femme. »
Bibliographie
(es) Paredes Candia AntonioDe la tradición paceña; folclore y tradiciones de la ciudad de La Paz, La Paz, 1982
(en) Harry Tschopik Jr.: Music of Peru. Folkway Ethnic Library Album No. FE 4415, 1949/1961, Folkways Records & Service Copr., New York City
(en) Joshua Tucker: Gentleman Troubadours and Andean Pop Stars: Huayno Music, Media Work, and Ethnic Imaginaries in Urban Peru. University of Chicago Press, Chicago, 2013.
(en) Elizabeth Gackstetter Nichols Ph.D.,Timothy R. Robbins Ph.D.: Pop Culture in Latin America and the Caribbean. ABC-CLIO, Santa Barbara (California) 2015. p. 21–23.
(es) Claude Ferrier: El huayno con arpa: Estilos globales en la nueva música popular andina. Institut français d’études andines & Instituto de Etnomusicología, Pontificia Universidad Católica del Perú, Lima 2010.
(es) María Armacanqui, Elia Armacanqui Tipacti, Numa Armacanqui (traducido al quechua por Rosalio Astohuamán Armacanqui) : Kachikachicha tukullaspaymi. Pucra-kichwa qaltumanta qawachikuq wayñukuna / Creyendo ser una libélula. Muestra del wayñu pocra quechua andino. SPI, Lima 2009. Paralleltexte auf Spanisch, Quechua und Englisch, 113 S. und 1 Audio-CD.
Liens externes
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