En 2012, il quitte le PdL et prend part à la création du parti Frères d'Italie (FdI), dont il devient le président quelques mois plus tard, avant de laisser la place à Giorgia Meloni.
D'origine sicilienne, Ignazio Benito Maria La Russa est le fils d'Antonino La Russa. Celui-ci, sénateur issu du Mouvement social italien entre et , avait été secrétaire politique du Parti national fasciste à Paternò durant les années 1940. C'est en hommage à Benito Mussolini qu'il a décidé de donner à son fils ce deuxième prénom.
Son frère aîné Vincenzo a notamment été sénateur et député tandis que l'un de ses frères cadets Romano a siégé au Parlement européen pendant quelques années.
Avant de se consacrer exclusivement à l'activité politique, il mène une carrière d'avocat. Pendant cette période, il défend notamment les parties civiles dans des procès pour les meurtres commis par des terroristes d'extrême gauche dans le contexte des années de plomb.
Parcours politique
Débuts néofascistes
Très jeune missino, il dirige le Front de la jeunesse et gravit rapidement les échelons au sein du MSI. Il apparaît aussi en dans le long-métrage Viol en première page de Marco Bellocchio, qui s'ouvre sur les images non fictives de la réunion d'un mouvement anticommuniste.
Après son élection comme conseiller régional de Lombardie en , il décide de briguer un mandat parlementaire comme l'avait fait son père. Lors des élections parlementaires de 1992, il est simultanément élu à la Chambre des députés et au Sénat[a]. Il décide finalement de quitter le conseil régional pour siéger à la chambre basse.
À cette époque, il fait partie des fondateurs de l'Alliance nationale, un parti-national conservateur créé sur les cendres du MSI et dirigé par Gianfranco Fini, qui fait de La Russa l'un de ses adjoints. Réélu député lors des élections législatives de 1994, il devient vice-président de la Chambre des députés auprès d'Irene Pivetti.
Continuellement réélu député par la suite, il préside le groupe AN de la Chambre entre et , puis de à .
Au sein du PdL, il fonde le courant La nostra destra (« Notre droite ») pour revendiquer sa culture politique d'origine et peser face à Gianfranco Fini, dont il s'éloigne[1],[2].
Se plaçant dans l'opposition au gouvernement Letta, il est néanmoins élu président de commission permanente à la Chambre avec l'appui du PdL le .
Après presque vingt-six années passées sur les bancs de la Chambre des députés, il est élu sénateur de Lombardie en . Dans la foulée, après avoir obtenu 119 voix en sa faveur, il devient vice-président du Sénat auprès de sa nouvelle présidente, Elisabetta Casellati.
Le , après l'ouverture de la XIXe législature, Ignazio La Russa est élu président de la chambre haute du Parlement italien avec 116 suffrages des 186 votants, soit une voix de plus que le nombre d’élus de la coalition de droite. En fait, alors que plusieurs sénateurs de Forza Italia ont fait défection à la demande de Berlusconi, il a obtenu au moins 17 voix venues de l'opposition de gauche[6],[7]. C'est la première fois depuis l'instauration de la République qu'un nationaliste provenant d'une formation post-fasciste occupe le deuxième rang dans l'ordre protocolaire et constitutionnel, derrière le chef de l'État[8].
En , quelques semaines avant la commémoration du 25 avril 1945, il se fait remarquer par des propos controversés au sujet de l'attentat de Via Rasella. Ses opposants dénoncent des positions révisionnistes et jugent ces déclarations peu dignes de sa fonction[9],[10]. Alors que l'Association nationale des partisans italiens réclame sa démission, la présidente du Conseil Giorgia Meloni lui demande de présenter des excuses[11]. La Russa finit par céder à cette requête sans pour autant renoncer à la présidence de la haute assemblée[12].
Positionnement politique
Souvent considéré comme un néofasciste par ses détracteurs[13],[14], La Russa se définit lui-même comme un conservateur[15]. Il revendique néanmoins sa sympathie pour le fascisme et collectionne des objets commémorant Benito Mussolini[16],[17].
Tout au long de sa carrière, il s'est fait le porte-parole de l'aile dure de la droite italienne sur des sujets variés comme la sécurité des citoyens, l'immigration, la famille, la pression fiscale et l'identité nationale.
↑À l'époque, la loi électorale permettait à un candidat de briguer un siège dans les deux chambres du Parlement. S'il obtenait suffisamment de voix pour gagner ces deux mandats, il pouvait toutefois n'en choisir qu'un seul pour l'exercer.
Références
↑(it) « La Russa: "La nostra destra non è una corrente" », Il Giornale, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) « Chi è Ignazio La Russa, il nuovo Presidente del Senato fondatore di Fratelli d’Italia », Il Riformista, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) « Libia, La Russa (FdI): “Nel 2011 convinsi B. a intervenire mentre eravamo all’Opera” », Il Fatto Quotidiano, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) « Meloni non cede: la presidenza del Senato è per La Russa », HuffPost, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) « La prima verifica sui due presidenti. Fdi vuole La Russa, la Camera alla Lega », Il Giornale, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Italie-La coalition de droite se divise sur l'élection du président du Sénat », Challenges, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) « Ignazio La Russa nuovo presidente del Senato. A un postfascista la seconda carica dello Stato. Un mese fa diceva: “Siamo tutti eredi del Duce” », Il Fatto Quotidiano, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) Massimiliano Smeriglio, « In senato e fuori, boicottiamo La Russa », Il manifesto, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Italie: Ignazio La Russa, un président du Sénat qui sent le soufre », L'Opinion, (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) « La Russa, il dietrofront: "Su via Rasella mi scuso". Il pressing di Meloni », La Repubblica, (lire en ligne, consulté le ).