Isère (frégate)
L'Isère est une frégate de transport à hélice de la Marine française, lancée en 1866 et rayée des listes en 1911. Ce navire mixte, voilier trois-mâts et moteur à vapeur avec une coque en fer, est célèbre pour avoir effectué la traversée de l'Atlantique Nord, entre Rouen et New York, avec à son bord la statue de la Liberté, démontée et mise en caisses. ConceptionLa Marine, qui a acheté, en 1859 en Angleterre, le bâtiment en fer de transport à hélice la Moselle, décide de construire plusieurs unités sur des plans dérivés de ce modèle[1]'[2]. Caractéristiques généralesL'Isère a une longueur hors-tout de 67,2 mètres. Sa coque en fer longue de 62,2 m a un maître-bau de 9,4 m et un tirant d'eau de 5,84 m, à pleine charge. Le déplacement est de 1 976 tonneaux[3]. PropulsionC'est un navire mixte voiles et vapeur : son gréement est du type « trois-mâts barque » avec 845 m2 de voiles. Sa machine à vapeur développe 580 chevaux, elle est constituée d'une chaudière et d'une machinerie « compound », avec deux cylindres à basse pression et un cylindre à haute pression. Cette mécanique, dont le principe est dû à Henri Dupuy de Lôme, a été fabriquée par la fonderie d'Indret. Il est propulsé par une ligne d'arbre avec une hélice quadripale ayant un diamètre de 3,7 m. Cela a permis à l'Isère d'atteindre, en période d'essais, une vitesse maximum de 10,37 nœuds. Sa vitesse de croisière optimum est de 8,19 nœuds[3]. Ses soutes permettent d'embarquer 400 tonnes de charbon, quantité nécessaire pour la chaudière qui consomme 850 kg/h[4]. Hommes et artillerieL'Isère est armée avec un total de 69 hommes, dont cinq officiers[4]. Cette unité de la flotte militaire, mais dont la fonction est le transport, ne comporte qu'une puissance de feu très légère : de deux canons de 30 à sa mise en service[4], elle passe à deux de 14 en 1872 pour finir à un de 12 en 1883[1]. HistoireConstruction à Lorient (1863-1868)Le , dans l'arsenal de Lorient, a lieu la mise sur cale du futur transport à hélice Isère[2]. Le navire est lancé le . Les essais sont longs, notamment parce que les tests avec une hélice du type Mangin ne sont pas concluants et nécessitent son remplacement par une hélice quadripale de 3,7 m de diamètre. La mise en service intervient le [5]. Missions (1868-1884)Après sa mise en service, l'Isère navigue en fonction des besoins de la Marine. Les missions de transport engendrent principalement des navigations entre certains des plus importants ports des côtes françaises, notamment : Le Havre et Cherbourg en Manche ; Brest, Lorient, Saint-Nazaire et Rochefort en Atlantique ; Toulon et Oran en Méditerranée[1]. Outre l'ordinaire d'un bâtiment de transport militaire, on note durant cette période[Note 1] une avarie à Oran le et des missions exceptionnelles : à Hambourg, en avril 1871 après la signature de l'armistice franco-allemand, pour le ravitaillement des prisonniers français, et un voyage au Tonkin en 1884 lors de la Seconde expédition du Tonkin[1]. Transport de la statue de la Liberté (1885)PréparatifsEn 1884, les moyens financiers le permettant, la décision est prise de démonter la statue de la Liberté, alors en place à Paris, pour la transporter à New York. Le démontage débute au mois de février. Le gouvernement, qui a décidé d'offrir le transport sur un bateau de guerre au comité l'Union franco-américaine[6], nomme à titre honorifique Gabriel Lespinasse de Saune, le , commandant du transport militaire l'Isère avec pour mission de faire traverser l'océan Atlantique à l'œuvre d'Auguste Bartholdi dénommée officiellement La liberté éclairant le monde. Les « 210 caisses »[7], qui contiennent les éléments répertoriés et numérotés de la statue démontée, sont envoyées à la gare de Rouen-Saint-Sever par un train spécial, de « 70 wagons »[7], mis en place par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest au départ de la gare de Paris-Saint-Lazare, où elles ont été livrées par camion[7],[Note 2]. Le lundi à 0 h, l'Isère appareille du port de Cherbourg[7] pour rejoindre l'entrée de l'estuaire de la Seine près du Havre. Après quelques heures d'attente du renversement de la marée, l'Isère remonte le fleuve avec à son bord le pilote de Rouen ; elle arrive au port de commerce de Rouen, en fin de journée vers 17 h, et s'amarre au quai Cavelier-de-La-Salle où est prévu le chargement[8]. Le commandant Lespinasse va signaler son arrivée aux autorités qui n'ont pas d'ordres à lui transmettre[7]. Chargement à RouenLe matin du , Auguste Bartholdi se présente à bord pour régler les derniers problèmes ; il confirme notamment que le coût du chargement, frais de grue et de personnel, est pris en charge par l'Union franco-américaine. L'embarquement de la cargaison débute l'après-midi[7]. Ce chargement nécessite de l'attention car les caisses sont de tailles différentes et il faut réussir à avoir un chargement qui tienne aux mouvements de la mer et ne modifie pas l'assiette du bateau. Le transbordement est effectué avec les moyens du port de Rouen : les dockers et les grues Voruz, il se poursuit jusqu'au , jour où tout est à bord bien arrimé[9]. Le , aux aurores, le commandant écrit une lettre à l'attention du Préfet maritime de Cherbourg :
— Gabriel Lespinasse de Saune[9] Ce matin du , c'est sous une pluie battante que Louis Ricard, maire de Rouen, vient saluer le commandant[10]. Puis, l'Isère largue les amarres, à 9 h[9], et s'éloigne du quai accompagnée par une « Marseillaise » jouée par une musique militaire de la garnison[10]. Pour la descente de la Seine, le commandant a embarqué Auguste Bartholdi, son épouse et M. Gaget, passagers qui vont débarquer à Caudebec-en-Caux, avant que le bateau ne quitte le fleuve pour entamer sa navigation vers l'Amérique[9]. Traversée de l'AtlantiqueElle arrive à New York le . Festivités à New YorkRetour en FranceAprès le débarquement de son chargement, elle repart pour la France et arrive au port de Brest le Suite de la carrière (1885-1911)L'Isère est désarmée en au port de Rochefort : elle sert au stockage du charbon. Ponton à Lorient (1924-1943)Le elle est remorquée jusqu'à l'arsenal de Lorient pour être utilisée comme ponton. Épave de la rade de Lorient (1945)Pendant la poche de Lorient, la marine allemande décide le déplacement du ponton devant Sainte-Catherine, à Locmiquélic, où il est coulé. Navires ayant porté le nom IsèreUnités de la Marine nationale française
Autres navires
Notes et référencesNotes
Références
Bibliographie
Voir aussiArticles connexes
Liens externes
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