Autres noms : Itte de Nivelles, Itta de Nivelles, Ide de Nivelles ou Ida de Nivelles.
Origine familiale
Les documents contemporains sont muets quant à son origine familiale.
Les Annales Laubienses, rédigées au XIe siècle la disent issue d'une famille sénatoriale[n. 1] d'Aquitaine et sœur de saint Modoald, évêque de Trèves dans la première moitié du VIe siècle. Au XIIe siècle, la Vita Modoaldi attribue à saint Modoald une sœur, sainte Severa, abbesse, et une nièce, sainte Modesta, abbesse d'Œren à Trêves[1].
Les historiens modernes sont partagés sur la considération à apporter à ces informations tardives. Certains les acceptent[2],[3], d'autres les rejettent[4],[5]. Ces informations généalogiques sont de toute manière insuffisantes pour préciser de quelque manière que ce soit l'ascendance d'Itte Itoberge. Le seul autre porteur connu du nom Modoald est un évêque de Langres contemporain de l'évêque de Trêves. Celui de Modesta n'est pas plus répandu et n'est connu que comme surnom de Sidoine Apollinaire. Les noms de Severa et Severus, très courants dans la Gaule romaine, sont devenus plus rares durant le haut Moyen Âge. Le seul porteur connu à la même époque, tué en 578, ne permet pas d'énoncer une hypothèse[6].
Plus récemment, K. A. Eckhardt, a écarté ces informations tardives et constatant que les enfants de Pépin et d'Itte portent des prénom agilolfinges (Grimoald, Gertrude et peut-être Gerberge, dont l'hypocoristique est probablement Begga) a proposé de voir en Itte une descendante de Waldrade, reine des Francs, épouse successive des rois francs Thibaut et Clotaire Ier puis de Garibald, premier duc de Bavière[7]. On trouve des généalogies[8] qui font d'Itte Idoberge une fille de Grimoald (555 † 592 ; fils de Thibaut et de Waldrade) et d'une autre Itte (fille de Séverus, duc en Aquitaine). Mais ces conclusions sont depuis réfutées, et le fait que Pépin de Landen avait une sœur du nom de Waldrade suggère que le lien entre les Pépinides et les Agilolfinges passe plutôt par la mère de Pépin[9].
Mariage et enfants
La Vita Garitrudis abbatissae Nivialencis, rédigée au VIIe siècle nous apprend qu'elle est l'épouse de Pépin de Landen et la mère de :
Grimoald, né vers 615, maire du palais d'Austrasie et assassiné en 657 ;
Devenue veuve en 640, Itte Idoberge se retire en religion. Peu après 640[11] ou 647[12], saint Amand lui rend visite et l'incite à fonder un monastère. Ce conseil se concrétise en 648 ou en 649 par la fondation d'un monastère à Nivelles dans le Hainaut[1]. Sa fille Gertrude représentait un parti intéressant, car sœur de Grimoald, maire du palais, et était très sollicitée par les demandes en mariage. Pour éviter qu'elle ne soit enlevée et mariée de force, et comme la jeune fille se destinait à une vie religieuse, Itte coupe elle-même la chevelure de sa fille et l'installe comme abbesse de Nivelles. La mère et la fille font venir en Francie des moines d'Outremer, probablement d'Angleterre ou d'Irlande, comme Feuillen de Fosses. Le monastère devient alors double, avec une congrégation de nonnes aux côtés d'une congrégation de moines[13]. Itte y décède douze ans après son mari[1].
Anecdote
Elle serait à l'origine de la ville Itteville en y construisant la première villa vers 613. La paroisse se serait développée autour de cette villa, devenue par la suite une métairie[14]. Mais à cette époque, elle et son mari vivent en Austrasie et l'on voit mal pourquoi ils auraient construit une villa dans une région où ils ne possèdent aucun domaine et où Pépin n'a pas d'influence politique. Cette légende tient probablement son origine dans l'homonymie entre Ittæ Villa (étymologie d'Itteville) et Itta Idoberga.
↑Eugen Ewig, Trier im Merowingerreich. Civitas-Stadt-Bistum, Trêves, , p. 118.
↑Wolfgang Jungandreas, Die Einwirkung der karolingischen Renaissance auf das mittlere Rheinland, Stuttgart, , p. 210.
↑Nancy Gauthier, L'évangélisation des pays de la Moselle. La province romaine de Première Belgique entre Antiquité et Haut Moyen Âge (IIIe – VIIIe siècle, Paris, , p. 347-356.
↑Matthias Werner, « Zur Verwandtschaft des Bichofs Modoald von Trier », Jahrbuch für westdeutsche Landesgeschichte, vol. 4, .