Jean-Louis Dubut de Laforest est un écrivain français né à Saint-Pardoux-la-Rivière (Dordogne) le et mort à Paris 9e le . Prolifique, il publia un grand nombre de romans sur des sujets jugés audacieux pour l'époque dont certains parurent sous forme de feuilletons dans la presse.
Vie et œuvre
Il fait ses études aux lycées de Périgueux et de Limoges. Après des études de droit, Jean-Louis Dubut de Laforest devient avocat et rédacteur du quotidien L'Avenir de la Dordogne. Il est nommé conseiller de préfecture à Beauvais (Oise) en 1879, mais démissionne au bout de trois ans en 1882 et se consacre à la littérature. Il écrit de nombreux romans et des pièces de théâtre et collabore au Figaro sous le pseudonyme de Jean Tolbiac.
Il publia un certain nombre de romans qui s'appuyaient sur les découvertes scientifiques de son époque, mais aussi des romans de mœurs : Les Dames de Lameth, Tête à l'envers, La Crucifiée, Le Rêve d'un viveur, Un américain de Paris, Belle-maman, La Baronne Emma, Contes à la paresseuse, Les Dévorants de Paris, Le Gaga, La Bonne à tout-faire, Le Cornac, Mademoiselle de Marbeuf ou Contes à la lune.
Dans Le Faiseur d'hommes (1884), co-écrit avec Yveling Rambaud, est traité, pour la première fois dans l'histoire de la littérature, le problème de l'insémination artificielle sur une femme[1]. Abordant des réalités telles que l'existence des milieux homosexuels parisiens dans La Vierge du trottoir et Esthètes et cambrioleurs[2], il brisait des tabous littéraires et lorsqu’il publia Le Gaga, en 1885, il fut poursuivi pour outrage aux bonnes mœurs devant la cour d’assises. L’auteur fut condamné à une amende de 1 000 francs et à deux mois de prison. Rassemblés dans les trente-sept volumes de la série des Derniers Scandales de Paris (1898-1900), ses romans de mœurs mettaient en scène tout un monde parallèle de prostituées, de souteneurs et de mauvais garçons. Qualifié de « romancier anticlérical et obscène » par un critique conservateur[3], Dubut de Laforest partagea avec d'autres auteurs la distinction de figurer dans ce qui constituait l’« Enfer de la Bibliothèque nationale ».
↑Louis Bethléem, Romans à lire et romans à proscrire : essai de classification au point de vue moral des principaux romans et romanciers (1500-1925) avec notes et indications pratiques, Éditions de la Revue des lectures,
Annexes
Bibliographie critique
Edmond Hippeau, L'affaire du « Gaga », Paris, E. Dentu, 1886.
Arnould de Liedekerke, La Belle Époque de l'opium, Paris, Éditions de la Différence, 1984, p. 107-109 et 220-222.
Charles Grivel, « Pathologie sociale et tératologie littéraire. Dubut de Laforest », in: Relecture des « petits » naturalistes, actes du colloque des 9, 10 et , RITM, hors-série, Université Paris-X, 2000, p. 303-324.
Jean de Palacio, « De la nymphomanie dans quelques romans fin-de-siècle », in: Le Roman libertin et le roman érotique, actes du colloque de Chaudfontaine, 9, 10 et , Les Cahiers des paralittératures 9, Liège, Édition du Céfal, 2005, p. 157-167 ; repris dans Configurations décadentes, Louvain, Peeters, 2007, p. 203-214.
François Salaün, Jean-Louis Dubut de Laforest : un écrivain populaire, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2015 — extrait en ligne.