En 1960, à la mort de son père[3], il hérite du titre de comte et des biens de son père concentrés en Afrique française du Nord, en particulier au Maroc.
Surnommé par les Américains le « junkie aristo »[6], Jean de Breteuil dilapide une grande partie de son patrimoine et commence à vendre de l'héroïne à de grands groupes musicaux anglais et américains faisant étape à Paris. Il devient l'amant de Talitha Getty, actrice et mannequin de nationalité néerlandaise, morte dans des circonstances troubles en juillet 1971 et épouse de John Paul Getty Jr.[7],[Note 1]. Breteuil fournit à des clients célèbres le haschisch et l'opium qu'il se procure par l'intermédiaire d'un chauffeur marocain employé par le consulat général de France à Los Angeles[8], lorsqu'il fait la connaissance de Pamela Courson et de son compagnon, le chanteur Jim Morrison[9]. Il devient l'amant de celle-ci[10] qui, souvent, adore se vanter prétentieusement d'avoir un petit ami « de la véritable royauté française »,[11].
Le 4 octobre 1970, à Los Angeles, la chanteuse Janis Joplin meurt d'une overdose dans sa chambre d'hôtel après avoir consommé une héroïne pure fournie par Breteuil. Pris de panique, celui-ci quitte alors la ville pour rejoindre Paris, accompagné de Pamela Courson, laquelle a laissé un mot d'explication à Jim Morrison[12].
Vers Noël 1970, alors que les Doors terminent l'enregistrement en studio du disque L.A. Woman, Pamela Courson retourne à Los Angeles, pour persuader Jim Morrison de quitter le groupe et s'installer à Paris avec elle. Il accepte et emménage dans un appartement de la rive droite trouvé « grâce aux relations de Jean de Breteuil »[13].
Breteuil est alors proche du guitariste Keith Richards des Rolling Stones. Il l'approvisionne en drogue — on mentionne une héroïne thaïlandaise rose très pure transportée dans un poudrier de femme et surnommée cotton candy (barbe à papa)[14],[8] — quand le guitariste séjourne à la villa Nellcote qu'il loue sur la côte d'Azur ; Richards met à sa disposition sa maison de Londres[8]. À l'occasion d'un de ses séjours dans la capitale britannique, Jean de Breteuil entame une liaison avec Marianne Faithfull[8].
En juin 1971, il voyage de Londres à Paris en compagnie de Marianne Faithfull et déloge Pamela Courson de son appartement parisien. Cette dernière va alors s'installer avec Jim Morrison dans un autre appartement au troisième étage du 17-19, rue Beautreillis dans le 4e arrondissement de Paris[15].
Selon le témoignage de Marianne Faithfull, compagne de Jean de Breteuil à l'époque[16], celui-ci a livré à Pamela Courson la dose d'héroïne trop forte ayant provoqué la mort de Jim Morrison[17],[18]. Après avoir eu un contact téléphonique avec Pamela Courson, selon Agnès Varda présente dans l'appartement, et s'être rendu au domicile du chanteur venant de mourir, il fait ses bagages et quitte la France le jour même[19] pour se réfugier chez sa mère au Maroc[6],[8].
Mort
Près d'un an après la mort de Jim Morrison, Jean de Breteuil meurt aussi d'une overdose d'héroïne à Tanger au Maroc, âgé de 22 ans[20],[Note 2] et est inhumé dans le caveau des marquis de Breteuil au cimetière de Choisel dans le département des Yvelines. Choisel est la commune où se trouve le château familial des Breteuil[7].
↑ abcd et eRobert Greenfield, Exile on Main Street: Une saison en enfer avec les Rolling Stones, Mot et le reste (Le), (ISBN978-2-36054-347-2, lire en ligne).
↑Davis 2011, p. 110 : « Pamela adored having a boy-friend she often described, snootily, as "real French royalty" ».
↑(en) « Ed Sanders of the Fugs on Marianne Faithfull, Jean de Breteuil, and Jim Morrison’s death », sur Dangerous Minds, . : « In the summer of 1970, Pamela was living with de Breteuil, a French count and heroin dealer, in Los Angeles. When Janis Joplin overdosed on de Breteuil’s uncut shit, he freaked out and fled with Courson to Paris; Pam left Jim a note, “which upon reading he burned.” »
↑Sanders 2014 : « “Some time in the several months thereafter / de Breteuil hooked up with / Marianne Faithfull / meeting her in London / while he stayed at Keith Richards’ house.” Around Christmas, while the Doors were finishing L.A. Woman, Pam returned to L.A., telling Jim to quit the band and move to Paris with her. He agreed, and moved into a Right Bank apartment Pam found for him “through connections of de Breteuil.” »
↑(en) George Rush et al., Stones Exile on Main-Line Street, New York Daily News, September 18, 2006 : « Jean de Breteuil, Janis Joplin's drug dealer and lover of Jim Morrison's wife, Pamela. He brought pink Thai heroin in women's powder compacts ».
↑Sanders 2014 : « In June 1971, de Breteuil returned to Paris from London, bringing Faithfull with him and displacing Pam, who had been living in his Paris digs. Pam moved in with Jim. »
↑(en) Jean de Breteuil Snapshot : « Jean was a horrible guy, someone who had crawled out from under a stone. Somehow I ended up with him… it was all about drugs and sex. » (Jean était un type horrible, un cafard sorti de l'ombre. J'ai fini par me mettre avec lui… tout ça c'était uniquement une question de drogue et de sexe).
(it) Ezio Guaitamacchi, Delitti rock : da Robert Johnson a Michael Jackson : 200 indagini sulla scena del crimine, Rome, Arcana, , 460 p. (ISBN978-88-6231-102-1)
Stephen Davis (trad. de l'anglais par Cécile Pournin), Jim Morrison : vie, mort, légende, Paris, Flammarion, , 478 p. (ISBN2-08-068739-5)